« Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée
cette nuit à 3 heures sur le trottoir du boulevard Sébastopol » : le
1er février 1954, l’abbé Pierre lance sur Radio Luxembourg un appel à venir en aide aux sans-abri.
Son interpellation suscite un élan de générosité sans précédent. En quelques
semaines, 400 millions de francs sont récoltés, des crédits budgétaires sont débloqués
pourconstruire immédiatement
12 000 logements. Le gouvernement d’alors promet deconstruire 240
000 logements chaque année.
+ 50 % EN 3 ANS
En France, 3,6 millions de personnes sont soit privées de
domicile personnel, soit vivent dans des conditions très difficiles (privation
de confort ou surpeuplement), soit sont en situation d’occupation précaire (hôtel,
caravanes…). Le nombre de sans-abri a ainsi augmenté de 50 % depuis 2011 pour atteindre le
chiffre de 141 500 personnes, dont 30 000 enfants début 2012. Le numéro
d’urgence, le 115, qui gère les places d’hébergement d’urgence, est saturé.
En décembre 2013, 43 % des sans-domicile-fixe qui ont
composé ce numéro n’ont pas obtenu de place à Paris, 61 % en province. A ce noyau dur du
mal-logement s’ajoute un halo de plus de 5 millions de personnes fragilisées
par la crise du logement. Rentrent dans cette catégorie, par exemple, les
propriétaires qui occupent un logement dans
une copropriété en difficulté ou encore des locataires en impayés de loyer.
Pour la Fondation Abbé-Pierre, dont la vocation est de continuer le
combat de son fondateur, et d’apporter une aide concrète aux personnes sans
domicile ou mal logées, l’interpellation des pouvoirs publics et des décideurs
est donc toujours d’actualité.
Créée en 1990, et reconnue d’utilité publique en 1992, la
Fondation s’y attelle d’autant plus facilement qu’elle a assuré son
indépendance par son modèle économique. Plus de 90 % de ses ressources
proviennent de la générosité du public (dons et legs).
GÉNÉROSITÉ DU PUBLIC ET SUBVENTIONS
Quelques partenariats avec des entreprises et une
poignée de subventions publiques viennent compléter son
budget, qui est d’environ 42 millions d’euros. Chaque année, le 1er février,
la Fondation publie un rapport sur le mal-logement – l’édition de 2014 sera la
19e –, qui est devenu un document de référence pour tous ceux qui
s’intéressent à ce sujet. Sa présentation officielle est l’occasion de rassembler des
politiques et des spécialistes du logement.
Cette année, à la veille des élections municipales de mars,
les principaux candidats à la mairie de Paris se succéderont à la porte de
Versailles pour défendre le
volet logement de leur programme. La ministre du logement, Cécile Duflot, y est
aussi attendue. Lors de ses vœux à la presse, Mme Duflot a estimé que «
l’anniversaire de l’appel ne doit pas être l’occasion
d’une célébration purement iconique, mais bel et bien d’un second
souffle ».
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