Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à
l’Assemblée nationale, a affirmé, le 12 février, que le gouvernement étudiait
le gel de l’avancement des fonctionnaires dans le cadre des pistes d’économies
budgétaires. Une déclaration choc qui confirme les propos récemment attribués à
Vincent Peillon.
“Bien entendu, je sais que c’est sur la table. Je sais que Bernard Cazeneuve aujourd’hui envisage ces mesures pour ensuite nous faire la proposition, au Premier ministre, au président de la République et à la majorité.” Interrogé sur le plateau de l’émission Question d’info, sur La Chaîne parlementaire, mercredi 12 février, le président des députés socialistes, Bruno Le Roux, a confirmé que le gouvernement envisage le blocage de l’avancement et de la promotion des fonctionnaires dans le cadre des pistes budgétaires pour la période 2015-2017 [cliquez ici pour visionner son intervention, à 5 mn 30 s].
Une perspective qu’avait évoquée le ministre de l’Éducation
nationale, Vincent Peillon, devant des journalistes le 5 février… et qu’il
avait aussitôt démentie [lire notre article “Menace d’un conflit majeur sur les
salaires des fonctionnaires”]. Une telle mesure permettrait à l’État de
réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies.
Bruno Le Roux a développé : “Je dis que je
veux voir les mesures concrètes, totales, pour pouvoir ensuite décider, pour
pouvoir voir les répercussions que cela a. Je dis d’ores et déjà ici que dans
la fonction publique, dans toutes les fonctions publiques, celle de l’éducation
comme toutes les autres, je serai attentif aux fonctionnaires qui sont
aujourd’hui les plus modestes et notamment les fonctionnaires de
catégorie C.”
Caresses et gifles
Faut-il sacrifier le pouvoir d’achat des fonctionnaires au
nom de la lutte contre les déficits ? La stratégie du gouvernement est des
plus complexes à décrypter. D’un côté, il multiplie les messages amicaux à leur
endroit. “Ils ont déjà fait beaucoup d’économies”, rappelait le
7 février le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. “Pourquoi
voulez-vous que les économies se fassent sur le dos des fonctionnaires ?” interrogeait
le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l’occasion de ses vœux aux agents publics,
fin janvier [lire notre article “Jean-Marc
Ayrault veut moderniser le statut des fonctionnaires”].
De l’autre, Vincent Peillon et Bruno Le Roux, deux
poids lourds de la majorité qui n’ont pas directement en charge les sujets liés
à la fonction publique, semblent préparer le terrain à des mesures d’austérité
sans précédent pour la fonction publique. La ministre de la Fonction publique,
Marylise Lebranchu, qui déclarait
en janvier que le salaire des fonctionnaires ne serait pas gelé jusqu’en 2017,
devient peu à peu inaudible. Les déclarations de Bruno Le Roux
interviennent par ailleurs à la veille de la présentation aux organisations
syndicales, jeudi 13 février, d’un relevé de conclusions sur la négociation
“parcours professionnels, carrières et rémunérations”. Le “timing” interpelle.
En 2014, le gouvernement a donc poursuivi le gel du point
d’indice (1 milliard d’euros d’économies), divisé par deux les mesures
catégorielles (300 millions d’euros) et réduit
l’action sociale interministérielle (120 millions d’euros).
Avec le blocage des avancements automatiques (1,2 milliard), il
toucherait, de manière inédite, à la mécanique même de la rémunération des
agents publics. Dans ce scénario “bien entendu sur la table”, le
gouvernement doit prévoir quelques mobilisations sociales. Parce que les
syndicats ont bien l’intention de renverser ladite table.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos réactions nous intéressent…