Un séminaire du Bureau National du Parti Socialiste se
tiendra ce lundi 10 février à partir de 15h. A cette occasion, nous avons
décidé de présenter un texte "Il n'y a pas qu'une seule politique
possible", cosigné par plusieurs sensibilités du Parti socialiste dont Un
Monde d'Avance, Maintenant La Gauche et la Motion 4 et de nombreux camarades.
L’inquiétude soulevée par la « politique de
l’offre » de François Hollande et confirmée par la consultation militante, dépasse largement le cadre de
notre motion. Les membres du Bureau national Marie Bidaud et Frédéric Lutaud se
sont associés à cette démarche collective afin de faire entendre la voix de tous
ceux qui demandent un nouveau modèle de développement.
Le texte unitaire reprend l’essentiel de nos orientations et
fait ouvertement référence au partage du travail, un de nos engagements de
campagne importants.
Nous vous invitons à le diffuser très largement via vos
différents supports de communication et nous faire part de votre soutien grâce
aux réseaux sociaux notamment ou sur le site.
N'hésitez pas à vous adresser à vos représentants au Bureau
national : contact@oplpv.fr
« IL N’Y A PAS QU’UNE SEULE POLITIQUE POSSIBLE »
PREMIERS SIGNATAIRES :
Guillaume Balas (Motion1), Frédéric Lutaud (Motion4), Emmanuel Maurel (Motion3)
Membres du Bureau National du Parti socialiste
Pouria Amirshahi, Tania Assouline, Marie Bidaud, Monique Bultel-Herment, Sandrine Charnoz, Pascal Cherki, Laurianne Deniaud, Stéphane Delpeyrat, Antoine
Détourné, Julien Dray, Anne Ferreira, Gérard Filoche, Olivier Girardin, Jérôme
Guedj, Liêm Hoang-Ngoc, Frédéric Hocquard, Régis Juanico, Marie-Noëlle
Lienemann, Marianne Louis, Delphine Mayrargue, Jonathan Munoz, Nadia
Pellefigue, Roberto Romero, Jean-François Thomas, Isabelle Thomas
Ainsi que :
Paul Alliés, Président de la Convention pour la 6ème République
Monique Herment
Paul Quilès, ancien Ministre
Paul Quilès, ancien Ministre
Henri Emmanuelli, député, ancien Ministre, ancien Premier
Secrétaire du Parti socialiste
La période est instable. De l’extrême droite qui se
rassemble derrière des slogans racistes et antisémites à la droite radicalisée
qui remet en cause la légitimité du Président de la République à gouverner, un
front des conservatismes se constitue. Cette situation appelle une réaction
forte. Une réaction essentielle pour reprendre la main, faire reculer le
chômage et engager pleinement la transition écologique. Et ne pas donner
l’impression que, malgré l’arrivée de la gauche au pouvoir, les droites et
leurs « valeurs » sont en dynamique.
De toutes nos forces nous voulons que la gauche réussisse.
Dix ans de politique de droite ont profondément abimé notre pays. La crise a
dévasté nombre de territoires, plongé des millions de familles dans l’angoisse
de la précarité ou du chômage.
A l’occasion de la campagne présidentielle, François
Hollande a, à juste titre, pointé la responsabilité historique du monde de la finance
dans les difficultés que traversent notre pays et notre continent. Il avait
porté haut et fort l’exigence d’une réorientation de la construction
européenne, en dénonçant le caractère néfaste des politiques d’austérité. Pour
sortir le pays du chômage de masse, il avait proposé une feuille de route qui
n’oppose pas la production à la redistribution, l’offre à la demande,
l’efficacité économique à la justice sociale.
Cette feuille de route, c’est toujours la nôtre.
Cinq ans après la chute de Lehman Brothers, l’Union
européenne subit toujours la crise et ses conséquences. Trois pays se trouvent
encore sous assistance financière, le chômage atteint 12% dans la zone euro et
la croissance est en berne.
