Un très bon texte sur la "politique de l'offre" qui rejoint notre analyse sur la baisse du "coût du travail". La motion 4 s'était déjà exprimée sur les contradictions inhérentes au "Pacte de responsabilité". Les chercheurs des Économistes Atterrés confirment notre diagnostic même si l'on peut regretter que ne soit pas suffisamment prise en compte l'analyse sur les gains de productivité et le partage du travail.
Un pacte irresponsable
Introduction :
En France, où les cotisations sociales
sont la source du financement de la protection sociale, le débat sur la
lourdeur des “charges” sociales pesant sur les entreprises est récurrent. Les
arguments les plus fréquemment avancés sont d'une part que le coût du travail
trop élevé, notamment au voisinage du Smic, dissuaderait les employeurs
d'embaucher une main-d'œuvre non qualifiée devenue trop chère, et d'autre part
que ce coût du travail constituerait un désavantage compétitif qui mettrait les
entreprises françaises en difficulté dans la concurrence mondiale. Dans une
situation où la dévaluation monétaire est devenue impossible dans les pays de
la zone euro, la baisse du coût du travail est ainsi envisagée comme une
modalité de dévaluation interne, à même de stimuler la compétitivité et
l'emploi sans agir directement sur les salaires et même selon certains sans
nuire au pouvoir d’achat des salariés.
Le Pacte de responsabilité annoncé le 14 janvier 2014 par
François Hollande se présente comme le dernier avatar de ces politiques : il
prévoit la suppression totale et sans contrepartie précise des cotisations
familiales employeurs (35 milliards d'euros). Le dispositif ayant vocation à
fusionner avec le CICE, le besoin de financement lié au Pacte de responsabilité
est généralement estimé à environ 10 milliards d'euros. Cela ne suffit pas au
Medef, qui, pour envisager la création d’un million d’emplois, réclame 50
milliards supplémentaires, la remise en cause du droit du travail, une plus
grande facilité pour licencier ou restructurer, la hausse des seuils imposant
des obligations de consultation du personnel, la suppression des normes et
réglementations des marchés, etc.… voire même une sorte de droit de veto sur
les décisions susceptibles de « stresser les entrepreneurs ».
Ces exigences du Medef suivent une intense préparation du
terrain par l’artillerie lourde des idéologues libéraux. Seules les entreprises
créent de la richesse et de l’emploi, le secteur public vit aux dépens du
secteur privé (comme si un pays pouvait fonctionner sans écoles, hôpitaux,
routes et autres crèches), l’État ne doit pas se mêler de production, il faut
laisser libres les chefs d’entreprises, (comme si la crise n’était pas causée
par la liberté excessive laissée au secteur financier), il faut avant tout
réduire les dépenses publiques pour permettre au secteur privé de se développer
(comme si la crise n’était pas prolongée par le manque de consommation et
d’investissement induit par les exigences de rentabilité des capitalistes). Le
gouvernement a choisi de ne pas combattre cette offensive mais d’y céder.
Bien que les effets vertueux attendus de ces politiques de
baisse des « charges », tant en termes de création d'emploi que de
compétitivité, n’apparaissent guère, nombre d'économistes libéraux préconisent
d'aller plus avant dans ces mesures. Celles-ci réconcilient d'ailleurs les
politiques de (presque) tous bords avec les revendications du Medef. Comment
cela a-t-il été possible ? Trois idées reçues nous paraissent centrales dans
cette convergence de vues : (1) Les prestations familiales étant universelles,
elles n'ont pas à être financées par la cotisation sociale (qui finance les
droits sociaux des travailleurs et de leur famille) mais par l'impôt. Cette «
charge » n'a pas à peser sur les entreprises. (2) Le coût du travail est trop
élevé, ce qui limite la compétitivité et/ou les capacités d'embauche des entreprises.
La baisse du coût du travail est donc un instrument pertinent de création
d'emplois. (3) Ce n’est que par la baisse des dépenses publiques et la
recherche de compétitivité que l’Europe peut sortir de la crise. Cette note
s'emploie à les démonter.
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