Par l'UFAL | 25 février 2014
Le journal Les échos du 18 février nous annonce le projet
que prépare le gouvernement Hollande/Ayrault en matière de réduction drastique
des dépenses de santé. Principal poste de dépenses visées par le plan
d’économies gouvernemental de 50 milliards d’euros à l’horizon 2017, les
dépenses de santé – 185 milliards d’euros par an- sont une nouvelle fois dans
le collimateur.
Rappelons que l’augmentation des dépenses de santé ne tient
nullement à l’incurie de l’assurance maladie et encore moins au comportement
irresponsable des assurés sociaux. Les facteurs d’augmentation ds dépenses de
santé sont avant tout socio-démographiques : vieillissement de la population,
techniques : mise sur le marché de nouveaux traitements innovants donc plus
coûteux, économiques : effet prix lié au rattrapage de l’inflation ou à
l’augmentation des honoraires des professionnels de santé… Précisons en outre
que les 2/3 des dépenses de santé concernent une minorité des patients admis en
affection longue durée, autrement dit des malades souffrant d’affections
graves, durables et hautement invalidantes et qui bénéficient (encore) d’une
prise en charge quasi-intégrale de leurs dépenses de soins. Enfin, les plus
pauvres bénéficient de la CMU qui garantit un panier de soins a minima pour
ceux qui n’ont aucune ressource.
Les mesures d’économies annoncées ne seront pas décidées
avant avril et le gouvernement s’est engagé à ne pas diminuer le montant des
remboursements des assurés. Comment le croire ? Certes, le gouvernement va
ressortir la recette déjà usée jusqu’à la corde de restructuration des hôpitaux
ou de déremboursement des médicaments dont le service médical rendu est jugé
insuffisant. Autant de solutions déjà surexploitées et qui ne pourront empêcher
le gouvernement de précipiter le basculement de nouveaux pans entiers de
dépenses de l’assurance maladie vers l’assurance complémentaire privée. Les
Echos relatent pour finir les propos -d’un rare cynisme- d’un conseiller
gouvernemental : « Difficile mais pas impossible. L’avantage de la période
actuelle, c’est qu’on pourra accélérer des chantiers qui n’avancent pas assez
vite ». Façon assez obscène de se féliciter de la crise économique et sociale
actuelle !
Les économies ne pourront être trouvées qu’à travers un
nouveau déremboursement des dépenses de santé pour le plus grand nombre, ce qui
touchera durement les assurés sociaux “trop pauvres pour être riches et trop
riches pour être pauvres”, ne bénéficiant ni d’une complémentaire santé
généreuse ni du bénéfice de la CMU. Voilà qui ne manquera pas de conforter le
sentiment d’exaspération sociale actuel de la part de travailleurs pauvres qui
ont le sentiment d’être les sempiternels laissés pour compte de notre système
social. Déjà lourdement pénalisés par les diverses générations de
déremboursement (participation forfaire, franchises, augmentation du forfait
hospitalier etc…), les assurés sont déjà près de 15 %, selon l’IRDES, à
renoncer aux soins. Cela ne fait que retarder les traitements et … accroît in
fine le montant de la facture de santé car les assurés sociaux sont de plus en
plus nombreux à consulter en dernier recours.
L’UFAL fait de l’accès à la santé pour tous l’un des points
d’ancrage de sa revendication militante. Notre mouvement est bien sûr favorable
à une réforme de notre système de santé. Mais nous estimons qu’elle doit passer
avant tout par le renforcement de l’assurance maladie et la sanctuarisation de
l’hôpital public. De même nous estimons urgent de sortir du carcan de
l’exercice libéral de la médecine et de jeter les bases d’une médecine salariée
de haut niveau alliant prévention et renforcement du rôle social des praticiens
et qui s’exercerait dans un cadre expurgé des réflexes corporatistes et des
ordres professionnels réactionnaires. Autant de réformes qui sont à l’opposé du
renforcement et de l’extension d’un système de santé à plusieurs vitesses que
le gouvernement socialiste prépare.
En réalité, si le gouvernement annonce 50 Milliards
d’économies au détriment des services publics et des dépenses sociales, donc
sur le dos des citoyens et des familles, c’est pour mieux continuer à verser
des centaines de milliards de subventions au patronat (allègement de charges,
crédit impôt compétitivité, pacte de responsabilité -le tout sans aucune
garantie de création d’emploi), et à alimenter la finance internationale via le
remboursement de la dette publique privatisée.
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