par Laurent Herblay | 12 novembre 2015
Mardi matin, le ministre de l’économie était l’invité d’Europe 1 pendant deux heures. Une auditrice avait du mal à voir des différences entre ce qu’il dit et François Fillon, dont elle notait pourtant qu’on le qualifier de tchatchérien. Un constat qui en dit long sur ce gouvernement.
Toujours plus loin dans le néolibéralisme
Cette matinée venait un jour à peine après l’annonce d’une deuxième « loi fourre-tout », selon Le Monde. Ce gouvernement adopte une démarche originale, le quotidien notant « la seule chose qui manque encore, à un mois des premières propositions, c’est… le contenu du projet de loi (…) Il fut un temps où les projets de loi correspondaient à une réforme précisément définie au préalable, comme le passage aux 35 heures. Avec son projet, le ministre de l’économie teste un autre modèle, celui de la réforme participative ». Macron s’est même permis de dire « je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet. Peut-être que, même, il n’y en a pas. Peut-être que les choses se font seules ». Voilà qui en dit long sur la philosophie politique du ministre, décidément bien libéral-libertaire d’inspiration.
Quand Thatcher et Reagan menaient une guerre idéologique, ce gouvernement est plus insidieux car plus diffus et moins frontal. D’ailleurs quand Macron dit qu’il ne sait pas ce que sont les réformes à faire, le menu semble pourtant copieux. Lundi, il évoquait lasuppression de qualifications obligatoires pour des centaines d’activité, ce qui en dit long, encore une fois, sur sa philosophie. Et mardi, nous avons eu droit à un appel aux « capitaux-riskers », un soutien au travail du dimanche et la nouvelle économie, la libéralisation des emplois à faible capitalisation, le paiement des fonctionnaires au mérite, la flexibilité du temps de travail par la négociation. Le tout, en disant que : « C’est très important pour notre pays et pour nos régions de tout faire pour empêcher que le FN n’accède aux responsabilités ».
Réduire l’espace politique de l’adversaire
Il y a bien une logique dans tout ce que défend et fait avancer Emmanuel Macron : outre la libéralisation, on trouve un refus de l’Etat qui le mène à déconstruire toute logique de norme nationale unique pour permettre des négociations à la carte. Mais ceci pose bien des problèmes. D’abord, dans le contexte actuel, avec un fort chômage, cela est bien plus favorable aux entreprises qu’aux salariés ou chômeurs, qui négocient avec un pistolet sur la tempe. Ensuite, cela revient à libéraliser de manière diffuse et progressive, sans permettre de se rendre compte de l’ampleur des changements que cela permet, d’autant plus que ce sont les acteurs individuels qui le décident, et non un Etat, qui démissionne et en vient à laisser faire des rapports de force pourtant bien défavorables aux citoyens actuellement.
Ce faisant, il construit une société de plus en plus atomisée, avec un Etat en retrait qui laisse faire tous les atomes de la société, en fermant les yeux sur le fait que cela favorise les plus forts. Mais, outre l’adhésion idéologique à cette vision du monde, on peut aussi voir des motifs plus politiciens à la politique que mène le ministre. En effet, Emmanuel Macron occupe le flan droit de Manuel Valls, le Premier Ministre étant déjà à la base très à droite de la majorité. Mais ce faisant, sur les questions économiques, le président ne laisse plus d’espace politique aux Républicains, le ministre titulaire tenant un discours similaire à François Fillon, alors même que celui-ci appelle son camp à être plus libéral qu’il ne l’a été pendant cinq ans. On peut y voir une tentative de suivre les leçons politiciennes de Tony Blair…
Bien sûr, il reste aux Républicains la possibilité de se démarquer sur les questions des migrants, de société ou de sécurité, ce qui explique sans doute que Nicolas Sarkozy ait choisi ce thème pour faire ses premières propositions. Rendez-vous en 2017 pour juger la pertinence de ces choix.