C’est pourquoi nous continuons de penser qu’il est nécessaire
de faire vivre la promesse de réorientation de la politique Européenne. Plus
que jamais, la France doit créer les conditions d’un rapport de force favorable
aux politiques de sortie de crise. La situation impose de nous dégager de la
logique trop restrictive liée aux normes budgétaires et monétaires européennes.
La réduction des déficits préconisée par la Commission
européenne a provoqué des coupes sombres dans des dépenses publiques et
sociales essentielles. Surtout, ces « efforts » imposés aux populations
n’ont pas permis de réduction de la dette publique. Elle est passée pour
l’Union européenne à 27 de 62% du PIB en 2008 à 85% quatre ans plus tard. Loin
de réduire la dette, l’austérité contribue à l’augmenter davantage.
Aujourd’hui, les critiques convergent pour remettre en cause
des politiques socialement dangereuses et économiquement inefficaces. Les
citoyens, mais aussi de grandes institutions comme le FMI, l’OCDE, le
BIT, pointent l’urgence d’une relance coordonnée en Europe.
Dans ce contexte, les élections européennes revêtent
une importance particulière. Refonte de la politique commerciale, instauration
d’une taxe sur les transactions financières, lutte contre les paradis fiscaux,
politique monétaire au service de l’économie réelle, harmonisation sociale
et fiscale, relance de l’investissement par la transition énergétique
notamment, meilleure répartition du travail, smic européen : les
socialistes porteront ces exigences en mai prochain.
Mais nous serons d’autant plus crédibles pour le faire si
nous avons administré la preuve, en France, qu’il n’y a pas qu’une seule
politique possible.
Or en dépit de la salutaire rupture avec l’ère Sarkozy,
l’orientation en matière de politique économique suscite des désaccords et des
inquiétudes dans nos rangs.
Nous ne nous reconnaissons pas dans le discours qui tend à
faire de la baisse des « charges » et du « coût du travail » la
condition d’un retour de la croissance. Il n’y a pas de « charges »
mais des cotisations sociales qui sont en réalité du salaire différé.
Et nous sommes inquiets quand nous découvrons que la baisse
des cotisations promise aux entreprises s’accompagne d’une réduction de 50
milliards d’euros des dépenses publiques en trois ans, sans même savoir quels
sont ceux qui en supporteront les conséquences. Ce qui risque de rogner sur le
modèle social français dont les grands principes ont été établis à la
Libération.
La focalisation exclusive sur la baisse du « coût du
travail » ne constitue pas une réponse adaptée
Comme l’ensemble de l’Union européenne, la France souffre de
la crise. Les libéraux, dont le patronat se fait le porte-parole, associent
cette crise à un problème global de compétitivité engendré par une explosion du
« coût du travail ». Cette lecture nous semble contestable.
Depuis le début des années 90, des centaines de milliards
d’aides, d’exonérations, de subventions ont été distribuées sans aucun effet
sur l’emploi et la compétitivité de nos entreprises. Pire, elles ont alimenté
la rente au détriment des salaires et de l’investissement. Entre 1999 et 2008,
alors que les firmes allemandes ont réduit leur taux de dividendes versées de
10%, leurs homologues françaises l’ont augmenté de près de 50%. Le « coût
du capital » n’a jamais été aussi élevé.
L’industrie française se délite et les politiques libérales
de ces 20 dernières années n’ont fait qu’en précipiter la chute, croyant
pouvoir créer une « France sans usine », renonçant à toute politique
industrielle ambitieuse. Le renouveau industriel nécessite un renforcement de
notre « compétitivité hors-coût » qui ne sera rendue possible que par
des aides ciblées et d’une réorientation des bénéfices de la rente vers
l’investissement productif.
Or, on ne peut que constater la victoire de la finance sur
la production. C’est la conséquence de la concentration de la richesse entre
les mains d’un nombre de plus en plus petit. Aujourd’hui, alors que 10 % de la
population concentre 60 % du patrimoine, les banques imposent aux entreprises
des règles qui donnent la priorité à l’accroissement systématique des marges.
