Par Fabien Piliu | 06/11/2015
Selon l'Insee, les chefs d'entreprises industrielles ne prévoient plus que d'augmenter de 1% leurs investissements en 2015, soit moins qu'en 2014 ! Sachant que l'emploi est toujours en berne, un constat s'impose : la politique de l'offre du gouvernement fait un bide retentissant.
L'enthousiasme du début d'année est douché : Lors de la première enquête de conjoncture dans l'industrie, les chefs d'entreprises étaient tout feu tout flamme. Ils tablaient alors sur une augmentation de 7% de leurs investissements. Dans la foulée, le gouvernement se réjouissait, expliquant que cet allant était le fruit de la politique de l'offre menée depuis janvier 2014 et symbolisée par le lancement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Une politique renforcée par les allégements de cotisations patronales contenues dans les Pacte de responsabilité entrés en vigueur le 1er janvier 2015.
Las, depuis le début d'année, les anticipations des chefs d'entreprises ont été abaissées à plusieurs reprises. Désormais, selon l'enquête de l'Insee publiée ce vendredi, ils n'envisagent d'augmenter leurs investissements que de 1%, en dépit du plan gouvernemental en faveur de l'investissementlancé en avril par Manuel Valls, le Premier ministre ! Ils tablaient encore sur une progression de 2% en juillet. " Cette révision à la baisse est importante pour les industries agro-alimentaires dont l'investissement augmenterait de 1 % sur l'année, au lieu de +9 % annoncé en juillet ", observe l'Insee.
Concrètement, l'exercice 2015 sera encore moins que le précédent puisqu'en 2014, l''investissement avait augmenté de 3%.
L'usine du futur est encore dans les limbes
Autre point négatif, 29% des investissements prévus seraient de simples renouvellements de biens de production. La modernisation, la rationalisation ne concernent que 23% des projets d'investissements, dont 8% pour l'automatisation, 7% pour les nouvelles techniques et 6% pour les économies d'énergie. En novembre 2012, le rapport Gallois sur la compétitivité française avait pointé du doigt l'insuffisante automatisation de l'appareil industriel français par rapport à ses concurrents allemand et italien. Ces chiffres signent pour l'instant l'échec du gouvernement à développer l'usine du futur.
Pourtant, aux dispositifs lancés par le gouvernement, qui ont permis de réduire le coût du travail dans l'industrie au-dessous de celui affiché par l'Allemagne, s'ajoutent des facteurs exogènes qui participent au redressement de leur taux de marge : la chute des prix d'un certain ombre de matières premières et, notamment, des hydrocarbures et la dépréciation de l'euro face au dollar entamées à l'été 2014 qui permettent le redressement de leur compétitivité prix.
Pourtant, le taux de marge progresse
A défaut de servir l'investissement, le redressement du taux de marge, passé de 29,5% en 2014 à 31,3% cette année a-t-il permis de stopper la dégradation du marché de l'emploi ? Ce n'est malheureusement pas le cas.
Certes, le nombre de demandeurs d'emplois a heureusement reculé en septembre, avec 23.800 chômeurs en catégorie A en moins. Mais Il faudrait que cette reprise des embauches devienne une tendance lourde pour que l'on puisse enfin évoquer une inversion de la courbe du taux de chômage - promise fin 2013 par le gouvernement - et que les économistes n'espèrent pas avant le deuxième semestre 2016. Actuellement, Pôle emploi recense 3.547.800 demandeurs d'emplois dans cette catégorie.
Où sont les relais de croissance ?
Comment expliquer cette modestie des investissements alors que le climat des affaires a dépassé en octobre sa moyenne de long terme et ce pour la première fois depuis août 2011 ? Plusieurs facteurs peuvent être avancés. La solidité de la consommation tient surtout à la très bonne tenue des dépenses en énergie. Les achats de biens durables progressent certes, mais pas à un rythme suffisamment élevé pour inciter les entreprises à augmenter leurs capacités de production qui s'élevaient en octobre à 82,5%, selon l'Insee, deux points en-dessous de sa moyenne de long terme. Quant à la commande publique, elle souffre de la rigueur budgétaire, ce qui pèse naturellement sur l'activité des entreprises, conformément à ce qui était pronostiqué par les économistes. Sachant que le tissu tricolore ne compte qu'à peine 121.000 entreprises exportatrices, l'export n'est que dans trop peu de cas un véritable relais de croissance.
