Le réseau français et européen contre les grands projets
inutiles imposés prend de l’ampleur
Ce week-end voit se dérouler de
nombreuses actions contre les Grands projets inutiles imposés. Les luttes locales
ont commencé à se mettre en réseau, partageant expériences et informations. Car
la même logique destructive et corrompue est à l’œuvre dans tous ces projets
lancés en Europe par les gouvernements et les multinationales.
De nombreux citoyens et peuples, en France, en Europe et
dans le monde, s’interrogent de plus en plus sur la pertinence de projets
pharaoniques : infrastructures liées à la production ou au transport de
personnes, de marchandises, d’énergie (barrages, centrales nucléaires), de matières
premières (mines) ou de ’biens’ manufacturés ; complexes
touristiques, sportifs ou commerciaux...
Négligeant les conséquences pour les populations concernées,
les dégâts environnementaux et climatiques induits, sur la finitude de la
planète, politiques et multinationales prétendent vendre aux citoyens ces
équipements au nom de l’« attractivité du territoire » ou
du « développement ». Face à cette pression toujours plus forte,
la mise en réseau de nombreuses luttes locales commence à se développer.
Des oppositions locales à plusieurs de ces projets ont déjà
une longue histoire, mais ce qui est nouveau, c’est la mise en évidence de
leurs caractéristiques communes et la mise en réseau des luttes et des
alternatives. C’est ainsi que différents collectifs ont initié une réflexion
collective, d’abord autour du ferroviaire, qui a abouti à la Charte d’Hendaye
en janvier 2010.
La question de nouvelles LGV y est posée : outre leur
coût monstrueux, elles déchirent et détruisent les territoires pour des gains
de quelques dizaines de minutes, au détriment de l’entretien et de la desserte
de lignes régionales qui répondent, elles, au besoin des populations locales
Le premier Forum Européen contre les Grands Projets Inutiles
(GPI) a eu lieu à
Venaus, en Italie, en août 2011, à l’initiative de No-Tav
(opposition à la LGV Lyon-Turin), s’ouvrant aux thématiques Transport, au-delà
du ferroviaire. Une délégation de Notre Dame des Landes a répondu à
l’invitation des amis italiens, qui nous ont ’passé le flambeau’.
Le deuxième Forum, à Notre Dame des Landes en
juillet 2012, a dépassé le thème des transports, intégrant la question de
l’énergie ou des équipements touristico-commerciaux tels le projet d’EuroVegas en Espagne. Le
terme« Imposés » s’ajoute alors à la description, et
les « Grands Projets Inutiles Imposés » deviennent des
GPII, appellation de plus en plus souvent reprise.
Depuis, d’autres rencontres ont eu lieu, à Florence en
novembre 2012, au Forum Social Mondial à Tunis en mars 2013, à l’Action Gran
Navi à Venise (contre l’entrée de grands navires dans la lagune, qu’ils
ravagent), 3° Forum contre les GPII à Stuttgard fin juillet 2013->4282].
L’adoption de
différents textes jalonne l’avancée de notre réflexion commune
La charte de Hendaye (23
janvier 2010)
Consacrée au ferroviaire, réunissant des représentants
d’associations (Italie, France, Espagne), rédigée après analyse des différents
dégâts, elle pointe les caractères communs des projets : désastre
écologique, abandon de voies existantes, mensonges, déni de démocratie. Elle
affirme la volonté de créer une opposition européenne et interpelle Commission
Européenne, Parlement européen et gouvernements pour l’arrêt des travaux et
l’ouverture d’un véritable débat public au niveau européen sur le modèle de
transport, d’aménagement du territoire et de société.
Le texte final
du Deuxième Forum contre les GPII à Notre Dame des Landes (10 août 2012)
« Rassemblés pour identifier, recenser, combattre les
grands projets que nous reconnaissons inutiles, ruineux en fonds publics et
socialement injustes, écologiquement destructeurs ou dangereux, et qui excluent
les populations de la prise de décision... », les participants affirment
leur volonté d’« expliquer et populariser largement ce concept, et se
doter de moyens concrets de communication, de mutualisation d’expériences, de
développement d’expertise commune. »
Elle renouvelle les constats, en approfondissant l’analyse
de la situation, « le système économique libéral qui domine le monde
est en crise profonde... les mêmes mécanismes qui endettent les Pays les plus
pauvres depuis la fin de la colonisation directe sont maintenant utilisés aussi
dans les Pays occidentaux ». Elle propose des pistes pour
la « recherche de solutions :
• l’entretien et l’optimisation des infrastructures
existantes ;
• la transformation profonde du modèle économique et social
aujourd’hui en profonde crise, en faisant notamment de la proximité et de la
relocalisation de l’économie, de la protection des terres agricoles, de la
sobriété énergétique et de la transition vers les énergies renouvelables
décentralisées, nos priorités ;
• la restitution de la capacité de décision aux
populations...
