Rencontre avec Jean-Louis Deroussen, président de la Caisse
nationale des allocations familiales...
Publié le 20 janvier 2014
« La suppression des cotisations familiales sur les
petits salaires n’a pas entraîné la création de milliers d’emplois. »
François Hollande l’a annoncé la semaine
dernière : à partir de 2017, les entreprises ne payeront plus de
cotisations familiales. Ce qui représente pour elles, affirmait le
président lors de sa conférence de presse, 30 milliards de
charges. Faux, rétorque Jean-Louis Deroussen, président de la Caisse nationale
des allocations familiales (Cnaf).
Vous remettez en question le chiffre de 30 milliards annoncé
par François Hollande. Pourquoi ?
Les cotisations
familiales représentent 35 milliards d’euros, dont 5 milliards
proviennent de l’Etat en tant qu’employeur et des entreprises publiques (SNCF,
EDF…). Le reste est donc censé être financé par les entreprises privées,
mais c’est faux : elles ne paient pas 30 milliards de cotisations
familiales, seulement 10 milliards.
Evidemment, les entreprises et le Medef se sont bien gardés
de communiquer clairement sur ce point.
Mais la « bonne » nouvelle, c’est que l’Etat n’a donc « que » 10
milliards à trouver ?
Effectivement. Mais nous nous interrogeons tout de même sur
la pertinence de cette décision. La suppression des cotisations familiales sur
les petits salaires n’a pas entraîné la création de milliers d’emplois. De
même, la baisse de TVA dans la restauration ne s’est pas accompagnée de massifs
recrutements…
La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine assure
que les allocations familiales ne pâtiront pas de cette décision. Mais elle
n’évoque pas les crèches ou encore l’allocation de logement (ALF ou ALS),
également financées grâce aux cotisations des entreprises. Doit-on s’en
inquiéter ?
J’ose espérer que la ministre a évoqué les seules
allocations familiales pour
simplifier son propos, et non pas parce que le gouvernement envisage
des coupes dans nos autres missions.
Ce serait d’autant plus dommage que nous venons de signer
une convention d’objectif avec l’Etat pour la période 2013-2017 dans laquelle
la création de 200.000 nouvelles places en crèche est contractualisée. Mais
nous devons bien sûr rester très vigilants.
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