INTERVIEW - Membre de la commission développement durable,
Philippe Plisson a mis sur pied un groupe d’une trentaine de députés planchant
sur la future loi concernant la transition énergétique. Alors que jeudi, les
membres de la commission spécialisée du CNTE (Conseil national de la transition
écologique) se réunissent enfin, ce socialiste, proche de Philippe Martin, nous
fait part de ses craintes. Peu d’aide de la part du PS, lutte d’influence au
sein du gouvernement et regret qu’Arnaud Montebourg, qu’il a un temps soutenu,
se soit "perdu", ce député tire la sonnette d’alarme.
Mercredi matin plusieurs associations se sont inquiétées à
propos de la future loi sur la transition énergétique. Il était question d’une
"succession de reculs et de flou", de la "crainte qu’on aille
vers un scénario à la Proglio" et d’une absence de trajectoire.
Partagez-vous certaines de ces critiques ?
J’attends de voir le texte qui va nous être proposé. Mais nous partageons ces craintes. Je redoute que nous ayons une loi d’ajustement technique plutôt qu’un projet emblématique. Dans ce cas, le compte n’y sera pas. Le discours du président de la République, très volontariste sur cette question, devrait se retrouver dans cette loi car nous n’aurons pas d’autres occasions dans ce quinquennat. Le compte pourrait ne pas y être mais l’histoire n’est pas encore écrite.
Ce sera une bonne loi si elle amorce une autre vision que celle du modèle productiviste des années 1950. C’est ce changement de cap que le discours du président de la République nous avait laissé espérer et dont nous attendons la concrétisation. Hors nous ne sommes pas sûrs que les différents signaux que l’on nous envoie aillent dans ce sens-là.
Il y a une lutte d’influence au sein du gouvernement ?
Oui, entre Bercy, l’Ecologie et le Redressement productif. Bercy et Montebourg veulent continuer dans un schéma productiviste qui ne prend pas forcément en considération une autre vision du développement. On a d’un côté l’économie circulaire et de l’autre l’ouverture des mines. Philippe Martin est combatif, il me dit que rien n’est joué et qu’il faut attendre la fin de la partie.
« Jean-Marc Ayrault n’a pas la main dans ce dossier »
Sur le nucléaire que faudrait-il pour que l’annonce d’un
passage de 75 à 50% soit crédible ?
Il faut que ces objectifs soient dans la loi et il faut que l’on ait un calendrier précis.
A part le symbole, qu’est-ce que cela change si la loi est
examinée par une commission spéciale plutôt que par la commission des affaires
économiques ?
Le symbole en lui-même est important. Si c’est la commission économique qui s’occupe de cette loi, cela veut dire qu’elle sera vue uniquement par le prisme de l’énergie. Dans ce cas, nous serions les trublions de la classe mais ce n’est pas ce qui nous intéresse.
Avez-vous des nouvelles de Jean-Marc Ayrault à qui vous
aviez demandé cette commission spéciale ?
Le problème, c’est que Jean-Marc Ayrault n’a pas la main dans ce dossier. C’est le président de la République qui décide. Mais nous ne lâcherons pas. Bruno Le Roux, quant à lui, nous a déjà dit qu’il ne demanderait pas la commission spéciale. Notre groupe de travail qui avait le droit de bénéficier des moyens du groupe a été officiellement supprimé. Nous sommes entrés en clandestinité. Cela illustre bien l’état d’esprit.
« Montebourg a fait un demi-tour à 180 degrés »
Vous avez été proche d’Arnaud Montebourg. Comment
comprenez-vous son évolution ?
A une époque, il était plus qu’écolo-compatible. J’ai rêvé, qu’avec son éloquence, il soit le porte-parole d’un nouveau projet de société mais il s’est perdu. Il a fait un demi-tour à 180 degrés, c’est dommage.
Vous trouvez les écologistes solidaires du gouvernement ?
Oui, ils sont solidaires. Nous avons signé un pacte avec eux en sachant qu’ils étaient contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes. Ne faisons pas comme si nous le découvrions. Ils sont de bonne composition car on ne peut pas dire que le gouvernement leur ait envoyé beaucoup de signaux positifs.
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