Dans ce contexte, on ne peut s'étonner de la morosité qu'inspirent les statistiques des Douanes publiées ce vendredi 6 novembre. En septembre, les exportations ont reculé de 0,6% après avoir chuté de 2,7 % en août. Si le déficit cumulé sur les neuf premiers mois de l'année atteint 31,5 milliards d'euros, très loin des 45,8 milliards d'euros enregistrés un an plus tôt, c'est essentiellement en raison de la dégringolade des cours du brut. Il ne reste plus qu'à espérer que ce repli des exportations s'interrompe prochainement. Sinon, on pourrait en déduire que le made in France souffre technologiquement de la comparaison avec ses concurrents. Ce serait alors la conséquence de la faiblesse chronique de l'investissement des entreprises.
Les retards de paiement s'allongent
autre explication peut être avancée pour expliquer ce sous-investissement. Et si le CICE et les économies de cotisations permises par le Pacte de responsabilité permettaient aux entreprises de faire face à l'allongement des délais de paiement ? Selon une étude du cabinet Arc, le retard de paiement moyen s'élève actuellement à 13,9 jours, au-dessus des 60 jours prévus par la loi. En 2014, ce retard atteignait 10 jours. La société Altares estime à 635 milliards d'euros le montant global des crédits fournisseurs, soit près du tiers du PIB de la France.
Les entreprises sont toujours en sureffectif
Dans le domaine de l'emploi, cette inertie serait due au niveau très élevé des postes en sureffectifs. L'OFCE les évaluait à 100.000 au deuxième trimestre 2015. Quelles sont les perspectives qu'offre la politique de l'offre qui devrait s'intensifier en 2016, avec la montée en puissance des allègements de cotisations prévus par le Pacte de responsabilité ? Le moins que l'on puisse dire est qu'elles ne sont pas très réjouissantes.
Les chefs d'entreprises n'anticipent pas une véritable reprise de leurs investissements en 2016. Pour l'instant, c'est une augmentation de 3% qui est estimée. Il ne faudrait pas que cette prévision soit également révisée à la baisse l'année prochaine...
Les perspectives sur le marché de l'emploi ne sont guère plus enthousiasmantes. Jeudi, Bruxelles a même précisé que cette baisse du chômage n'interviendrait pas avant 2017. Le gouvernement saura-t-il faire mentir la Commission européenne ? Les demandeurs d'emplois l'espèrent. Eperdument.
Selon l'Insee, les chefs d'entreprises industrielles ne prévoient plus que d'augmenter de 1% leurs investissements en 2015, soit moins qu'en 2014 ! Sachant que l'emploi est toujours en berne, un constat s'impose : la politique de l'offre du gouvernement fait un bide retentissant.
L'enthousiasme du début d'année est douché : Lors de la première enquête de conjoncture dans l'industrie, les chefs d'entreprises étaient tout feu tout flamme. Ils tablaient alors sur une augmentation de 7% de leurs investissements. Dans la foulée, le gouvernement se réjouissait, expliquant que cet allant était le fruit de la politique de l'offre menée depuis janvier 2014 et symbolisée par le lancement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Une politique renforcée par les allégements de cotisations patronales contenues dans les Pacte de responsabilité entrés en vigueur le 1er janvier 2015.
Las, depuis le début d'année, les anticipations des chefs d'entreprises ont été abaissées à plusieurs reprises. Désormais, selon l'enquête de l'Insee publiée ce vendredi, ils n'envisagent d'augmenter leurs investissements que de 1%, en dépit du plan gouvernemental en faveur de l'investissementlancé en avril par Manuel Valls, le Premier ministre ! Ils tablaient encore sur une progression de 2% en juillet. " Cette révision à la baisse est importante pour les industries agro-alimentaires dont l'investissement augmenterait de 1 % sur l'année, au lieu de +9 % annoncé en juillet ", observe l'Insee.
Concrètement, l'exercice 2015 sera encore moins que le précédent puisqu'en 2014, l''investissement avait augmenté de 3%.
L'usine du futur est encore dans les limbes
Autre point négatif, 29% des investissements prévus seraient de simples renouvellements de biens de production. La modernisation, la rationalisation ne concernent que 23% des projets d'investissements, dont 8% pour l'automatisation, 7% pour les nouvelles techniques et 6% pour les économies d'énergie. En novembre 2012, le rapport Gallois sur la compétitivité française avait pointé du doigt l'insuffisante automatisation de l'appareil industriel français par rapport à ses concurrents allemand et italien. Ces chiffres signent pour l'instant l'échec du gouvernement à développer l'usine du futur.
