Creusement des inégalités, crise des dettes publiques
Par Christophe D. membre du Bureau fédéral de la Seine St Denis pour la motion 4
Au cœur de ce système en crise dans lequel est plongé notre
société se trouve la monnaie. Cette note entend montrer qu’une nouvelle
politique monétaire proche de celle des Trente Glorieuses sous certains aspects
(mais sensiblement différente par ailleurs) pourrait apporter une solution à la
dite crise : il s’agit de piloter réellement et directement la masse
monétaire en recourant à de la monnaie « permanente » en lieu et
place de la monnaie « d’endettement ».
Une répartition
inégale
A la création de l’euro, la BCE se donne un objectif d’augmentation
de la masse monétaire de 4,5% par an, 2% pour accompagner l’inflation tolérée
et 2,5% pour la croissance en volume. Résultat : la masse monétaire est passée
de 4 000 milliards d’euros en 1998 à environ 10 000 milliards € en 2013, soit
10% d’augmentation par an. 6 000 milliards € ont été créés qui, loin de se
déverser dans l’économie comme par enchantement, sont venus gonfler les bulles
immobilières et financières qui ont fini par exploser.
La création
monétaire rapporte des intérêts… aux banques
Les banques privées ne font pas que créer de la monnaie,
elles font aussi payer des intérêts sur la création monétaire. Autrement dit
les banques gagnent de l’argent sur des sommes allouées qui ne leur coûte rien
ou si peu (frais de gestion et « prime de risque », correspondant à la prise en
charge de la perte si le crédit n’est pas remboursé) par l’utilisation du bien
commun de la création monétaire théoriquement aux mains de l’État. Les banques
s’enrichissent donc sur l’appropriation (pour ne pas dire la spoliation) d’un
droit régalien c’est-à-dire d’une propriété des peuples. Il s’agit d’une
véritable entorse au droit de propriété.
La monnaie-dette
suppose un endettement… sans fin
Le système de création monétaire actuel, que nous qualifions
de « monnaie-dette », a trois inconvénients majeurs :
Comme lors du remboursement d’un crédit, de la monnaie est
détruite, la totalité de l’augmentation de la masse monétaire repose sur
l’encours de crédit. La croissance pérenne de la masse monétaire repose donc
sur de la monnaie qui ne peut être créée qu’en contrepartie d’un endettement supplémentaire
d’au moins un agent économique public ou privé. La dette publique et privée est
donc la contrepartie de la plus grande partie de la monnaie disponible dans
l’économie. On ne peut donc pas rembourser la dette sauf à rembourser les
encours de crédits par émission directe de monnaie sinon ce remboursement
provoquerait une contraction de la masse monétaire et un gel de l’économie.
Sa création coûte des intérêts, qui correspondent in fine au
déplacement d’une partie de la masse monétaire vers les comptes des banques.
Son émission est fonction de la conjoncture économique et a
un effet amplificateur et non régulateur des cycles : quand l’économie est
déprimée les agents économiques ne veulent ou ne peuvent pas s’endetter ; les
banquiers prêtent difficilement ; la monnaie n’est pas créée et peut venir à
manquer. A l’inverse quand l’économie est en surchauffe la monnaie peut être
émise en excès sauf à recourir à des actions sur les taux d’intérêt qui, elles,
peuvent à terme se révéler dépressives.
2) Quelle monnaie
pour le XXIème siècle ?
Une monnaie
permanente… libre de dette
A contrario de la monnaie-dette, nous proposons la
généralisation des mesures non conventionnelles de création monétaire par les
banques centrales qui deviendraient donc « conventionnelles ». Serait
donc de nouveau autorisée la création de monnaie libre de dette, ce que nous
appellerons la monnaie « permanente », puisqu’elle n’est pas détruite
au moment du remboursement des emprunts.
Libre de dette, sa création n’est donc pas soumise à
intérêt : la monnaie permanente est par voie de conséquence gratuite.
Par ailleurs, elle peut être émise pour
relancer l’activité, si nécessaire, lorsque l’économie est en récession. Le
risque d’inflation n’existe que si le volume de monnaie émise dépasse les
besoins nouveaux générés par la croissance des échanges : plus de produits
à échanger, plus d’acteurs économiques.
Vers un réel pilotage économique et
monétaire
Comme l’indique parfaitement Jean Bayard : « La
gouvernance d'un pays ne doit plus être affaire [seulement, ndlr] de fiscalité,
mais d'abord de monnaie et de financement public adapté aux besoins ». Ainsi
un organisme, banque centrale vraisemblablement, doit-il être investi d’une
mission de service public de pilotage économique et monétaire.
La mission de cette nouvelle BCE comprendrait notamment des
contributions directes au budget de l’Union Européenne et des États.
3) Mesures de
sortie de crise
Monétiser la
dette : pour ne plus payer d’intérêts
Il existe un moyen simple face à la dette publique
faramineuse, à condition que le pouvoir politique en donne l’ordre à la
BCE : il s’agit du rachat des dettes publiques par émission monétaire de
la banque centrale. Cette mesure est défendue par plusieurs économistes : Gaël
Giraud, Patrick Artus etc.
Financer les
investissements d’avenirs par création monétaire
Nous préconisons de financer par la monnaie permanente à
grande échelle :
la transition énergétique,
le logement,
le numérique 3.0 (internet des objets par exemple),
les nanotechnologies,
l’agroécologie,
les services à la personne,
la justice, la éducation et de façon plus générale les
services publics à hauteur de ce qu’en attendent les citoyens,
etc.
dans le respect d’un contrôle de l’inflation objectivé à
quelques pourcents.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos réactions nous intéressent…