Hollande laissera-t-il son ministre de l’Intérieur
s’enfoncer dans l’indignité ?
(Lozère), mercredi 12 mars : la famille tchétchène A.,
dont les quatre enfants sont scolarisés dans les deux écoles publiques de
Fontanilles, se voit très énergiquement sommée par le directeur du centre
d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Yvonne-Malzac, de quitter le
plus vite possible le logement qu’elle y occupe. On leur demande de préparer
leurs affaires, on leur dit que la police va venir les chercher. Et comme les
parents maîtrisent encore difficilement le français, c’est à leur fils aîné d’à
peine 10 ans qu’on enjoint de traduire leur expulsion. Devant le blocage du
gamin, effrayé par le ton employé et bien incapable d’expliquer une telle
chose, c’est à une jeune femme arménienne (dont la famille est également
menacée d’expulsion) qu’on fait transmettre le message !
Industrialisation, ou presque, des expulsions : les
objectifs 2014, en pleine période électorale, sont clairs. Les préfets sont
exhortés à abattre du chiffre et l’OFPRA à renseigner de manière systématique
et hebdomadaire « l’application TélémOfpra », avec les dernières
décisions, de manière à permettre aux préfets de tracer les demandeurs d’asile
et de leur distribuer allègrement des ordres de quitter le territoire dès la
décision de rejet prise. Et, pour faire bonne mesure, l’OFPRA — que Valls
éloigne de plus en plus de sa mission de protection — devient un réel et très
efficace auxiliaire de police au service des préfets : le
(particulièrement) bon élève de Sarkozy exige que soit appliquée une
disposition du CESEDA (Code des étrangers) qui n’avait plus cours depuis 2008,
la transmission des documents d’état civil à ceux-ci, facilitant ainsi la
détermination de la nationalité des malheureux à expulser.
Plus encore, au mépris de tous les droits fondamentaux et de
l’accueil inconditionnel dans les hébergements d’urgence, il leur indique
qu’aucun logement, aucune mise à l’abri ne peut être revendiqué par les
étrangers dont la demande d’asile a été rejetée. Ce texte, qui n’a même pas été
envoyé sous la forme d’une circulaire ou d’instructions réglementaires, et dont
Valls se serait volontiers passé d’en voir la diffusion publique par RESF et
plusieurs autres associations, vient de faire une de ses premières
victimes : la famille A.
Celle-ci est abattue et est terrifiée à l’idée d’être
expulsée en Russie. Comme la plupart des Tchétchènes de France, les A. ont fui
l’une des pires dictatures qui soient. Et affirment préférer « mourir
dans la rue en France, plutôt que d’être massacrés en Russie ». Quatre
petits se demandent tous les soirs où ils dormiront et ce que sera leur
lendemain, pendant que leurs parents ont perdu espoir et que de nombreux
déboutés du droit d’asile s’attendent à devenir les prochaines proies d’une
chasse sordide.
Hollande laissera-t-il son ministre de l’Intérieur
s’enfoncer dans l’indignité ? Jusqu’où les élus et les responsables
socialistes, qui n’avaient pas de mots assez durs pour condamner la politique
suivie par Sarkozy et ses affidés, sont-ils prêts à suivre et à continuer à se
taire ?
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