Débat - Les économistes atterrés | Vendredi 29 Novembre
2013
Le 15 septembre 2008, la banque Lehman Brothers chutait et
l’économie mondiale entrait dans la crise le plus profonde depuis 1929. Les
banques centrales, les autorités de régulation, les dirigeants politiques - les
banques elles-mêmes… - promettaient d’adopter les réformes nécessaires au
nom du «plus jamais ça». Le candidat Hollande avait affirmé dans son engagement
n° 7 : « Je veux mettre les banques au service de l’économie »
et de promettre : « Je séparerai les activités des banques qui sont utiles
à l’investissement et à l’emploi, de leurs activités spéculatives. J’interdirai
aux banques françaises d’exercer dans les paradis fiscaux … ».
¬ Le système bancaire est-il plus sûr ?
Pour empêcher la prise excessive de risques par des banques devenues « too big too fail », pour éviter que leur faillite soit un danger pour l’ensemble du système et de l’économie, une séparation des banques de détail des banques d’investissement est indispensable. Or les réformes adoptées se sont contentées d’apporter « un ajustement à la marge ». Sous la pression des lobbies, la réforme adoptée en France ne touchera pas au modèle de la banque universelle, elle laisse intacte 99% des activités bancaires. Il n’y aura pas de séparation stricte de la banque de détail et des activités de marchés. Les banques vont pouvoir continuer à fonctionner comme avant la crise.
¬ La spéculation financière et l’évasion fiscale vont-elles
cesser ?
Les quelques avancées sur la transparence des activités des
banques n’auront qu’un effet limité sur leurs opérations dans les paradis
fiscaux. La moitié des transactions financières et commerciales transitent
encore aujourd’hui par une centaine de territoires ayant les caractéristiques
de paradis fiscaux. Les multinationales sont les premières clientes des paradis
fiscaux, et les banques sont les multinationales les plus implantées dans ces
zonesoff shore. Or il n’y a toujours pas d’accord international sur la
fiscalité des entreprises multinationales. Les sociétés écrans, qui permettent
de dissimuler des flux financiers, ne sont toujours pas bannies.
¬ L’Union bancaire, un remède à la crise
actuelle ?
Au Conseil européen des 28 et 29 juin 2013, les chefs d’État ou de gouvernement de l’Union européenne ont décidé d’aller vers une intégration économique et monétaire plus poussée, et ont adopté le principe d’une union bancaire. L’objectif affiché est de « rompre le cercle vicieux entre les banques et les États ». Les députés européens ont voté le 12 septembre 2013 un système européen de surveillance bancaire qui placera les quelques 130 plus grandes banques de l'UE sous la surveillance directe de la BCE à partir de septembre 2014. Or la BCE a, jusqu’à présent, accordé des aides massives aux banques sans pour assurer leur pérennité. Aucune condition n'accompagne cet octroi de liquidités, aucune exigence n’est imposée quant à l'usage qui en est fait pour soutenir l'économie réelle et lutter contre le chômage. Qu'est-ce qui empêchera les banques de poursuivre sur le même modèle ?
Les économistes « atterrés » par les politiques
actuelles et par l’absence de véritables mesures pour lutter contre la crise,
vous invitent à participer à une conférence-débat sur ces questions et à
discuter des politiques qui s’imposent afin de remettre les banques au service
de l’économie.
Pour répondre à ces questions…
Dans le cadre des Rencontres mensuelles des « atterrés
»,
Jeudi 5 décembre 2013, de 20h à 22h30
Salle Bruxelles, FIAP Jean Monnet, 30 rue Cabanis 75014
Paris M° Glacière
(entrée libre et gratuite dans la limite des places
disponibles)
Débat : cinq ans après Lehman Brothers,
où en est la régulation
financière?
Intervenants
- Laurent Clerc, directeur de la stabilité financière à
la Banque de France, et auparavant Directeur des Études Monétaires et
Financières (2008-2011); Adjoint au directeur de la Stabilité financière
(2008); Chef du Service d’Études et de Recherche sur la Politique Monétaire
(2004-2007) Économiste à l’OCDE (2003) à la Banque Centrale Européenne (2002)
et la Banque d'Angleterre (1999-2000)
- Jean-Michel Naulot, 40 ans de carrière dans la banque
et membre de l'AMF (Autorité des marchés financiers), qui vient de
publier Crise fianancière, pourquoi les gouvernements ne fontrien. _
- Laurence Scialom, professeur à l’Université Paris 10,
spécialiste de la régulation bancaire, membre du Directoire d'EconomiX depuis
la création du laboratoire, actuellement responsable de l'axe de recherche
"Monnaie - Finance - Intermédiation" (MFI) au sein de l'UMR
EconomiX.
Animateurs : Esther Jeffers, maître de conférences à Paris VIII, spécialiste de l’économie bancaire et financière, et Dominique Plihon, professeur et responsable du pôle spécialisé en économie financière à Paris 13, tous deux membres du CA des « atterrés » et du Conseil scientifique d’Attac.
D’ici là, retrouvez nos analyses et positions sur le sujet
dans les chroniques et articles de notre sitehttp://atterres.org.
Ce débat est soutenu chaudement par marianne.net
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