C’est ce que rappelle un texte signé
par plusieurs associations de science sociale, qui écrivent notamment ceci :
La question n’est pas de faire comme s’il n’y avait pas de
différence physique entre un garçon et une fille (sexe biologique) ; la
question est de savoir en revanche comment cette différence biologique sert
d’argument pour légitimer des inégalités de tous ordres au détriment
essentiellement des femmes.
Afficher fièrement comme certains : « Touche pas à mon
stéréotype ! » c’est revendiquer un droit à la bêtise, à la paresse
intellectuelle et aux conceptions les plus rétrogrades et conservatrices
qu’elles autorisent ! Dans la tradition intellectuelle des Lumières, les
sciences humaines et sociales – et parmi elles les études sur le genre qui
associent des sociologues, des politistes, des historiens, des juristes, des
ethnologues… – contribuent par leurs analyses et leurs travaux à démonter les
mécanismes des inégalités sociales et contribuent ainsi au progrès social.
« Vati liest die Zeitung im Wohnzimmer. Mutti ist in der
Küche. » (Papa lit le journal au salon. Maman est à la cuisine). Voilà comment
des élèves de collège apprenaient l’allemand, à travers les aventures de Rolf
et Gisela, dans les années 1980. Réfléchir sur le genre, c’est réfléchir sur
les effets de ce type de messages.
On peut lire et signer le texte ici.
On lira également sur le même sujet ce billet de
Marie Duru-Bellat, qui écrit notamment ceci :
Ce qu’il faut souligner, c’est que ces stéréotypes
constituent de fait un tel corset que, comme l’ont montré des travaux
canadiens, l’affranchissement des stéréotypes de sexe s’accompagne d’une
meilleure réussite scolaire : les élèves les plus brillants sont les filles un
peu « masculines » et les garçons un peu « féminins ».
Ce résultat donne à réfléchir sur le caractère délétère
d’une forte différenciation des rôles de sexe (ce qui est d’ailleurs vrai aussi
pour les adultes, avec des hommes qui se sentent obligés d’être forts et des
femmes d’être séduisantes, quelles que soient les circonstances).
Que l’école aide les élèves à comprendre que leurs réussites
et leurs projets n’ont pas à se couler dans des moules masculins et féminins
devrait donc a priori séduire les parents, qui visent tous à ce que leur
enfant, fille ou garçons, s’épanouisse sans entraves et aille le plus loin
possible dans ses études et ses projets.
Et aussi :
Sans s’engager sur des débats sans fin sur la notion de
genre, il faut défendre avant tout que l’égalité hommes/femmes est une valeur,
une valeur aussi centrale que l’égalité entre les « races » et que le rôle de
l’école en tant qu’institution est légitimement de transmettre les valeurs qui
fondent la Nation ; si l’école est gratuite et obligatoire, c’est bien parce
que la Nation lui délègue ce rôle capital pour sa propre cohésion.
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