Les années passent mais la crise reste, surtout en France.
Et notre économie ne pourra repartir que si on s'appuie sur des constats réels
pour établir une stratégie.
Lors de ses vœux à la Nation, François Hollande a pu
préciser que la crise avait été « plus longue et plus profonde que
prévu ». 2013 aura été une année « intense et difficile ». De ce
constat, le président s’est fixé l’emploi comme objectif prioritaire, une
nouvelle fois. C’est dans ce contexte qu’il apparaît nécessaire de mettre en
évidence les causes de la crise et de définir l’indispensable action à mener
pour offrir un réel résultat sur cet objectif prioritaire de François Hollande.
Un diagnostic alternatif à la crise que nous traversons a
pourtant vu le jour en 2009 ; cette crise n’est ni financière, ni une
crise de la dette, mais une crise monétaire. Ce constat a été mis à jour
par l’économiste Scott Sumner en premier lieu, puis a notamment été exprimé par
les économistes David Beckworth et Ramesh Ponnuru au cours de l’article
« Un changement de régime monétaire » publié par la très influente National
Review en juin 2012 :
« Les Observateurs tendent à penser que la crise
actuelle qui frappe l’Europe est le résultat d’Etats providence trop
dépensiers. Et que ces pays seraient en bien meilleure posture s’ils avaient
des niveaux de dépenses moins élevés et un marché du travail moins régulé. Mais
plusieurs nations concernées par la crise de la zone euro, comme la France et
l’Espagne, avaient des niveaux de dépenses et de revenus plutôt équilibrés
avant la crise. Le réel problème a été, encore une fois, monétaire. L’Europe a
eu pendant une décennie une politique monétaire parfaitement calibrée aux
circonstances économiques allemandes mais pas aux autres pays de la zone euro,
spécialement pour les pays de la périphérie. Le revenu nominal allemand a
progressé de manière parfaitement stable au cours de cette période. Dans la
périphérie, par contre, il a été d’abord suivi une forte tendance à la hausse
avant de s’écrouler. Pour la zone euro dans son ensemble, le revenu nominal a
chuté bien en deçà de sa tendance pré-crise, et a continué a chuté encore plus
loin de celle-ci. Et la politique monétaire reste très stricte dans la zone
euro dans sa globalité. L’effet de cet écroulement a notamment été, en Europe
et aux États-Unis, de faire progresser le niveau de dette.»
Le constat réalisé par les économistes peut être identifié
dans les graphiques suivants :
Dépenses nominales et tendance pré-crise . Euro Zone.
Cet effondrement des variables nominales a été compensé par
les Etats européens par le recours à la dette.
Corrélation du revenu nominal et de la dette. Eurozone
Dette qui ne pourra pourtant pas permettre de compenser
l’irrépressible montée du chômage, elle-même causée par le décrochage nominal
de l’économie européenne.
source BCE
La complexité du phénomène tient au fait que cette analyse
parait minimiser le rôle des problèmes structurels, notamment en France. Il
n’est est rien. Le poids de la fiscalité, l’importance du poids de l’Etat et
les contraintes économiques sont lourdes. Mais elles ne sont simplement pas la
cause de la crise que nous traversons. Celle-ci est monétaire. Nos problèmes
structurels sont un poids à notre potentiel de croissance, mais cela est le cas
depuis plusieurs décennies. Et ce sont bien deux problèmes distincts. La
résolution des problèmes structurels permettra d’améliorer le potentiel de
croissance de la France, mais ne sera pas une solution à cette crise. Ils
seront un avantage décisif pour améliorer notre potentiel futur. Mais encore
une fois, pour la crise, c’est du côté monétaire qu’il va falloir se tourner.
Et ce diagnostic monétaire a depuis lors été repris au plus
haut niveau. Les autorités monétaires américaines, britanniques et japonaises
ont intégré cette nouvelle approche et ainsi révolutionné leur programme
anti-crise. L’Europe s’est trouvée quant à elle incapable de réagir à cette
nouvelle doctrine avec les résultats que nous connaissons aujourd’hui.
Dès lors que cette approche pourra être acceptée par le
président Hollande, des moyens d’actions lui seront ouverts, mais resteront
limités. Car seule une révision des traités européens et des statuts de la
Banque centrale européenne pourra permettre de traiter efficacement le patient
européen ; en intégrant la notion de plein emploi au seul objectif actuel
de stabilité des prix, la BCE aura les moyens d’agir. Mais pour en arriver là,
la France va devoir convaincre son partenaire, l’Allemagne.
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