Qui fait grimper le prix des matières premières, et
notamment des produits agricoles ? Les banques, principaux spéculateurs
sur ces marchés. Une nouvelle étape a été franchie : ces banques sont
devenues propriétaires d’entrepôts de stockage de métaux ou de produits
agricoles, de raffineries de pétrole ou de centrales électriques. Goldman Sachs
ou JP Morgan interviennent sur les marchés financiers, mais peuvent également
agir directement sur les stocks. Les banques françaises ne sont pas en reste,
alors que l’Europe vient pourtant de voter un accord pour tenter de lutter
contre cette hyper-spéculation.
Via leurs activités de trading, les banques sont les
principaux spéculateurs sur les marchés de matières premières et de produits
agricoles, car elles disposent de moyens financiers nettement plus élevés que
les autres protagonistes en jeu. Une petite visite sur le site du Commodity
business awards permet de découvrir une liste de banques et de
courtiers qui jouent un rôle de premier plan sur le marché descommodities (marché
des matières premières) [1],
ou sur celui des produits dérivés basés sur ces commodities. Parmi ces
banques, on retrouve le plus souvent BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit
Suisse, Deutsche Bank et Société Générale.
Quand les banques investissent dans les entrepôts de
stockage
Plusieurs banques des États-Unis sont allées plus loin que
les européennes dans la stratégie de contrôle d’une part du marché des commodities :
JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Par exemple, JP Morgan a importé
aux États-Unis 31 millions de barils de pétrole au cours des quatre premiers
mois de l’année 2013 ! Les banques des États-Unis sont propriétaires de
raffineries de pétrole, de centrales électriques, de réseaux de distribution
d’énergie, d’entreprises de stockage de métaux, de stocks de produits
agricoles, d’entreprises d’exploitation de gaz de schiste…
Comment en est-on arrivé là ? La Fed, banque centrale
des États-Unis, a autorisé en 2003 la banque universelle Citigroup à acheter la
société de courtage Phibro, en expliquant qu’il était normal de compléter
l’activité de la banque sur le marché des dérivés de commodities par
la détention physique de stocks de matières premières (pétrole, grains, gaz,
minerais…). Quant à Morgan Stanley et Goldman Sachs qui jusqu’en 2008 [3] avaient
le statut de banque d’affaires, elles ont pu dès 1999, grâce à la loi de
réforme bancaire qui a complété l’abrogation du Glass Steagall Act (la loi
d’encadrement des banques, adoptée après la crise de 1929, pour séparer banques
d’affaires et banques de dépôts), faire l’acquisition de centrales électriques,
de tankers pétroliers et d’autres infrastructures.
Goldman Sachs fait grimper le prix de l’aluminium
C’est ainsi que Morgan Stanley possède des barges, des
tankers, des pipelines, des terminaux pétroliers et gaziers ! De son côté,
JP Morgan a acheté la divisioncommodities de la Royal Bank of
Scotland (RBS) en 2010 pour 1,7 milliard de dollars. Ce qui lui a permis
d’acquérir 74 entrepôts de stockage de métaux au Royaume-uni comme aux
États-Unis, tandis que la banque Goldman Sachs en détient 112. Ces deux banques
détiennent donc ensemble plus d’entrepôts de stockage de métaux que Glencore
(qui en possède 179) ! Détenir des entrepôts de stockage est fondamental
notamment si une société ou un cartel de plusieurs sociétés (par exemple des
banques) veut spéculer sur les prix en stockant au maximum pour faire monter
les prix ou en déstockant pour les faire baisser.
C’est ce qui s’est passé concrètement sur le marché de
l’aluminium depuis 2008. Selon une enquête menée par le New York Times,
depuis que Goldman Sachs a racheté en 2010 les entrepôts d’aluminium à Detroit,
le temps d’attente pour être livré en barres d’aluminium est passé de 6
semaines à 16 mois. Les prix ont nettement augmenté (alors que l’offre et les
stocks d’aluminium sur le marché mondial se sont accrus), ce qui a provoqué de
fortes réactions d’entreprises comme Coca-Cola et le brasseur Miller, gros
consommateurs d’aluminium pour la fabrication des canettes… Rien qu’en revenus
de stockage d’aluminium à Detroit, Goldman Sachs a engrangé 220
millions de dollars.
Un secteur de moins en moins rentable ?