Mardi matin, le ministre de l’économie était l’invité d’Europe 1 pendant deux heures. Une auditrice avait du mal à voir des différences entre ce qu’il dit et François Fillon, dont elle notait pourtant qu’on le qualifier de tchatchérien. Un constat qui en dit long sur ce gouvernement.
Toujours plus loin dans le néolibéralisme
Cette matinée venait un jour à peine après l’annonce d’une deuxième « loi fourre-tout », selon Le Monde. Ce gouvernement adopte une démarche originale, le quotidien notant « la seule chose qui manque encore, à un mois des premières propositions, c’est… le contenu du projet de loi (…) Il fut un temps où les projets de loi correspondaient à une réforme précisément définie au préalable, comme le passage aux 35 heures. Avec son projet, le ministre de l’économie teste un autre modèle, celui de la réforme participative ». Macron s’est même permis de dire « je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet. Peut-être que, même, il n’y en a pas. Peut-être que les choses se font seules ». Voilà qui en dit long sur la philosophie politique du ministre, décidément bien libéral-libertaire d’inspiration.
Quand Thatcher et Reagan menaient une guerre idéologique, ce gouvernement est plus insidieux car plus diffus et moins frontal. D’ailleurs quand Macron dit qu’il ne sait pas ce que sont les réformes à faire, le menu semble pourtant copieux. Lundi, il évoquait lasuppression de qualifications obligatoires pour des centaines d’activité, ce qui en dit long, encore une fois, sur sa philosophie. Et mardi, nous avons eu droit à un appel aux « capitaux-riskers », un soutien au travail du dimanche et la nouvelle économie, la libéralisation des emplois à faible capitalisation, le paiement des fonctionnaires au mérite, la flexibilité du temps de travail par la négociation. Le tout, en disant que : « C’est très important pour notre pays et pour nos régions de tout faire pour empêcher que le FN n’accède aux responsabilités ».
Réduire l’espace politique de l’adversaire
Il y a bien une logique dans tout ce que défend et fait avancer Emmanuel Macron : outre la libéralisation, on trouve un refus de l’Etat qui le mène à déconstruire toute logique de norme nationale unique pour permettre des négociations à la carte. Mais ceci pose bien des problèmes. D’abord, dans le contexte actuel, avec un fort chômage, cela est bien plus favorable aux entreprises qu’aux salariés ou chômeurs, qui négocient avec un pistolet sur la tempe. Ensuite, cela revient à libéraliser de manière diffuse et progressive, sans permettre de se rendre compte de l’ampleur des changements que cela permet, d’autant plus que ce sont les acteurs individuels qui le décident, et non un Etat, qui démissionne et en vient à laisser faire des rapports de force pourtant bien défavorables aux citoyens actuellement.
Ce faisant, il construit une société de plus en plus atomisée, avec un Etat en retrait qui laisse faire tous les atomes de la société, en fermant les yeux sur le fait que cela favorise les plus forts. Mais, outre l’adhésion idéologique à cette vision du monde, on peut aussi voir des motifs plus politiciens à la politique que mène le ministre. En effet, Emmanuel Macron occupe le flan droit de Manuel Valls, le Premier Ministre étant déjà à la base très à droite de la majorité. Mais ce faisant, sur les questions économiques, le président ne laisse plus d’espace politique aux Républicains, le ministre titulaire tenant un discours similaire à François Fillon, alors même que celui-ci appelle son camp à être plus libéral qu’il ne l’a été pendant cinq ans. On peut y voir une tentative de suivre les leçons politiciennes de Tony Blair…
Bien sûr, il reste aux Républicains la possibilité de se démarquer sur les questions des migrants, de société ou de sécurité, ce qui explique sans doute que Nicolas Sarkozy ait choisi ce thème pour faire ses premières propositions. Rendez-vous en 2017 pour juger la pertinence de ces choix.
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