En raison des prix, les acheteurs de voitures
neuves sont toujours plus âgés : en moyenne 52 ans en France.
Le moindre rayon de lumière étant bon pour le
moral en berne des constructeurs automobiles français, le trentième Observatoire
Cetelem de l’automobile, qui a été dévoilé jeudi 5 décembre
2013, apporte de fait un (modeste) réconfort.
Après une chute vertigineuse des
immatriculations de voitures neuves depuis 2009 (de 2,3 millions à plus de
1,7 million estimées en 2013), soit presque 23 % de recul, les ventes
devraient frémir en 2014 selon les prévisions de l’Observatoire et de la
société d’études et de conseil BIPE.
Un progrès cependant « sur l’épaisseur du trait » selon Flavien Neuvy, responsable de l’Observatoire Cetelem. Les immatriculations neuves pourraient monter jusqu’à 1,8 million alors que le rythme moyen des ventes de véhicules neufs avant la crise était aux alentours de 2 millions d’unités…
Il faut dire que le climat économique n’incite
pas à ces dépenses que les Européens jugent de plus en plus élevées. Ce sont en
effet 70 % des personnes interrogées qui estiment que le prix moyen des
voitures a augmenté au cours des 10 dernières années. Un taux qui monte même à
73 % en France… et à 81 % en Allemagne.
Du coup, les acheteurs de véhicules neufs
sont, en moyenne, de plus en plus âgés : plus de 52 ans en France. Les
« plus jeunes » sont au Portugal (moins de 45 ans).
Le contexte économique, l’inquiétude devant le
chômage expliquent sans doute l’une des « spécificités françaises »
selon Flavien Neuvy. Il se vend ici 3 véhicules d’occasion pour un véhicule
neuf. « C’est la première fois qu’on arrive à un tel niveau »,
insiste le patron de l’Observatoire.
Autre conséquence : seuls 3,4 % des ménages
français ont acheté une voiture neuve en 2013 contre un peu moins de 5 %
avant la crise (si l’on excepte les effets de la prime à la
casse de statut.
L’Observatoire Cetelem a également interrogé
les Européens sur la place de la voiture dans la société et force de constater que
son statut a été bouleversé. Les personnes interrogées estiment (à 52 %)
qu’elle était un symbole de la réussite et d’ascension sociales. Aujourd’hui,
elle représente surtout une possibilité d’indépendance d’autonomie et de gain
de temps. Particulièrement pour les femmes.
Mieux encore, quand on demande aux gens ce que
l’automobile représentera dans dix ans, les réponses les plus nombreuses
évoquent « un moyen de déplacement parmi d’autres ». Mais aussi
l’innovation. D’ailleurs, les Français sont 77 % à estimer que la marque
sera un critère d’achat aussi important qu’aujourd’hui.
La voiture aura donc, selon les trois quarts
des Français, une place aussi importante dans la société mais une place
totalement différente.
C’est en effet presque la moitié des personnes
interrogées en France qui estime que l’automobile sera un bien dont on sera de
moins en moins l’unique propriétaire : 30 % croient à un service qu’on
utilise et que l’on paie lorsqu’on en a besoin et 19 % à un bien que l’on
possède même à plusieurs.
Impossible de ne pas rapprocher ces sentiments
du succès constaté de l’autopartage en France ou des services de location en
libre-service. Coïncidence : le service Autolib’ fêtait mercredi 4 décembre
le deuxième anniversaire de sa création à Paris.
Ce service de voitures électriques dispose
aujourd’hui d’un parc de 2 000 véhicules et a enregistré 3,4 millions
de locations. On trouve 830 stations et 4 300 bornes de rechargement dans
la capitale. L’Observatoire montre d’ailleurs que 42 % des Français
imaginent dans 10 ans utiliser un véhicule qui ne leur appartient pas. Un
défi de plus pour l’industrie automobile.
MICHEL WAINTROP
(1) Enquête réalisée entre
le 2 et le 11 septembre 2013 par TNS Sofres auprès de 4 830 personnes
avec des échantillons représentatifs des 8 pays de l’étude : France, Italie,
Espagne, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal, Belgique et Turquie.
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