Après avoir fait de plantureux bénéfices en manipulant les
cours, les banques les plus présentes sur le marché physique des commodities ont
adopté une stratégie de sortie. Trois raisons principales les ont poussées dans
cette direction. Premièrement, les autorités de contrôle se sont rendu compte
des manipulations auxquelles se sont livrées plusieurs banques. JP Morgan,
Barclays, Deutsche Bank ont dû payer des amendes dans plusieurs affaires
concernant notamment la manipulation du marché de l’électricité de Californie.
JP Morgan a ainsi accepté de payer une amende de 410 millions de dollars dans
cette affaire qui n’est pas terminée [4].
Les autorités américaines, sous la pression de sociétés concurrentes des
banques et face à l’impopularité des banquiers en général auprès du grand
public, envisagent sérieusement de limiter les activités des banques sur le
marché physique descommodities.
Deuxièmement, les bénéfices que tirent les banques de leurs
activités sur ce marché ont commencé à baisser depuis 2011-2012. Les prix des
matières premières ont d’ailleurs tendance à se contracter. Et troisièmement,
le capital dur (Core Tier 1) requis pour les investissements dans les
entreprises de courtage pèse plus lourd que d’autres investissements (dettes
souveraines par exemple). Du coup, comme les banques doivent augmenter leur
ratio fonds propres/actifs pondérés, elles font le calcul qu’il vaut mieux se
délester en tout ou en partie des investissements dans le marché physique des commodities [5].
Affaire à suivre.
Une dangereuse bulle spéculative
Il n’en demeure pas moins que les banques resteront très
actives sur les marchés des dérivés de commodities et sur tous les
segments des marchés financiers qui sont concernés par les matières premières.
Leur capacité de nuisance est et restera tout à fait considérable si des
mesures radicales ne sont pas prises.
Ces banques sont des acteurs de tout premier ordre dans le
développement de la bulle spéculative qui s’est formée sur le marché des commodities [6].
Quand elle éclatera, l’effet boomerang sur la santé des banques provoquera de
nouveaux dégâts. Il faut également prendre en compte le réel désastre, bien
plus grave, pour les populations des pays du Sud exportateurs de matières
premières. L’ensemble des peuples de la planète seront affectés d’une manière
ou d’une autre.
Les affameurs sont les « investisseurs
institutionnels »
La spéculation sur les principaux marchés des États-Unis où
se négocient les prix mondiaux des biens primaires (produits agricoles et
matières premières) a joué un rôle décisif dans l’accroissement brutal des prix
des aliments en 2007-2008 [7].
Cette hausse des prix a entraîné une augmentation dramatique, de plus de 140
millions en un an, du nombre de personnes souffrant de malnutrition. Plus d’un
milliard d’êtres humains (une personne sur sept !) ont faim.
Les affameurs ne sont pas des francs-tireurs. Ce sont les
investisseurs institutionnels (les « zinzins ») : les banques –
BNP Paribas, JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley et, jusqu’à leur
disparition ou leur rachat, Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch –, les
fonds de pension, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurances. Ou les
grandes sociétés de trading comme Cargill. Les hedge fundsont aussi joué
un rôle, même si leur poids est bien inférieur à celui des investisseurs
institutionnels. Au niveau mondial, au début de l’année 2008, les investisseurs
institutionnels disposaient de 130 000 milliards de dollars, les fonds
souverains de 3000 milliards de dollars et les hedge funds de 1000
milliards de dollars.
Augmentation des prix de 183 %
Michael W. Masters, qui dirigeait depuis douze ans un hedge
fund à Wall Street, a explicité le rôle néfaste de ces institutionnels
dans un témoignage qu’il
a présenté devant une commission du Congrès à Washington le 20 mai 2008. À
l’occasion de cette commission chargée d’enquêter sur le rôle possible de la
spéculation dans la hausse des prix des produits de base, il a déclaré : « Vous
avez posé la question : est-ce que les investisseurs institutionnels
contribuent à l’inflation des prix des aliments et de l’énergie ? Ma
réponse sans équivoque est : oui. » Dans ce témoignage, qui fait
autorité, il explique que l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie
n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à une augmentation brutale de
la demande venant de nouveaux acteurs sur les marchés à terme des biens
primaires (« commodities ») où l’on achète les « futures ».