Dès lors, il ne faut pas s’étonner du mouvement de concentration du capital
(les quatre premières banques françaises ont un bilan équivalent à 400 % du
PIB) et de financiarisation de l’économie.
Enfin, ne nous voilons pas la face. La finitude des
ressources naturelles, la hausse inéluctable du prix des énergies fossiles dont
notre modèle de production et de consommation est dépendant, la stagnation de
nos taux de croissance déconnectés du bien-être humain, nous obligent à imaginer
un nouveau modèle de développement. De même, l’évolution des gains de
productivité rend indispensable de réfléchir à une nouvelle répartition du
travail. Mais ce nouveau modèle de développement est par définition antagoniste
des logiques libérales, court-termistes, à l’œuvre de nos jours.
Pour nous, la priorité doit donc être la suivante : favoriser
l’emploi et l’investissement productif aux dépens de la rente.
Les préconisations avancées jusqu’à présent sont
déséquilibrées.
Les socialistes se sont toujours refusés à opposer offre et
demande, production et redistribution, bonne gestion des comptes publics et
relance de l’économie. Les propositions contenues dans le « pacte de
responsabilité » semblent s’écarter de cette position d’équilibre.
1) L’objectif de baisse accélérée des dépenses
publiques comporte des risques majeurs
Le Président de la République s’est engagé à ne pas toucher
au modèle social français. Néanmoins, la priorité accordée aux 50 milliards
d’euros d’économies en trois ans, nous fait craindre une réduction du périmètre
d’intervention de l’Etat, nuisible aux politiques sociales existantes et au
fonctionnement des services publics.
Par ailleurs, elle réduit considérablement nos marges de
manœuvres pour mener à bien des politiques ambitieuses dans le domaine de
l’éducation, du logement ou de la culture. Comment continuer à soutenir
l’effort de réinvestissement de l’Etat dans le domaine éducatif mené depuis le
6 mai, si les baisses de crédits y sont massives ? Comment soutenir l’exception
culturelle si, pour la troisième année consécutive nous baissons le budget du
ministère de la culture. Enfin, comment les collectivités territoriales
pourront-elles continuer à être le premier investisseur public de notre pays,
si elles doivent réaliser des coupes budgétaires massives ?
2) le redressement n’est pas possible sans la justice
A trop se focaliser sur « l’offre » et la
« baisse des charges », le « pacte de responsabilité »
risque de comprimer l’activité économique.
Notre pays doit partir de ses atouts : qualité de la
main d’œuvre, de ses services et infrastructures publics. Agir pour notre
compétitivité, c’est penser dès maintenant le monde de demain et notre modèle
de développement.
C’est donc d’abord agir sur nos capacités productives
(montée en gamme, sobriété énergétique de notre appareil productif,
investissement dans les énergies renouvelables, utilité sociale) et sur nos
infrastructures. Ainsi en 2011, les importations énergétiques pesaient 88% du
déficit de notre balance commerciale, entamant d’autant la création d’emplois
et les capacités d’investissement de nos entreprises.
L’investissement dans l’éducation, la formation, la
recherche, la transition énergétique, sont autant de leviers pour une stratégie
de développement durable à moyen et long terme. L’enchainement des crises ces
vingt dernières années témoigne d’un système court-termiste à bout de souffle,
qui ne répond plus au double impératif d’efficacité économique et de justice
sociale. Cette option volontariste d’investissement que nous proposons est un
moyen d’en sortir.
Mais cet effort serait vain si, faute de consommation, bon
nombre d’entreprises n’avaient pas de carnets de commande remplis, si faute de
« planification » les industriels n’avaient aucune vision de l’avenir, et
si faute d’anticipation ils n’étaient pas au rendez-vous d’une reprise
française et internationale.