Pourtant, aux dispositifs lancés par le gouvernement, qui ont permis de réduire le coût du travail dans l'industrie au-dessous de celui affiché par l'Allemagne, s'ajoutent des facteurs exogènes qui participent au redressement de leur taux de marge : la chute des prix d'un certain ombre de matières premières et, notamment, des hydrocarbures et la dépréciation de l'euro face au dollar entamées à l'été 2014 qui permettent le redressement de leur compétitivité prix.
Pourtant, le taux de marge progresse
A défaut de servir l'investissement, le redressement du taux de marge, passé de 29,5% en 2014 à 31,3% cette année a-t-il permis de stopper la dégradation du marché de l'emploi ? Ce n'est malheureusement pas le cas.
Certes, le nombre de demandeurs d'emplois a heureusement reculé en septembre, avec 23.800 chômeurs en catégorie A en moins. Mais Il faudrait que cette reprise des embauches devienne une tendance lourde pour que l'on puisse enfin évoquer une inversion de la courbe du taux de chômage - promise fin 2013 par le gouvernement - et que les économistes n'espèrent pas avant le deuxième semestre 2016. Actuellement, Pôle emploi recense 3.547.800 demandeurs d'emplois dans cette catégorie.
Où sont les relais de croissance ?
Comment expliquer cette modestie des investissements alors que le climat des affaires a dépassé en octobre sa moyenne de long terme et ce pour la première fois depuis août 2011 ? Plusieurs facteurs peuvent être avancés. La solidité de la consommation tient surtout à la très bonne tenue des dépenses en énergie. Les achats de biens durables progressent certes, mais pas à un rythme suffisamment élevé pour inciter les entreprises à augmenter leurs capacités de production qui s'élevaient en octobre à 82,5%, selon l'Insee, deux points en-dessous de sa moyenne de long terme. Quant à la commande publique, elle souffre de la rigueur budgétaire, ce qui pèse naturellement sur l'activité des entreprises, conformément à ce qui était pronostiqué par les économistes. Sachant que le tissu tricolore ne compte qu'à peine 121.000 entreprises exportatrices, l'export n'est que dans trop peu de cas un véritable relais de croissance.
Dans ce contexte, on ne peut s'étonner de la morosité qu'inspirent les statistiques des Douanes publiées ce vendredi 6 novembre. En septembre, les exportations ont reculé de 0,6% après avoir chuté de 2,7 % en août. Si le déficit cumulé sur les neuf premiers mois de l'année atteint 31,5 milliards d'euros, très loin des 45,8 milliards d'euros enregistrés un an plus tôt, c'est essentiellement en raison de la dégringolade des cours du brut. Il ne reste plus qu'à espérer que ce repli des exportations s'interrompe prochainement. Sinon, on pourrait en déduire que le made in France souffre technologiquement de la comparaison avec ses concurrents. Ce serait alors la conséquence de la faiblesse chronique de l'investissement des entreprises.
Les retards de paiement s'allongent
autre explication peut être avancée pour expliquer ce sous-investissement. Et si le CICE et les économies de cotisations permises par le Pacte de responsabilité permettaient aux entreprises de faire face à l'allongement des délais de paiement ? Selon une étude du cabinet Arc, le retard de paiement moyen s'élève actuellement à 13,9 jours, au-dessus des 60 jours prévus par la loi. En 2014, ce retard atteignait 10 jours. La société Altares estime à 635 milliards d'euros le montant global des crédits fournisseurs, soit près du tiers du PIB de la France.
Les entreprises sont toujours en sureffectif
Dans le domaine de l'emploi, cette inertie serait due au niveau très élevé des postes en sureffectifs. L'OFCE les évaluait à 100.000 au deuxième trimestre 2015. Quelles sont les perspectives qu'offre la politique de l'offre qui devrait s'intensifier en 2016, avec la montée en puissance des allègements de cotisations prévus par le Pacte de responsabilité ? Le moins que l'on puisse dire est qu'elles ne sont pas très réjouissantes.
Les chefs d'entreprises n'anticipent pas une véritable reprise de leurs investissements en 2016. Pour l'instant, c'est une augmentation de 3% qui est estimée. Il ne faudrait pas que cette prévision soit également révisée à la baisse l'année prochaine...
Les perspectives sur le marché de l'emploi ne sont guère plus enthousiasmantes. Jeudi, Bruxelles a même précisé que cette baisse du chômage n'interviendrait pas avant 2017. Le gouvernement saura-t-il faire mentir la Commission européenne ? Les demandeurs d'emplois l'espèrent. Eperdument.
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