mercredi 26 mars 2014

Pourquoi les entreprises relocalisent en France



Bercy a tenté de comprendre ce mouvement «prometteur». L'étude de trente cas montre qu'elles veulent surtout améliorer la logistique, la qualité des produits et leur image.

Après la période des délocalisations, voici venir celle des relocalisations! Si l'heure n'est pas au retour massif des entreprises françaises sur le sol national, le phénomène commence à être suffisamment notable pour que Bercy s'y intéresse. La Direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services (DGCIS) a tenté de comprendre les motivations de 30 d'entre elles qui ont récemment rapatrié des activités - les projets varient de 30.000 à 40 millions d'euros, pour une moyenne de 7,5 millions. L'étude publiée montre que «ces entreprises souhaitent surtout améliorer la logistique et la qualité de leur production, et bénéficier d'une meilleure image, notamment du “made in France”».

Constatant que «le fondement de certaines délocalisations - les bas salaires dans les pays émergents - est aujourd'hui remis en cause», les entreprises font désormais évoluer leurs décisions d'investissement. Les salaires réels ont augmenté entre 2000 et 2011 de près de 25% dans le monde, rappelle Bercy, avec un quasi-doublement en Asie, contre une hausse limitée à 5% dans les pays développés. Une «tendance qui devrait se poursuivre», note le rapport.

Déceptions au fil du temps

«Trois logiques économiques différentes» sont à l'origine de ces implantations en France. D'abord, «les relocalisations d'arbitrage», opérées par de grands groupes étrangers, souvent à niveau technologique élevé, visant les marchés mondiaux, « à l'issue d'une réflexion aboutie ». Ceux-ci sont surtout à la recherche d'une main-d'œuvre qualifiée pour réaliser des activités à haute valeur ajoutée ainsi que du rapprochement avec les fournisseurs ou les clients. «Ces relocalisations sont fréquemment réalisées sur des sites existants du groupe», précise Bercy.
Les «relocalisations de retour» procèdent d'un raisonnement inverse: elles résultent «des déceptions, révélées au fil du temps, relatives au transfert à l'étranger de sites de production préalablement implantés en France». Ce que gagnent en coût de production ces entreprises souvent plus petites, elles le perdent en défaut de fabrication et en coût élevé de transport de marchandises. Elles sont également «confrontées à des problèmes de contrefaçon».
Enfin, les « relocalisations de développement » concernent des PME françaises patrimoniales. Celles-ci ont initialement recherché des localisations dans des pays émergents à bas coût de main-d'œuvre. Cela leur a permis de lancer des produits, «avant que la relocalisation puisse être envisagée dans une étape de maturité et d'approfondissement des positions de marché ainsi établies». En revenant en France, ces entreprises veulent notamment «monter en gamme».

Le mouvement de relocalisation reste pour l'instant « trop limité pour avoir des conséquences fortes sur l'emploi » - les trente cas étudiés totalisent 800 nouveaux postes. Mais, « sans être de grande ampleur, il peut être considéré comme prometteur », souligne la DGCIS. D'autant que, depuis juillet 2013, le ministère du Redressement productif a mis en place un outil, Colbert 2.0, qui permet aux entreprises « d'examiner la pertinence de la relocalisation d'une partie de leur activité sur le territoire national ».


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