Christian Chavagneux |
Lundi 10 mars 2014
Rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques et rédacteur en chef de la revue L’Economie politique. Il débat tous les samedis matins sur France Inter dans l’émission "On n’arrête pas l’éco". Il a obtenu le prix 2012 du meilleur article financier.
Rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques et rédacteur en chef de la revue L’Economie politique. Il débat tous les samedis matins sur France Inter dans l’émission "On n’arrête pas l’éco". Il a obtenu le prix 2012 du meilleur article financier.
Les résultats du CAC 40 pour 2013 soulignent encore une fois
combien le coût du capital pèse sur le tissu productif français : avec des
profits en baisse de 8 %, les grandes entreprises augmentent leur distribution
de dividendes de 6 %, au détriment de l’investissement.
En 2013, les entreprises du CAC 40 ont réalisé 48 milliards
d’euros de profits, en diminution de 8 % par rapport à 2012. La croissance en
panne dans la zone euro, le ralentissement des pays émergents, l’appréciation
de l’euro et des dépréciations d’actifs se combinent pour expliquer ces moins
bonnes performances.
85 % des profits sont partis en dividendes
Est-ce une année exceptionnelle ? Aucunement. Comme le
montre le graphique ci-dessous, à la fin des années 1980, toutes les
entreprises non financières – cela va donc au-delà du CAC 40 - distribuaient 30
% de leurs bénéfices en dividendes. En 2012, c’était 85 % ! Et la tendance est
croissante ces 25 dernières années. Lorsque les entreprises françaises créent
de la richesse, elles ne privilégient ni l’investissement pour préparer
l’avenir et renforcer leur compétitivité, ni l’emploi, mais la rémunération des
actionnaires.
2,6 fois plus de dividendes que d’investissements !
On en est arrivé à une situation où, alors qu’au début des
années 1980 les sommes dépensées pour les dividendes représentaient la moitié
de celles consacrées à l’investissement net (l’investissement brut auquel on
retire la consommation de capital fixe due à l’usure et à l’obsolescence des
machines anciennes), aujourd’hui elles représentent 2,6 fois plus que les
dépenses d’investissement !
Cette situation pénalise déjà le secteur productif français
qui accumule les décennies de sous investissement chronique. Elle risque
également d’entretenir la méfiance des investisseurs internationaux qui, selon
le dernier sondage mensuel de Bank of America Merril Lynch, souhaitent une
augmentation des dépenses d’investissement des grandes entreprises à une
majorité de 58 %.
Un véritable pacte de responsabilité, celui qui « responsabiliserait » les chefs d’entreprise français et leurs actionnaires, devrait mettre sur la table la nécessité de privilégier l’investissement avant les dividendes. Au milieu des années 1970, le chancelier allemand Helmut Schmidt avait énoncé un théorème devenu célèbre : « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Un regard sur le capitalisme français contemporain montre malheureusement que désormais, « les profits d’aujourd’hui font les dividendes d’aujourd’hui, le sous investissement de demain et le chômage d’après demain ».
Un véritable pacte de responsabilité, celui qui « responsabiliserait » les chefs d’entreprise français et leurs actionnaires, devrait mettre sur la table la nécessité de privilégier l’investissement avant les dividendes. Au milieu des années 1970, le chancelier allemand Helmut Schmidt avait énoncé un théorème devenu célèbre : « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Un regard sur le capitalisme français contemporain montre malheureusement que désormais, « les profits d’aujourd’hui font les dividendes d’aujourd’hui, le sous investissement de demain et le chômage d’après demain ».
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