Sur ce marché (également appelé « contrat à
terme »), les intervenants achètent la production à venir : la
prochaine récolte de blé, le pétrole qui sera produit dans 6 mois ou dans 5
ans. Dans le passé, les principaux intervenants sur ces marchés étaient des
entreprises qui avaient un intérêt spécifique – lié à leur activité – pour un
de ces biens primaires. Par exemple une compagnie aérienne qui achète le
pétrole dont elle a besoin ou une firme alimentaire qui se procure des
céréales. Michael W. Masters montre qu’aux États-Unis, les capitaux alloués par
les investisseurs institutionnels au segment « index trading » des
biens primaires des marchés à terme sont passés de 13 milliards de dollars fin
2003 à 260 milliards en mars 2008 [8] !
Les prix des 25 biens primaires cotés sur ces marchés ont grimpé de 183 %
pendant la même période !
Il explique qu’il s’agit d’un marché étroit et qu’il suffit
que des investisseurs institutionnels comme des fonds de pension ou des banques
y allouent 2 % de leurs actifs pour en bouleverser le fonctionnement. En
2004, la valeur totale des « contrats futurs » concernant 25 biens
primaires s’élevait seulement à 180 milliards de dollars. A comparer avec le
marché mondial des actions qui représentait 44 000 milliards, environ 240 fois
plus. Michael W. Masters indique que cette année-là, les investisseurs
institutionnels ont investi 25 milliards de dollars dans le marché des futurs,
ce qui représentait 14 % du marché. Au cours du premier trimestre 2008,
les investisseurs institutionnels ont augmenté de manière très importante leur
investissement dans ce marché : 55 milliards en 52 jours ouvrables. De
quoi faire exploser les prix !
Le laxisme des autorités de contrôle
Le prix des biens primaires sur le marché à terme se
répercute immédiatement sur les prix courants de ces biens. Ainsi, quand les
investisseurs institutionnels ont acheté des quantités énormes de maïs et de
blé en 2007-2008, la flambée des prix de ces produits a été immédiate.
A noter qu’en 2008 l’organe de contrôle des marchés à terme,
la Commodity Futures trading Commission (CFTC), a estimé que les
investisseurs institutionnels ne pouvaient pas être considérés comme des
spéculateurs. La CFTC définit les « zinzins » comme des participants
commerciaux sur les marchés (« commercial market participants »).
Cela lui permet d’affirmer que la spéculation ne joue pas un rôle significatif
dans l’envolée des prix. Une sévère critique de la CFTC est faite par Michael
W. Masters, mais surtout par Michael Greenberger, professeur de droit à
l’université de Maryland, qui a témoigné devant la commission du Sénat le 3
juin 2008. Michael Greenberger, qui a été directeur d’un département de la CFTC
de 1997 à 1999, critique le laxisme de ses dirigeants qui font l’autruche face
à la manipulation des prix de l’énergie par les investisseurs institutionnels.
Il cite une série de déclarations de ces dirigeants dignes
de figurer dans une anthologie de l’hypocrisie et de la bêtise humaine. Selon
Michael Greenberger, 80 à 90 % des transactions sur les Bourses des
États-Unis dans le secteur de l’énergie sont spéculatives [9].
Son expertise est donc sans appel.
« Tirez avantage de la hausse du prix des denrées
alimentaires ! »
Le 22 septembre 2008, en pleine tourmente financière aux
États-Unis, alors que le président Bush annonçait un plan de sauvetage des
banques qui consistait à leur remettre 700 milliards de dollars (sans compter
les liquidités qui ont été mises à leur disposition massivement), le prix du
soja faisait un bond spéculatif de 61,5 % !
L’économiste français Jacques Berthelot montre lui aussi le rôle crucial joué par
la spéculation des banques dans la montée des prix agricoles mondiaux. Il donne
l’exemple de la banque belge KBC, qui a mené une campagne publicitaire pour
vendre un nouveau produit commercial : un investissement des épargnants
dans six matières premières agricoles. Le fonds de placement « KBC-Life MI
Security Food Prices 3 » racole des clients avec un slogan cynique : « Tirez
avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! ». Cette
publicité présente comme
une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles
exploitables », ayant pour conséquence « une pénurie de produits
alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires ».
Du côté de la justice américaine, les spéculateurs sont dans
leur bon droit. Paul Jorion, dans une tribune
publiée par Le Monde, met en cause la décision d’un
tribunal de Washington qui a invalidé le 29 septembre 2012 des mesures prises
par la CFTC « qui visaient à plafonner le volume des positions qu’un
intervenant peut prendre sur le marché à terme des matières premières, afin
qu’il ne puisse pas, à lui seul, le déséquilibrer ».
