Je partage avec vous aujourd’hui la vision du “GlobalEurope
Anticipation Bulletin”, qui est pour moi de loin une des meilleures sources
d’information sur la Crise.
Toujours une tonalité très “europtimiste” – je pense pour ma
part qu’on va sacrément attendre les avancées sur le projet politique… Mais
bon, il est indispensable en ces temps troublés de lire des visions très
différentes pour s’aiguiser l’esprit…
Les historiens, qui ont l’habitude de considérer que le
XIXème siècle s’étend de 1815 (Waterloo) à 1914 (première guerre mondiale),
définiront certainement le XXème siècle par la période 1914-2014, terminant par
l’année où l’ancien système se meurt tandis que le nouveau émerge. En cette
nouvelle année 2014, bienvenue donc dans le XXIème siècle !
Nous avions placé 2013 sous le signe des « premiers pas dans un monde d’après en plein chaos » (1). Une année qui fut en effet l’an zéro de ce nouveau siècle et au terme de laquelle les solutions émergent de toute part. En ce début 2014, tous les projecteurs sont désormais braqués sur la zone euro, la Chine, la Russie, les BRICS où des outils destinés à façonner le « monde-d’après » sont conçus à une rapidité incroyable : le « monde d’avant » passe la main au « monde d’après ».
Néanmoins le risque permanent subsiste d’une explosion par
surchauffe de la planète finance entrainée par les incroyables déséquilibres
américains… non-résolus ou si peu. Et la période charnière actuelle, certes
porteuse d’espoir, n’en reste pas moins éminemment dangereuse. L’un des dangers
réside dans le « smog » (2) statistique qui caractérisera probablement l’année
: d’une part, les indicateurs économiques et financiers américains ont perdu
tout sens à force d’être manipulés afin de cacher la réalité catastrophique ;
et de l’autre, les outils de transparence statistique du monde émergent ne sont
pas encore suffisamment fiables pour éclairer correctement la réalité.
Effondrement de visibilité en cours depuis plusieurs années d’un côté, début
d’organisation de la transparence dont l’économie mondiale a besoin pour
planifier ses stratégies de l’autre, en 2014, nous sommes au creux de la vague
de compréhensibilité statistique. Et cela ne sera pas sans conséquences.
Plan de l’article complet :
1. « SMOG » STATISTIQUE
2. REMONTÉE DES TAUX ET CHUTE DE L’IMMOBILIER AUX ÉTATS-UNIS
3. FIN DE L’EUPHORIE SUR LES BOURSES ?
4. CHAOS POLITIQUE
5. 2014, DÉBUT VISIBLE DE LA FIN DE L’ÈRE PÉTROLE
6. LES SOLUTIONS SONT EN MARCHE
Nous présentons dans ce communiqué public les parties 1 et 2.
2. REMONTÉE DES TAUX ET CHUTE DE L’IMMOBILIER AUX ÉTATS-UNIS
3. FIN DE L’EUPHORIE SUR LES BOURSES ?
4. CHAOS POLITIQUE
5. 2014, DÉBUT VISIBLE DE LA FIN DE L’ÈRE PÉTROLE
6. LES SOLUTIONS SONT EN MARCHE
Nous présentons dans ce communiqué public les parties 1 et 2.
« SMOG » STATISTIQUE
La période actuelle est particulièrement difficile à
analyser. Les expériences d’injection de liquidités des banques centrales n’ont
guère d’équivalent historique et agissent insidieusement comme de la morphine ;
les bourses évoluent inversement proportionnellement à la santé économique des
pays ; la finance et les produits dérivés sont hors de tout contrôle ;
l’Occident et particulièrement les États-Unis tentent de cacher leur situation
catastrophique grâce à des indicateurs qui ne veulent plus rien dire à l’instar
des chiffres du chômage… Nous avons déjà analysé en profondeur ce « brouillard
statistique » au GEAB n°73 : les boussoles de l’ancien monde sont cassées.Les
marchés nourris au biberon de la Fed et ne voulant pas abandonner le paradigme
dollar tant qu’il existe le moindre sang à sucer, sont largement responsables
de cet aveuglement. Or de même que la grenouille dans l’eau qui chauffe ne sent
la température monter que lorsqu’il est trop tard, avoir cassé le thermomètre
est certes pratique pour faire illusion mais relève d’une tendance suicidaire :
si la sortie est déjà difficile à trouver en plein jour, dans le noir cela
devient impossible. Nous l’avons déjà dit, la zone euro a eu la chance d’être
en pleine lumière pendant plusieurs années grâce à la « crise de l’euro » et ne
camoufle pas ses difficultés sous un tombereau de liquidités (3), chance dont
ne profitent pas les États-Unis qui se dirigent les yeux bandés vers le
précipice comme nous le verrons.
