« Etat d’urgence » du Portugal à l’Europe, de
Mario Soares
Mario Soares, 88 ans, ex- premier ministre, (1976-78 et
1983-1985) et ancien président socialiste de la République portugaise (1986 à
1996) , vient de publier aux « Editions de la différence » un petit
livre de 140 pages qui devrait faire événement par la vigueur de sa
dénonciation de « l’austérité libérale qui conduit l’Europe à la
dictature ».
Politique d’austérité criminelle
« La crise de la zone euro – provoquées par l’idéologie
néolibérale et par la politique d’austérité imposée principalement par
l’Allemagne de la chancelière Merkel – a mené le Portugal et presque tous les
autres pays de la monnaie unique à la ruine ».
« Il faut en finir avec cette crise maintenant »
reprend Mario Soares le prix Nobel avec Paul Krugman. Il faut réduire
drastiquement cette « maudite » politique d’austérité (qu’il qualifie
même de « criminelle ») pour faire reculer la récession dans
les pays en proie aux marchés spéculatifs et faire baisser le fléau du
chômage. »
Dette « nous ne paierons pas »
« On nous oblige à payer des intérêts exorbitants en
échange de leur prêt. Je suis partisan de la méthode de l’Argentine et du
Brésil qui, lorsqu’ils se sont trouves dans cette situation, ont dit
« nous ne paierons pas ». Il n’ont pas payé et personne n’est mort,
bien au contraire ».
Paralysé, le gouvernement de droite a du reculer, et
s’embourbe, le Premier ministre allant jusqu’à prôner l’abandon de l’euro. Et en
attendant il enfonce le pays dans la misère, proposant de supprimer 208
000 emplois en 2014, avec les plus grandes coupes jamais réalisées dans les
dépenses sociales… Comme partout la droite imbécile veut vendre la TAP
(transports aériens portugais) et les CTT (Correios de Portugal, créée en 1520)
qui dégagent pourtant 74 millions d’euros de bénéfice, et veut fermer 200
bureaux de Poste.
Unité de toute la gauche
Mario Soares pousse le PS à son congrès de Santa Maria da
Feira à « donner un nouveau souffle à la gauche » (contre
l’austérité, pour le plein emploi, et l’état social) par un dialogue avec le
Bloc et le PCP lui-même et les syndicats UGT et CGTP. Il s’est fait acteur pour
que les alliances entre ces forces de gauche progressent. IL appelle le nouveau
leader du PS, Antonio José Séguro à pousser les feux en ce sens, ce serait le
premier gouvernement de coalition de toute la gauche au Portugal surmontant els
divisions des années révolutionnaires de 1974-76.
Ce qui en septembre 2012 et mars 2013, contre la troïka,
donnera des mobilisations de masse sans précédent (depuis la révolution des
Œillets) : autour de 1,5 millions de manifestants (soit autour de 11
millions équivalent en France).
Les « rencontres de toute la gauche » le 30 mai
2013 dans un grand amphithéâtre de l’Université de Lisbonne, archi bondé,
devant 2300 personnes, PS, PS PCP, Bloc de gauche, ont engagé la voie pour
« libérer le Portugal de l’austérité ». Et, de fait, le Portugal
est le pays le plus mobilisé d’Europe.
Révolution au Portugal et en Europe : inévitable
Mario Soares, appel au départ de ce gouvernement qui détruit
l’état social et la démocratie : « J’espère que le jour de son départ
pour notre bien à tous, est proche et que retentira une explosion de joie
pacifique semblable à celle de la révolution des Œillets »
« Un jour viendra – plutôt proche que lointain – où
tout changera dans la politique, dans les finances et surtout dans l’éthique,
pour le bien du Portugal et des Portugais. Parce que c’est toute l’Europe qui
est en crise et qu’elle ne va pas se laisser entrainer dans le gouffre ».
« il est aujourd’hui prouvé que l’austérité ne profite
qu’aux marchés spéculatifs et à ceux qui les commandent. Mais elle ravage les
Etats et les peuples. Et pas seulement les Etats dits périphériques ou du sud,
comme on l’a prétendu un peu vite. Voyez la Hollande, la France et l’Allemagne. »
Soares serait à la gauche socialiste aujourd’hui en
France : « Le dilemme est simple : ou on lutte contre le
chômage, la pauvreté généralisée, la récession et on garantit l’état
social, dans tous ses aspects, tant qu’il est encore temps, ou l’Union
européenne sombre dans le chaos. »
Il rappelle les souvenirs du 25 avril 1974, il y a 40
ans et de Grandola Vila Morena la chanson de la révolution qui est a
nouveau chantée partout. « Quant à une révolution (pacifique !) en
Europe, pour mettre un terme à la crise, elle arrivera en son temps. C’est
inévitable. J’espère que le Portugal y contribuera par son exemple. »
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