Agrégé d’économie, il a enseigné l’économie au cours d’une
longue carrière à l’Université (Rabat, Bordeaux, puis Paris) et il est
aujourd’hui, professeur émérite d’économie à l’Université de Paris 1 –
Sorbonne. Sa réflexion sur l’économie dépasse largement cette discipline. En la
resituant dans l’histoire de l’humanité et l’évolution de la connaissance, en
l’inscrivant dans la nécessité d’un humanisme tissé de valeurs morales, René
Passet met constamment en question l’économie.
En 2050, le monde comptera environ 9 milliards
d’habitants, aspirant tous, légitimement, aux niveaux de vie des peuples des
pays industrialisés. La généralisation des standards de vie européens ou
états-uniens actuels exigerait une quantité de ressources représentant 4
à 7 fois celles de notre planète.
Alors que toute la rationalité économique reposait sur la
convention d’une nature avare de ses fruits mais elle-même inépuisable,
l’humanité se trouve confrontée aux conditions strictement inverses de la
destruction de ses ressources naturelles par des productions excessives.
En conséquence, d’un point de vue global, le «plus» de
productions finales cesse d’être nécessairement le «mieux» et la question du
«pourquoi ?» - c’est-à-dire des finalités, des valeurs et de l’éthique -
devient incontournable pour l’économie ; celle-ci se heurte à sa vraie nature
d’activité transformatrice de ressources et d’énergies « réelles » dont elle
doit respecter les mécanismes de reproduction à très long terme ; le paradigme
qui s’impose n’est plus celui de la mécanique, mais celui de la biologie et des
systèmes complexes assurant la survie évolutive de l’humanité à travers celle
de la biosphère à laquelle elle appartient. « Il n’est désormais d’économie
viable qu’une bioéconomie ouverte aux lois de la nature ». Beaucoup de temps a
été perdu.
Ni les politiques simplement défensives et restrictives
ni des calculs d’apothicaire, ajustant à la marge les coûts et avantages des
politiques environnementales, ne suffiront à régler le problème.
Dans un monde évolutif, on ne surmonte les difficultés que
par dépassement. C’est à un effort considérable de recherche, d’investissement
et d’innovation - à la fois technologique, économique et sociale - que doit
être donnée la priorité : « La clé, a déclaré l’un des auteurs du
rapport du Pnud, c’est l’innovation. » Il nous faut inventer un autre
monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos réactions nous intéressent…