mercredi 29 janvier 2014

Intervention Motion 4 au Bureau national du 28 Janvier 2014

Par Frédéric Lutaudmembre du Bureau national


Harlem,

Personne, ici, ne confond la politique du gouvernement avec celle de la droite. Nous faisons la différence entre les deux. Si nous sommes ici, c’est que nous connaissons les valeurs qui nous rassemblent. Seulement, mes camarades et moi, nous sommes inquiets, très inquiets : les chiffres du chômage sont catastrophiques. Le président n’a pas tenu sa promesse d’inverser la courbe du chômage. Et nous savons que le chômage, la première préoccupation des français est le lisier de l’extrême-droite. Alors ne nous étonnons pas des manifestations réactionnaires qui polluent aujourd’hui notre pays. 

Jean-Marc Germain parlait, à l'instant, de retrouver le chemin du plein-emploi mais le gouvernement ne propose aucune solution pour vaincre le chômage de masse.

Il exclut la possibilité de partager le travail au prétexte que ce n’est possible qu’en période de croissance. C’est faux. La preuve, les Etats-Unis mettent en place un programme de partage du travail dans plus de 23 États. L’Allemagne, au plus fort de la crise a mis en place le kurtzarbeit, littéralement partage du travail, qui a permis une progression du chômage deux fois inférieure à celle de la France.
Mais la vérité, c’est que le partage du travail existe déjà en France. Ce sont les entreprises elles-mêmes qui le mettent en place en utilisant massivement les contrats courts, les temps partiels, tous ces emplois subits. La question est de savoir si nous laissons faire le marché avec les conséquence que cela implique : d’un coté ceux qui travaillent encore, souvent trop, de l’autre ceux qui ne travaillent pas assez et ceux qui ne travaillent pas du tout. Il faut rompre avec cette répartition anarchique et légiférer sur le temps de travail.


Mais le gouvernement refuse ne serait-ce que d’ouvrir le dossier. Que nous reste t’il ?

Il y a bien les emplois aidés. Nous souscrivons à cette démarche en temps de crise. Que l’Etat subventionne les embauches, malgré les effets d’aubaine pour les employeurs, reste positif pour de nombreux jeunes. Remarquons au passage que la démarche est contradictoire avec la politique de l’offre proposée par François Hollande. C’est un soutien direct à la demande en subventionnant les salaires. Mais les emplois aidés restent insuffisants, ils n’arrivent même pas à faire reculer le chômage.

Que nous propose le gouvernement ?

La baisse du coût du travail qui devrait permettre aux entreprises d'embaucher. Si on se livre a un calcul simple, nous obtenons ceci : le coût du travail représente 20% à 25% du coût de production d’une entreprise. L’exonération des cotisations familiales représente 35 milliards d’euros. Autrement dit, 5 % du coût du travail. 5% de 25% du coût du travail cela représente une baisse de 1,2% du coût de production. Je répète, 1,2% du coût de production. Qui peut croire que cela va révolutionner les marges des entreprises alors que les carnets de commande manquent à l’appel, que la demande n’est pas là ? Pendant ce temps le coût du capital étrangle l’économie en versant des dividendes et des salaires patronaux indécents. Ce n’est pas la crise pour tout le monde.

Dans ces conditions, comment exiger des contreparties ? Même si les entreprises le voulaient, l’exonération des cotisations familiales ne leur permet pas. Sans mesures contraignantes pour le coût du capital toute tentative de réguler l’économie est vaine. Et François Hollande nous propose au mieux un « observatoire des contreparties ». Observer c'est bien, légiférer c'est mieux.

Si nous voulons permettre aux entreprises de créer de l’emploi, il faut encadrer les salaires et plafonner les dividendes pour que les grands groupes cessent leur politique de pillage des taux de marge des PME/PMI sous-traitante, ce qui les empêche de se développer.

Nous ne pouvons rien attendre de la baisse du coût du travail, sans compter que nos partenaires économiques européens ne resteront pas sans réagir. Nous ne faisons qu'encourager le dumping fiscal.

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