• de nouvelles relations entre les peuples au sud comme au
nord, des relations de solidarité qui rompent définitivement avec la logique de
domination et d’impérialisme. »
Enfin la déclarationfinale de Stuttgart, en juillet 2013.
Après le rappel des textes antérieurs, elle
réaffirme « la volonté de renforcer les liens entre les différents
mouvements d’opposition, au niveau national et international, en incluant ceux
d’autres continents.
Ils déclarent qu’ils seront présents dans les débats pour les prochaines élections européennes.
Ils appellent dès aujourd’hui les mouvements d’opposition, l’ensemble de la classe politique et de la société civile à faire respecter toute les dispositions de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ; de même, ils appellent à exiger la signature des Décrets d’application de la Convention d’Aarhus.
Ils déclarent qu’ils seront présents dans les débats pour les prochaines élections européennes.
Ils appellent dès aujourd’hui les mouvements d’opposition, l’ensemble de la classe politique et de la société civile à faire respecter toute les dispositions de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ; de même, ils appellent à exiger la signature des Décrets d’application de la Convention d’Aarhus.
Dès maintenant ils ont décidé de se retrouver pour un 4ème
Forum contre les Projets Inutiles et Imposés qui aura lieu à Roşia Montană, Roumanie,
du 1er au 4 mai 2014 ».
Un réseau pour la
convergence des luttes
En dépit de grandes similitudes entre les projets et les
résistances, les mobilisations sont forcément marquées par les actualités
locales, les acteurs sont variés… En ce sens, des
structures ’verticales’ (syndicats, partis, grandes ong...) sont peu
pertinentes, et c’est bien la nécessité d’une mise en réseau qui s’impose.
Réunir les opposants à l’EPR finlandais et à celui de
Flamanville, les opposants à la LGV pays Basque du nord (côté français) et du
sud fait sens. La mise en réseau nous permet d’échanger et de nous entraider
sur les différentes formes de lutte : « Cherchez les conflits
d’intérêt... et vous verrez, vous en trouverez... » ont sussuré les
amis de l’opposition Lyon Turin à d’autres
luttes qui n’avaient pas forcément exploré cette piste..., et on pourrait
multiplier les exemples.
Pour autant ceci ne nous exempte pas de la recherche de
solidarités locales (syndicats ouvriers et paysans, associations), en
particulier sur les problèmes de l’emploi.
Enclencher la lutte suffisamment en amont d’un projet est
identifiée par tous comme condition nécessaire pour mener des luttes gagnables,
dont tous seront bénéficiaires.
8 décembre : 3è journée européenne contre les GPII
(Grands Projets Inutiles Imposés)
Une mise en visibilité du réseau est la tenue (désormais
européenne, mais aussi au-delà) de journées d’actions à la même date.
Pour l’opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des
Landes, des dizaines de points de visibilité et d’intervention sont prévus pour
la journée du 8 décembre, en particulier en Bretagne. Ce n’est plus
un secret de polichinelle, ils concerneront des zones ’autour’ d’axes
routiers. Les personnes intéressées sont invitées à consulter leur comité le
plus proche (liste parcarte et contact).
D’autres groupes organiseront des soirées (CADE, No Tav...).
D’autres groupes organiseront des soirées (CADE, No Tav...).
Actualiser la carte
des GPII
Enfin cette journée est l’occasion de lancer un appel pour mise
à jour de la carte des GPII.
Cette carte, démarrée par Nicolas H. (membre d’Attac et de
l’Aitec)
est un début de (gros) travail, qu’il faut actualiser et entretenir.
Nous vous invitons à consulter cette carte (par exemple à
partir de ce lien)
et d’envoyer vos GPII et à l’enrichir.
Renforçons notre réseau au niveau mondial !
Cela nécessite la mise en mouvement de millions de
citoyens... et de vous !
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