Pouria Amirshahi, député, représentant de l'aile gauche du
PS, s'oppose à la politique de l'offre imposée par François Hollande. JDD / 1 février 2014
Pouria Amirshahi est député PS de la 9e circonscription des
Français de l'étranger. Ancien président de l'Unef, il est l'un des dirigeants
du courant Un monde d'avance qui regroupe les amis de Benoit Hamon et Henri Emmanuelli.
Il lance un appel à tous les socialistes :
"Le discours du Bourget est de plus en plus petit dans
le rétroviseur de François Hollande. Les orientations prises sont à rebours de
ce qui a permis son élection. Le Pacte de responsabilité, quintessence de ce
tournant, permettrait aux entreprises d'échapper à l'effort de redressement
demandé à tous et diminuerait les capacités de la puissance publique par une
baisse drastique et programmée des budgets. Tout cela risque d'entraîner une
baisse du niveau de vie de la majorité des citoyens. Le Président demande des
contreparties alors que le Medef a déjà prévenu qu'il ne s'engagerait pas à
créer des emplois.
Est-ce donc bien raisonnable de poursuivre une politique d'assistanat généralisé d'un des patronats les plus cupides d'Europe ? En l'état, le pacte de responsabilité est donc inacceptable et sera inefficace. D'ailleurs, tandis que François Hollande affirme que seule cette politique est possible, force est de constater qu'elle n'a fonctionné nulle part. C'est sans doute pourquoi Obama propose une hausse du SMIC de 40% en 2 ans, que la Grande-Bretagne a dévalué sa monnaie de 20%, que l'Afrique de l'Ouest vient d'instaurer un tarif extérieur commun pour se protéger… Et nous, européens, serions les derniers idiots du village planétaire ? Ce n'est pas nouveau : quand Roosevelt créait une tranche d'impôts à 90 %, De Gaulle affirmait "qu'on ne fait pas la politique à la corbeille". Autrement dit, c'est en investissant massivement qu'on fera rebondir un continent en panne, qu'on réindustrialisera la France et préparera la transition énergétique qui est vitale à l'humanité toute entière. Le reste, ce sont les vieilles recettes d'un vieux modèle qui nous conduisent à un échec économique et politique.
Beaucoup de ceux que je rencontre font état de leurs doutes,
leurs réticences, leurs désaccords avec les choix mis en œuvre et en même temps
personne ne veut l'échec du gouvernement de gauche. Mais pour qu'il réussisse,
il faut prendre un autre chemin : celui de l'ambition culturelle, de
l'écologie, d'un rapport apaisé à l'étranger… Or, tout se passe comme si les
élites françaises avaient peur de tout, laissant ainsi l'extrême droite
prospérer comme si elle était chez elle en République ! On ne la combat pas par
des postures, mais en mobilisant son peuple pour faire face aux enjeux de
l'Histoire. Le PS doit être le reflet de son électorat. C'est avec tous ces
hommes et toutes ces femmes que le libéralisme et l'obsession sécuritaire de
Nicolas Sarkozy ont été battus. Nous n'avons pas le droit de les décevoir. Le
socialisme n'a pas qu'un seul visage. La Vème République laisse un homme
décider de tout et tout seul. J'appelle au contraire tous les socialistes à
reprendre le chemin du 6 mai. Il est temps que des responsables socialistes, et
pourquoi pas au-delà, se décident à le dire ensemble."
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