Le « banditisme bancaire » à l’assaut des matières
premières agricoles
Jean Ziegler, ex-rapporteur des Nations Unies sur le droit à
l’alimentation, exprime les choses sans détour : « La crise
financière de 2007-2008 provoquée par le banditisme bancaire a eu notamment
deux conséquences. La première : les fonds spéculatifs (hedge funds) et
les grandes banques ont migré après 2008, délaissant certains segments des
marchés financiers pour s’orienter vers les marchés des matières premières,
notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois
aliments de base (le maïs, le riz et le blé), qui couvrent 75 % de la
consommation mondiale, leurs prix ont explosé. En 18 mois, le prix du maïs a
augmenté de 93 %, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars et la
tonne de blé meunier a doublé depuis septembre 2010, passant à 271 euros. Cette
explosion des prix dégage des profits astronomiques pour les spéculateurs, mais
tue dans les bidonvilles des centaines de milliers de femmes, d’hommes et
d’enfants. Une deuxième conséquence est la ruée des hedge funds et autres
spéculateurs sur les terres arables de l’hémisphère sud. Selon la Banque
mondiale, en 2011, 41 millions d’hectares de terres arables ont été accaparés
par des fonds d’investissements et des multinationales uniquement en Afrique.
Avec pour résultat, l’expulsion des petits paysans. » [10]
En février 2013, dans un rapport intitulé « Ces banques
françaises qui spéculent sur la faim », l’ONG Oxfam France indique que les
quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Société générale, Crédit
agricole et Natixis (BPCE) – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, au
moins 18 fonds qui spéculent sur les matières premières. « Il y a
deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité
alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de
produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent
les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. » [11] La
majorité de ces fonds ont été créés une fois qu’avait commencé en 2008 la crise
alimentaire, dans le but manifeste de faire des profits en spéculant sur les
aliments et d’autrescommodities.
Spéculer sur la vie des gens est un crime
À Bruxelles, le Réseau financement alternatif a également
dénoncé en 2013 l’implication de six banques actives en Belgique dans la
spéculation sur la faim dans le monde. Environ 950 millions d’euros provenant
de clients de banques belgesservent à
spéculer sur les matières premières alimentaires. Pour mettre
fin à cet ordre des choses et mettre en place une alternative à la crise
alimentaire, il est nécessaire d’interdire la spéculation sur l’alimentation –
spéculer sur la vie des gens est un crime ! – et interdire aux banques et
autres sociétés financières privées d’intervenir sur le marché des commodities (voir
l’ensemble des propositions développées sur le site du CADTM).
Face aux crises alimentaires et environnementales actuelles,
des changements radicaux sont indispensables et urgents. La sécurité
alimentaire de tous passe par des prix agricoles stables qui couvrent les coûts
de production et assurent une rémunération décente pour les producteurs. Le
modèle des prix agricoles bas, promus par les gouvernements pour augmenter la
consommation de masse de produits manufacturés et des services (tourisme,
divertissement, télécommunications, etc.), n’est pas durable, ni sur le plan
social ni sur le plan environnemental. Ce modèle bénéficie essentiellement aux
grandes entreprises de l’agro-business, aux banques privées et, en détournant
les attentes démocratiques des populations vers la consommation de masse, aux
élites politiques et économiques des pays qui confisquent ainsi le pouvoir.
Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de
Liège, président du CADTM Belgique [12]
Cet article prolonge la série « Banques contre
Peuples : les dessous d’un match truqué ! » parue en 2012-2013
sur le site du CADTM, ainsi que sous une
autre version, la série Et si on arrêtait de banquer ?
Notes
[1] Les commodities regroupent le marché des
matières premières (produits agricoles, minerais, métaux et métaux précieux,
pétrole, gaz…). Les commodities, comme les autres actifs, font l’objet de
négociations permettant la détermination de leurs prix ainsi que leurs échanges
sur des marchés au comptant, mais aussi sur des marchés dérivés.
