Chronique de Jim Clifton,
CEO, Gallup
Le BLS communique actuellement un taux de chômage
ajusté de 7,6 %, alors que les données de Gallup
soulignent un taux de chômage de 17,2 %.
ajusté de 7,6 %, alors que les données de Gallup
soulignent un taux de chômage de 17,2 %.
Le PDG de Gallup, institut de statistiques renommé, lève le voile sur les
chiffres du chômage aux États-Unis. Faut-il se satisfaire du pourcentage
communiqué par le gouvernement ?
Il y a plusieurs années, alors que j’habitais à Lincoln,
dans le Nebraska, je suis passé en voiture devant la maison d’un homme qui
avait pris feu : son toit était en flammes. Bizarrement, le propriétaire était
dans son jardin en train de tondre la pelouse alors que sa maison s’embrasait
toute entière. Il s’est contenté de regarder droit devant lui et a continué à
tondre comme si de rien n’était.
Peut-être que les têtes pensantes de la politique et des
médias aux Etats-Unis ont abandonné, ou tout simplement oublié, les personnes
sans emploi ou sous-employées. Apparemment, la prédominance du chômage est
la nouvelle norme. Certes, le président et le Congrès abordent le sujet, mais
rarement de manière pressante.
Il suffit de jeter un œil au dernier rapport sur
l’emploi. Selon le ministère du Travail américain, l’économie a vu se
créer 195 000 nouveaux emplois. Ces résultats ne sont pas mauvais, sans non
plus être exceptionnels. Beaucoup d’économistes, y compris le lauréat du prix
Nobel Paul Krugman, s’accordent à dire qu’étant donné la morosité actuelle de
l’économie, il était nécessaire de créer 300 000 emplois par mois, et que ce
nombre ne devait pas descendre plus bas que 200 000.
L’un des problèmes majeurs repose sur le fait que les
chiffres du chômage officiels communiqués par le gouvernement fédéral ne
reflètent pas la sévérité de la crise de l’emploi : peut-être que ces
chiffres incitent même les leaders politiques et les médias à se reposer sur
leurs lauriers. Voilà pourquoi : le Bureau of Labor Statistics (BLS)
définit le chômage comme le pourcentage de personnes qui cherchent un emploi
sans arriver à en trouver. Par conséquent, si par exemple vous cessez de
chercher un travail pour le reste de l’année en cours, vous ne serez pas
considéré en tant que chômeur car vous avez arrêté vos recherches.
Une autre faille dans les mesures effectuées par le BLS est
la suivante :disons que je vous engage pour laver ma voiture, cela vous prend
une heure ou plus et je vous donne au moins 20 dollars pour le travail
effectué. Le gouvernement fédéral ne vous comptera pas parmi les chômeurs. Et
cela, même si vous êtes un ingénieur au chômage et que le lavage de voitures
est le seul travail que vous pouvez trouver pour le moment.
Ces mesures sous-évaluent sévèrement le nombre de personnes
sans emploi aux Etats-Unis et sont loin de refléter la véritable expérience et
la souffrance de la population. Par exemple, le BLS communique
actuellement un taux de chômage ajusté de 7,6 %, alors que les données de
Gallup soulignent un taux de chômage de 17,2 %. Ce dernier chiffre est bien
plus inquiétant car il indique que plus de 20 millions d’américains demeurent
sans emploi ou massivement sous-employés.
Le taux de chômage avancé par le BLS rassure peut-être
Washington sur l’état de l’emploi et de l’économie dans son ensemble, mais pas
l’opinion publique. Comme Gallup l’a
récemment souligné, lorsque les américains doivent nommer la chose
qui les inquiète le plus à propos du futur des Etats-Unis, 34 % des
participants au sondage pointent du doigt l’économie, les finances du pays, ou
le chômage/l’emploi. Parmi les sujets chers aux hommes politiques et aux
médias, la perte des libertés civiles ne préoccupait que 4 % des participants,
tandis que l’immigration et le contrôle des frontières n’intéressait que 2 %
des sondés. Et tenez-vous bien : le sujet du mariage gay et de l’environnement
ne font même pas partie de la liste des inquiétudes de la population.
Les leaders politiques et médiatiques passent à côté de
l’essentiel, tout comme ce pauvre homme de Lincoln qui tondait sa pelouse en
laissant sa maison brûler dans son dos.
Traduction par Joséphine Dennery, JDN.
Cette chronique traduite par le JDN a été publiée via le
programme Influencers
de LinkedIn, où s'expriment près de 300 leaders d'opinion. Retrouvez
la version originale en anglais ici.
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