Par Stéphane Delpeyrat-Vincent – Membre du Bureau national du Parti socialiste
Un camarade d’Un Monde d’Avance prend la parole - 3 novembre 2013
Le Parti Socialiste ne va pas bien. Et il serait illusoire de
penser que cette situation politique ne serait qu'un mauvais passage lié à la
conjoncture, particulièrement difficile, que nous traversons. Et tout aussi
illusoire de renvoyer cette responsabilité vers tel ou tel
dirigeant qu'il nous suffirait de remplacer. Ce serait un peu court. Ce serait
faire peu de cas de la succession d'épisodes déjà très difficiles que nous
avons connus : 1993, 2002 ou 2005. Et surtout ce serait faire bien peu de
cas des mouvements de fond qui travaillent la société française et
particulièrement les catégories populaires, dont la défense est notre
raison d'être et sans le soutien desquelles nous sommes à terme
condamnés.
L'électorat du Parti Socialiste ne ressemble plus du tout,
ni sociologiquement ni géographiquement à celui des années Mitterrand. La part
des ouvriers et employés votant socialiste a très fortement reculé et c'est
essentiellement dans les grandes villes que le PS reste dominant. Dans le reste
du territoire, il devient souvent seulement la troisième force politique
derrière la droite et le FN.
Dès lors, si aucune réaction forte n'intervient rapidement
pour tout revisiter, le projet comme l'organisation, le PS peut s'engager sur
la voie d'un long déclin dont les premiers signes sont dès aujourd'hui
perceptibles et évidents.
Le rayonnement intellectuel qui fût le nôtre il y a 30 ans n'est plus qu'un lointain souvenir
Le PS, avec tout ses défauts, la gauche lui doit
beaucoup : l'alternance enfin possible sous la Véme République,
l'extension des libertés publiques, la décentralisation et de grandes réformes
sociales ( retraite à soixante ans, cinquième semaine de congés payés, 35 heures,
CMU, RMI etc..). Et ses plus virulents opposants de gauche ne se rendent
souvent plus compte que leur programme actuel reste bien en deçà de ce que fut
le projet de transformation du PS en 1981..Il serait d'ailleurs aussi stupide
qu'injuste de nier que nous bénéficions tous encore aujourd'hui de bien des
réformes mises en œuvre avec François Mitterrand puis Lionel Jospin.
C'est pour cette raison, et non pour des motifs boutiquiers,
que je reste attaché au PS et ne peux me résoudre à le laisser s'engager dans la
voie d'une lente agonie politique. Il reste un outil puissant au service de
toute la gauche sans la force duquel tout projet de transformation sociale face
aux conservateurs ne peut rester qu'une vue de l'esprit.
Et pourtant disons-le sans détour, en dehors de l'action des
élus de proximité, rien ne va plus pour le PS.
Le rayonnement intellectuel qui fût le nôtre il y a 30 ans
n'est plus qu'un lointain souvenir. Les liens avec le monde associatif ou les
organisations syndicales oscillent entre indifférence, éloignement et franche
rupture. Notre capacité de mobilisation de la société tend vers le zéro absolu.
Et la rupture avec les catégories populaires semblent désormais consommée.
Quand au Parti lui même, il nous faut bien constater que ni
son activité militante ni sa capacité à produire idées et projets ne sont à
leur zénith...
Alors, comme disait l'autre, que faire ? Tout, tout est
à refaire et ce sera le travail d'une génération.