[2] Glencore-Xsrata est une compagnie de négoce et
courtage de matières premières fondée par le trader Marc Rich. Elle est basée
en Suisse, à Baar, dans le canton de Zoug, paradis fiscal bien connu par les
fraudeurs de haut vol. Marc Rich (décédé en 2013) a été poursuivi à plusieurs
reprises pour corruption et évasion fiscale. Il a été amnistié par le président
Bill Clinton le dernier jour de son mandat présidentiel, ce qui a provoqué un
scandale considérable. Glencore-Xsrata possède en tout ou en partie 150 mines
et sites métallurgiques. Selon les données disponibles, avant la fusion avec
Xsrata qui a eu lieu en 2013, Glencore contrôlait environ 60 % du zinc
mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon,
10 % des céréales et 3 % du pétrole. Cette société très controversée
a reçu en 2008 le prix du Public Eye Awards de la multinationale la plus
irresponsable. Glencore-Xsrata est présente dans
50 pays et emploie 190 000 personnes. Le patron et principal propriétaire de
Glencore-Xsrata (il détient 16 % des actions), Ivan Galsenberg, aurait
perçu une rémunération d’environ
60 millions de dollars en 2013. Crédit Suisse et Glencore-Xsrata collaborent
étroitement sur le marché chinois. Les autres grandes sociétés spécialisées
dans le courtage (trading) de commodities (en dehors des banques qui y sont
très actives) sont Vitol (Pays-Bas), Cargill (Etats-Unis), Trafigura
(Pays-Bas), Noble Group (Hong-Kong/Singapour), Wilmar (Singapour), Louis
Dreyfus commodities (France), Mitsui (Japon), Mitsubishi (Japon), ADM
(États-Unis). Le revenu cumulé de Glencore et de ces 9 sociétés s’est élevé à
la somme colossale de 1200 milliards de dollars en 2012. Voir Financial Times,
« Tougher times for the trading titans », 15 avril 2013.
[3] Morgan Stanley et Goldman Sachs ont obtenu leur
licence de banque universelle en pleine crise afin de bénéficier d’un plus fort
soutien de l’État et éviter le sort de la banque d’affaire Lehman Brothers.
[4] Financial Times, « JPMorgan nears commodities
sale », 6 février 2014. Barclays de son côté a payé une amende de 470
millions de dollars dans la même affaire.
[5] JP Morgan a annoncé début 2014 son intention de vendre
ses activités physiques decommodities, Deutsche Bank a fait de même. Morgan
Stanley a passé un accord avec le pétrolier russe Rosneft pour lui céder une
partie de son business.
[6] Bien sûr, parmi les puissants protagonistes du marché
des matières premières et des produits alimentaires, il faut ajouter les
grandes entreprises spécialisées dans l’extraction, la production et la
commercialisation des commodities : dans les minerais, Rio Tinto, BHP
Billiton, Companhia Vale do Rio Doce ; dans le pétrole, ExxonMobil, BP,
Shell, Chevron, Total ; dans les aliments, en plus de Cargill déjà
mentionné au niveau de courtage, Nestlé, Monsanto et bien d’autres, dont
plusieurs sociétés chinoises.
[7] Sur les causes de la crise alimentaires de 2007-2008,
lire Éric Toussaint, « Une fois encore sur les causes de la crise
alimentaire », publié le 9 octobre 2008, sur le site du CADTM.
Voir également : Damien Millet et Éric Toussaint, « Pourquoi une faim
galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ? », publié le 24
avril 2009, ici.
[8] « Assets allocated to Commodity index trading
strategies have risen from $13 billion at the end of 2003 to $260 billion as of
March 2008 »
[9] Voir Testimony of Michael Greenberger, Law School
Professor, University of Maryland, before the US Senate Committee regarding
« Energy Market Manipulation and Federal Enforcement Regimes », 3
juin 2008, p. 22.
[10] Jean Ziegler, « La faim est faite de main
d’homme et peut être éliminée par les hommes », interview donnée à Éric
Toussaint, publiée le 11 février 2012 sur le site du CADTM.
Jean Ziegler est l’auteur de Destruction massive, géopolitique de la faim,
Éditions du Seuil, Paris, 2012.
[11] Voir Le Monde, « Quatre
banques françaises accusées de "spéculer sur la faim" »,
11 février 2013. Sur la campagne internationale d’Oxfam, voir Financial
Times, « Food price peculation taken off the menu », 4 mars 2013.
Voir également sur le site d’Oxfam : EU deal on
curbing food speculation comes none too soon, 15 janvier 2014.
[12] Il est auteur du livre Procès d’un homme
exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans
le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le
Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA,
Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette
ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du
livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège. Prochain
livre à paraître en avril 2014 : Bancocratie chez
ADEN, Bruxelles.
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