+3,6°C d’ici la fin du siècle. Ce sera la hausse de la température planétaire selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Un redoux printanier se transformera en canicule, un hiver sec et froid en pluies torrentielles. Les gouvernements continuent de discuter de cette sombre perspective à Varsovie, dans le cadre de la conférence de Nations Unies. Pendant que pays et lobbies négocient, les investissements coulent à flot vers l’un des secteurs qui émet le plus de gaz à effet de serre : le charbon, l’énergie sale par excellence. Depuis l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto en 2005, censé aider les États à diminuer leurs émissions, le secteur bancaire a investi ou prêté 165 milliards d’euros pour extraire toujours plus de charbon. Soit plus de 18 milliards par an en moyenne.
C’est ce que révèle le rapport du réseau Banktrack l’Observatoire des multinationales a pu consulter en exclusivité. Selon ce réseau international basé aux Pays-Bas, qui scrute les investissements du secteur bancaire et leurs impacts sociaux et environnementaux, les financements au profit des mines de charbon ont ainsi augmenté de 397 % en huit ans, en particulier avec la forte demande en ressources énergétiques des pays émergents (voir leur communiqué, en anglais). Parmi le « top 20 » des banques qui investissent le plus dans les houillères, figurent deux banques françaises : BNP-Paribas (classée 10ème, avec près de 4,5 milliards d’euros investis depuis 2005) et le Crédit agricole (classé 19ème, avec 2 milliards).« La lutte contre le réchauffement climatique est un défi majeur pour la société et l’un des axes des pratiques de responsabilité sociale du groupe Crédit Agricole », entend-on pourtant régulièrement du côté de la banque en partie mutualiste.
Banque postale et Crédit Mutuel : des banques presque
propres
La Société Générale n’est pas en reste, et pointe à la 22ème
place (lire aussi notre article sur
le projet Alpha Coal) suivi du groupe BPCE (Banques Populaires Caisses
d’Epargne) / Natixis, en 37ème position. En bas de tableau, le Crédit Mutuel et
la Banque Postale font figure de banques quasi « propres » en matière
de charbon, arrivant respectivement en 75ème (« seulement » 50
millions d’euros investis) et 100ème positions du classement intégral.
C’est vrai, les banques françaises font un peu moins pire
que leurs homologues états-uniennes, chinoises et britanniques, championnes en
matière d’investissements ultra polluants. Sur la période, les trois banques
les plus « sales » sont d’ailleurs états-uniennes : Citigroup,
Morgan Stanley et Bank of America. Morgan Stanley qui promet pourtant vouloir
« rendre votre vie plus écologique et s’attaquer au changement
climatique », tandis que Citigroup assure être la « banque
d’investissement la plus innovante sur le changement climatique et le
développement durable ». Le greenwashing et le discours marketing trompeur
ne connaissent pas les frontières.
Mais en « classement par équipe », les banques
françaises arrivent en 4ème position, devançant les financiers australiens,
japonais et suisses. Et si, depuis 2011, la Deutsche Bank et le Crédit Suisse
ont tendance à diminuer leur contribution financière à l’égard du charbon, BNP
Paribas continue sur sa lancée. Selon l’AIE, si nous souhaitons ne pas dépasser
un réchauffement climatique de 2°C en 2100, 80% des réserves actuelles de
charbon devront rester dans le sol. Sachant aussi que 1,5 kg de charbon brûlé
produit autant d’énergie (1 kilowatt) qu’une éolienne en une seule rotation.
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