Le discours actuel alterne éléments de langage creux et rustines programmatiques
Le discours actuel alterne éléments de langage creux et rustines programmatiques
Le plus important comme toujours en politique, ce sont les
idées et c'est par là qu'il nous faut commencer. Le Parti Socialiste ne s'en
sortira pas tant qu'il se résignera au « cercle de la raison »
imposé par les catégories dominantes en Europe. L'acceptation mortifère d'une
grande coalition continentale droite-gauche, à laquelle nous oblige l'Europe
versus intergouvernementale, agit comme un acide qui nous ronge lentement mais
sûrement. Elle produit une indifférenciation politique gauche-droite sur les
questions économiques, et donc sociales, qui nous prive de toute possibilité de
retrouver la confiance des catégories populaires sans lesquelles la gauche n'a
plus de base électorale. Elle conduit, de facto, à un ralliement plus ou moins
assumé à certaines thèses libérales : libre échange sans précaution, Euro
« fort », réduction des dépenses publiques et du périmètre de l'Etat
qui achève de désespérer les mieux disposés de nos électeurs.
Par ailleurs le Parti Socialiste ne semble pas prendre la
mesure des grandes transformations auxquelles nous sommes confrontés . En
s'en tenant à un discours sur la « crise » à laquelle succédera à
nouveau la croissance, il semble aveugle aux changements profonds qui rendent
obsolète le modèle de référence des « trente glorieuses » et
bouleversent en profondeur notre société. La mondialisation, la crise
écologique, les révolutions scientifiques et technologiques, les nouveaux
équilibres démographiques et politiques mondiaux, la dissolution des collectifs
traditionnels et l'émergence d'un nouvel individu, l'allongement de la durée de
vie, tout ceci le PS doit le penser pour construire une nouvelle offre
politique forte et réellement structurante dans une société en plein
bouleversement. Le discours actuel qui alterne éléments de langage creux et
rustines programmatiques ne saurait en tenir lieu.
Ces changements profonds ne peuvent non plus rester sans
conséquence sur notre façon de faire de la politique et notre organisation
partisane.
La tâche n'est pas si difficile qu'il n'y paraît. Elle suppose de nous mettre d'accord sur un diagnostic qui nous sortent de nos illusions
La tâche n'est pas si difficile qu'il n'y paraît. Elle suppose de nous mettre d'accord sur un diagnostic qui nous sortent de nos illusions
Là encore, soyons francs: les partis tels qu'ils
fonctionnent ne correspondent absolument plus aux aspirations de nos
concitoyens. Ni plus ni moins politisés que leurs aînés, ils attendent une
évolution radicale de nos pratiques politiques pour réinvestir un champ
politique qu'ils ont pour le moment déserté au profit du champ associatif. Nous
devons sortir d'un fonctionnement vertical et autoritaire, permettre à chacun
d'apporter ses compétences spécifiques au collectif, sans schéma uniforme,
utiliser internet comme un véritable outil politique et démocratique et
redevenir un lieu de réflexion collective plutôt que de communication et de
propagande désuète. Il ne s'agit pas seulement de « rénover » mais de
changer de modèle.
Changer de projet, changer d'organisation, c'est tout
changer. C'est donc un Nouveau Parti Socialiste qu'il nous faut construire pour
être au rendez-vous des défis de l'époque et permettre à la génération qui
vient de construire sa propre histoire du socialisme. La tâche n'est pas si
difficile qu'il n'y paraît. Elle suppose de nous mettre d'accord sur un
diagnostic qui nous sortent de nos illusions puis de nous remettre en action
plutôt que de continuer à feindre d'organiser des événements qui nous
dépassent. Je souhaite que notre prochain Congrès soit l'occasion, non pas de
tout trancher, mais d'imposer vraiment cet indispensable changement et que de premières
décisions fortes soient prises sans attendre en ce sens.
le nouveau parti socialiste existe bel et bien et entend rénover le socialisme de l'extérieur du PS puisque ni son appareil, ni Harlem Désir qui en ont été avisés n'ont souhaité sa collaboration ou s'intéresser à notre démarche. nos statuts et notre déclaration en préfecture datent de février 2006 et le PS reste seul, atrophié et de + en + rejeté.
RépondreSupprimerjusque là inactif, nous l'avons, avec des militants et électeurs socialistes (ré)activé depuis cet automne et par nos campagnes web, nous pèserons à chaque élection...