Source : Merk Investments
Dans la période actuelle, un œil est donc aveugle. L’autre
n’est malheureusement pas encore voyant. La partie du monde qui a émergé, les
BRICS notamment et la Chine en particulier, se mette seulement à construire un
appareil statistique adapté à leurs ambitions internationales. Sans compter que
certaines addictions occidentales ont été adoptées par ces pays, comme le
recours à l’endettement et à une finance dérégulée, ce qui fait courir de nouveaux
dangers. Ainsi la Chine commence-t-elle à se préoccuper de l’endettement de ses
administrations locales, de ses « véhicules de financement des gouvernements
locaux » (4) et de sa « finance de l’ombre » (« shadow banking ») dont tout le
monde ignorait l’ampleur à défaut de statistiques fiables (5). Ce shadow
banking est à la fois indispensable pour financer l’activité des petites
entreprises et collectivités locales, et pour l’instant incontrôlable… D’où les
bouchées doubles mises par Pékin pour y voir clair et parvenir à réguler ce
secteur, comme en témoignent le travail statistique récent mené à ce sujet par
le Bureau national d’audit, ou la plus grande transparence demandée aux
établissements bancaires chinois, ou encore par exemple l’interdiction pour
cinq ans aux collectivités locales de construire de nouveaux bâtiments
institutionnels sur des financements « de l’ombre » (6). Mais malgré ces
efforts de transparence qui porteront rapidement leurs fruits, car la situation
internationale nécessite d’y voir clair, quelques années encore sont
nécessaires pour avoir un appareil statistique fiable dans ces pays. Sans
compter que le gouvernement chinois a encore besoin de zones d’ombres pendant
quelques temps : on ne peut pas faire la lumière sans avoir fait le ménage au
préalable !C’est donc avec une grande prudence que les dirigeants doivent
avancer sur un chemin semé d’embûches le long duquel l’absence d’indicateurs
fiables empêche d’apprécier correctement la situation. Toute
anticipation/prévision/planification est bien sûr d’autant plus difficile.
Néanmoins, si les pays émergents sont sur des dynamiques extrêmement puissantes
qui leur autorisent certains écarts, les faux-pas peuvent entraîner des
conséquences dramatiques pour les autres. C’est pourquoi la Fed mène un travail
d’équilibriste remarquable et ce funambule a été assez doué jusqu’à présent
pour maintenir le pays sur le fil… tant qu’il existe encore un fil.
REMONTÉE DES TAUX ET CHUTE DE L’IMMOBILIER AUX Etats-Unis
En attendant, le siècle finissant continue sa lente agonie.
Malgré toutes les actions de la Fed, malgré son immense programme
d’assouplissement quantitatif, les taux d’intérêt des obligations américaines
remontent inexorablement. Nous en détaillons les raisons à la partie Télescope
et montrons que cette tendance va se poursuivre en 2014.
Taux d’intérêt (en %) des bons du trésor US à 10 ans, juin
2012-janvier 2014.
Source : MarketWatch
Or une augmentation d’un point de pourcentage sur le taux à
10 ans (de 3 à 4%) signifie une augmentation progressive des intérêts annuels à
payer sur la dette publique de l’ordre de 100 à 150 milliards de dollars (7),
soit près de 1% de déficit public à compenser alors que la Fed a commencé à
diminuer son programme de rachat d’obligations. Mais ce n’est pas le plus
douloureux. Le graphique suivant signale quelque chose de beaucoup plus
dangereux.
Taux des crédits immobiliers sur 30 ans, 2012-2013. Source :
FRED.
La poursuite de l’augmentation des taux des obligations
américaines provoque en effet une augmentation similaire dans les taux
d’emprunt des particuliers. En 2012, les prêts immobiliers sur 30 ans étaient à
environ 3,5% ; maintenant ils sont à environ 4,5% ; un point de plus les ferait
donc arriver à 5,5%. Or à 3,5% un ménage peut emprunter 400 000$ avec des
mensualités de 1800$, tandis qu’à 5,5% il ne peut plus emprunter que 317 000$
avec les mêmes mensualités : il faudrait donc environ 20% de baisse des prix
immobiliers (!) pour garder un pouvoir d’achat constant… On l’a déjà vu au GEAB
n°80, l’inquiétude commence à être palpable à ce sujet (8) et 2014 verra une
baisse significative des prix du marché immobilier américain comme nous le
développons à la partie Télescope. Or toute la finance immobilière fonctionne
uniquement sous l’hypothèse de prix croissants (on l’a vu en 2007-2008) ; de
plus, nombre de crédits à la consommation des américains sont gagés sur leur
maison et une faiblesse du marché immobilier se propage donc à l’ensemble de
l’économie. C’est bien la mauvaise nouvelle de ce début d’année.
Notes :
1 Titre du GEAB n°70 (décembre 2012).
2 Le « smog » désigne ce mélange de fumée (smoke) et de
brouillard (fog) qui recouvrait périodiquement Londres à l’ère de la révolution
industrielle.
3 Ce qui explique en grande partie sa croissance plus
faible. Aux États-Unis, la croissance officielle en 2013 a été seulement de
l’ordre de 400 milliards de dollars (environ 2,5% du PIB) alors que la Fed a
injecté plus de 1000 milliards dans l’économie… soit un « manque » de 600
milliards. Pendant la même période, la BCE a retiré environ 1000 milliards de
dollars (730 milliards d’euros, source BCE) pour une croissance à
peu près nulle, soit un « gain » de 1000 milliards. Qui est en mauvaise santé ?
Voir aussi le graphique suivant.
4 Source : Ecns.ch,
08/01/2014
6 Source : La Croix,
30/07/2013.
7 Évalué à partir de Wikpédia et
prenant en compte la répartition de la dette US par maturités.
8 Voir aussi l’article inquiétant de MarketWatch (14/01/2014).
Source : leap2020.eu
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