14 NOVEMBRE 2013 | PAR DELPEYRAT.STEPHANE Membre du Bureau national
Après dix huit mois d’exercice du pouvoir, la gauche
enchaîne les difficultés sous le feu roulant des attaques de l'adversaire. Les
plus insupportables furent ces jours-ci les insultes racistes infâmes proférées
à l’encontre de Christiane Taubira, témoignage d’une République qui perd
l’équilibre.
A nous de redresser la barre. Car ces difficultés ne sont
pas, contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, insurmontables . A
condition de faire le bon diagnostic et de s'armer d'une bonne dose de courage
politique, nous pouvons sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons
actuellement.
Depuis quelques mois, deux mouvements contradictoires
secouent en profondeur la vie politique française et menacent de faire couler
la gauche, non seulement lors des prochaines échéances électorales mais
également à plus long terme.
Le premier mouvement est celui de la radicalisation de la droite traditionnelle qui n’hésite plus à pactiser avec le Front National. Les élus UMP, Fillon en tête, ont fait sauter la digue républicaine en laissant la voie ouverte à une alliance avec le FN aux municipales. Cette attitude électoraliste des élus de droite, indigne d’un parti de gouvernement, est complétée par un mouvement de fond au sein de la droite française qui ne cesse de se rapprocher idéologiquement de l’extrême droite. Ce mouvement, impulsé par Nicolas Sarkozy en 2007, s’est amplifié et cristallisé lors des débats sur le mariage pour tous et ses fameux opposants de la « manif’ pour tous » ou du « Printemps français ».
La main tendue de l’UMP au FN est devenue évidente et les
accointances idéologiques flagrantes, les droites traditionnelle et extrême
tenant désormais un discours trés proche . Un discours construit pour
rassembler les coléres : réactionnaire sur les mœurs, libéral sur le plan
économique, poujadiste sur le plan fiscal avec en arriére fond la
stigmatisation des étrangers et la paranoïa sécuritaire. La confusion entre
l’extrême droite et la droite classique est à son comble, la première parvenant
mal à voiler son racisme derrière un masque républicain, la seconde embrassant les
thèmes frontistes avec une ardeur à peine dissimulée.
Le second mouvement est celui du rejet profond du
libéralisme alimenté par les déceptions de la politique économique européenne
que François Hollande n'a pas osé affronter avec assez de force pour l'instant.
Sur des sujets aussi fondamentaux que la réforme bancaire, la loi de
sécurisation de l’emploi, les retraites, ou la réforme fiscale (ou plutôt son
absence), les électeurs de gauche ne comprennent pas la timidité des réformes
entreprises par le Gouvernement, et parfois, l'orientation désespérément
libérale qui les anime.
Ni les banques, ni la finance dans son ensemble n’ont été
suffisamment régulées, les salariés sont encore plus précarisés, les retraites
sont amputées et les impôts frappent trop les classes moyennes. Le risque
d'explosion devient dés lors réel. Car si la gauche produit trop de déçus y
compris dans son camp , la droite et l’extrême droite peuvent alors coaliser
les colères autour d'un discours poujadiste et réactionnaire pendant que les
nôtres se réfugient dans l'abstention.
Est donc en passe de se structurer un camp ultra droitier
hybride, qui mobilise à la fois un éléctorat populaire déçu par une politique
économique qui ne les protège pas assez et des conservateurs réactionnaires sur
les questions de société. Il est impératif de ne pas rester les bras ballants
devant la fusion très probable de ces deux mouvements et d’y répondre par une
ambition et un programme politique fort.
La gauche doit pour cela réaffirmer haut et fort les valeurs
républicaines et mener un combat acharné contre toute forme de racisme et de
démagogie bien sur, mais aussi mener une politique résolument anti-libérale (
pour l'emploi , le pouvoir d'achat, la régulation de la finance, et la défense
de nos services publics ) pour offrir une alternative à l'Europe austéritaire
de Merkel et Baroso.
Tu as raison mais les marges de manœuvre en Europe sont fort étroite comme en France, donc la politique menée par Ayrault et FH est sans doute la seule tenable, petits pas, recul et petits pas de nouveau. Ce qui n'empêche pas au PS des motions rappellent et renouvellent tes conclusions.
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