Dès lors, nous pensons que, dans la mobilisation générale
pour l’emploi décrétée par l’exécutif, la consommation populaire doit prendre
toute sa place. Elle passe notamment par une réforme fiscale de grande ampleur,
comme l’a d’ailleurs proposé le Premier ministre. Loin de s’opposer,
redressement et justice vont de pair.
Obtenir un compromis social favorable au monde du travail
La social-démocratie suppose que le parti majoritaire à
gauche soutienne les syndicats de salariés pour arracher un compromis au
patronat.
Si le Président a été très clair sur les avantages accordés
aux entreprises, les contreparties demandées restent floues. Il faudra plus
qu’un « observatoire » pour imposer amélioration des conditions de
travail, discussion sur les salaires, partage du travail ou multiplication des
embauches. D’autant que le MEDEF, par la voix de son président, refuse de
rentrer dans une logique de « donnant-donnant » qui serait pourtant
la moindre des choses. En lien avec les déclarations présidentielles, nous
insistons sur la double nécessité de ne pas alimenter la rente pour servir
l’investissement productif et de faire bénéficier les salariés, par le biais de
la rémunération notamment, d’une part de cette aide.
Il n’y aura pas de « compromis social » favorable
aux salariés sans mobilisation du parti, des parlementaires, du mouvement
social. Salaires, embauches, réduction et partage du temps de travail, droits
des salariés, contrôle des licenciements abusifs, modalités de remboursement
des aides en cas de non-respect des engagements, politique de redistribution
des dividendes : dans tous ces domaines nous devons porter des exigences
fortes.
Oui, nous devons les porter, et en toute liberté. Sachons
nous désintoxiquer des institutions de la Vème République. Tout ne peut
procéder d’un seul homme. Les débats politiques ne se règlent pas en
brandissant la menace de mesures disciplinaires ou en mettant les parlementaires
au pied du mur.
Le PS doit jouer pleinement son rôle. Pour la réussite de la
gauche au pouvoir, il faut un Parti autonome, force de propositions, relais des
aspirations mais aussi des mécontentements. C’est une des conditions de la
réussite commune.
Cette réussite passe aussi par l’implication de la gauche
dans toute sa diversité. Il n’y a aujourd’hui de salut pour la gauche française
que dans la construction de convergences entre les forces politiques et
sociales qui la composent. Au moment où une partie de la droite radicalisée
fait jonction avec une extrême droite plus menaçante que jamais, le
rassemblement de la gauche est une ardente obligation.
Suite ...Et si les pollueurs et les pilleurs devenaient enfin les payeurs !
RépondreSupprimerTout a été écrit par des auteurs, économistes et fiscalistes, dignes de foi sur l'importance et les conséquences économiques et sociales de l'évasion fiscale.
Malheureusement, la grande majorité de nos concitoyens n'a pas encore une vue très claire de ce que représentent ces détournements dont certains sont d’ailleurs tout-à-fait légaux, résultat des pressions incessantes subies par les gouvernements successifs, en France et en Europe.
De plus en plus de gens commencent cependant à ressentir à quel point les discours politiques ne font qu'embrouiller les esprits, faute de pouvoir contrer efficacement la puissance de la finance internationale.
Le risque demeure que la force de frappe accumulée par ladite finance internationale soit devenue telle qu'aucun gouvernement d'aucun Etat n'ait plus les moyens de la contrer efficacement et durablement. Ce qui fait le lit des démagogues, notamment d’extrême droite.
Il serait donc temps d'ouvrir vraiment les yeux des populations sur ces sujets par la diffusion insistante de chiffrages crédibles.
Alors, la mobilisation citoyenne pourrait renaître de l’espoir de voir ces sommes détournées avec acharnement des caisses de l'Etat, depuis plus de trente ans, employées enfin à la réalisation des objectifs économiques, sociaux et environnementaux figurant dans les programmes électoraux.
Hors cette récupération de moyens financiers stockés abusivement dans les multiples paradis fiscaux, le discours continuera d'être ressenti comme un discours parfois noble mais toujours creux !