Par JC Werrebrouck / 1 octobre 2014
Résumé
Le présent texte propose un principe d'explication
du monde. A partir de postulats simples, il permet de comprendre et de resituer
les grands évènements qui semblent mobiliser l'actualité : l'économie comme
puissance hégémonique, la décomposition/recomposition des Etats dans la
mondialisation, la crise du politique, l'étiolement de la démocratie
représentative au profit d'une oligarchie politico-financière, l'individualisme
radical, l'effacement progressif des droits sociaux dans les anciens pays
développés, etc.
Autant de faits constatés à la "surface des
choses", mais faits qu'il convient de relier dans un système global d'explications. Comme tout modèle, il doit être confronté à la
réalité. Aux lecteurs de s'y livrer.
Le monde dit post-moderne semble s'annoncer sous l'étendard
du marché généralisé et de la démocratie représentative. Pour l'essentiel,
il comprend 3 catégories d’acteurs : le groupe des entrepreneurs
politiques, celui des entrepreneurs économiques et celui des citoyens/
salariés/ consommateurs/ épargnants ( « CSCE »).
Les producteurs de l’universel
Le premier groupe est constitué d’acteurs en
concurrence pour l’accès à ce monopole qu’est l’Etat. Animés par un
intérêt privé — pour l'essentiel le goût du pouvoir — ils
professionnalisent une fonction et transforment en métier, l’édiction de
l’universel de la société, à savoir la production du cadre institutionnel et
juridique général.
A ce titre, il y a utilisation classique d'outils de
la contrainte publique à des fins privées. L’objectif privé est la
conquête ou la reconduction au pouvoir, utilité pour laquelle il faut supporter
et reporter un ensemble de coûts : programmes se transformant en textes,
se transformant eux-mêmes en impôts/dépenses publiques, ou se
transformant en redistribution des niveaux de satisfaction des divers agents
relevant du monopole étatique.
La démocratie ne change pas fondamentalement les données du
problème puisque la puissance publique ne peut-être que ce qu’elle a toujours
été : un monopole. Il y a simplement concurrence à partir d’un appel
d’offres : quels entrepreneurs auront la charge de la promulgation des
textes qui s’imposent à tous et sont donc bien œuvre d’une entreprise
monopolistique à savoir l’Etat ?
Un probable moyen de limiter l’utilisation de
la contrainte publique à des fins privées serait l’interdiction de la
professionnalisation de la fonction politique. Un interdit passant par un
texte, on voit mal pourquoi les entrepreneurs politiques adopteraient une stratégie
allant contre leur intérêt de reconduction sans limite, au pouvoir. En
démocratie représentative la professionnalisation de la fonction
politique est ainsi devenue un fait quasi hégémonique, avec une nouveauté qu’il
convient de souligner par rapport à la forme antérieure de l’aventure
étatique : les entrepreneurs politiques de l’âge démocratique cessent de
masquer l’accaparement de la contrainte publique à des fins privées par la
figure du divin, ou celle du héros souvent tyrannique, et ne sont plus que de
simples et paisibles gestionnaires d’une entreprise profane appelée Etat.
D’où — en terme de vocabulaire — le glissement du
« politique » en « bonne gouvernance » et l’idée associée
selon laquelle il n’y aurait plus besoin d’un Etat pesant, surplombant tous
les acteurs. L'Etat devient idéologiquement une entreprise qu'il faut
gérer comme telle.
Les biens ainsi produits par l’entreprise-Etat, les « règles
du jeu social », parce qu’universelles par nature, peuvent ainsi
apparaitre comme porteuses d’un "intérêt général". Et la confusion
est vite établie : les entrepreneurs politiques auraient ainsi la lourde
mission de produire de l’intérêt général, alors qu’ils doivent surtout veiller
à un programme de conquête du pouvoir ou de reconduction au pouvoir. De fait, les textes sont toujours des compromis entre acteurs ou groupes d’acteurs
aux intérêts divergents, le pouvoir étant donné à ceux pour qui ces compromis
concernent positivement, réellement ou imaginairement, une majorité
d’électeurs.
N'en déplaise aux juristes, nul intérêt général, impossible à
définir, ne peut être lu dans un texte, qui par nature, fixant le champ des
possibles, est nécessairement fait de contraintes que beaucoup voudraient
enjamber et dépasser. Ce qui est réel dans l'intérêt général, c'est la
croyance dont il est l'objet.
Les producteurs de biens économiques
Le second groupe est constitué d’acteurs en compétition
entre eux sur le marché des biens économiques. Les entrepreneurs économiques
ont plus de difficulté que les entrepreneurs politiques à s’exprimer avec
conviction sur l’idée d’un intérêt général dont ils seraient les producteurs.
C’est que les biens économiques ne surplombent pas la société comme le fait son
« système juridique ». La baguette de pain du boulanger ne surplombe pas
les acteurs comme le fait le Code Civil.
Pour autant, ils disposent d’un outil théologique
exprimant la fiction d’un intérêt général : la théorie économique.
Cette dernière prétend enseigner que, mus par des intérêts
particuliers, les entrepreneurs économiques fabriqueraient un intérêt
général : la fameuse main invisible de Smith. Certains en déduisent
d’ailleurs que le paradigme de l’économie, s’il était suffisamment
répandu, permettrait de se passer de cet universel qu’est l’Etat. Le
monde pouvant ainsi passer de son âge politique à son âge économique. Et avec
lui, le passage de l’Etat-Nation à la mondialisation…, l’Universel ultime — celui de la fin de l’histoire qui fût si difficile pour le genre humain — étant l’économie, comme instance bienfaitrice et réconciliatrice de toute
l’humanité.
La compétition sur le marché des biens économiques passe
aussi par des interventions sur le monopoleur qui fixe les règles du jeu :
il faut « capturer » la règlementation et se faire
aider par les entrepreneurs politiques et leurs collaborateurs
d’une « haute fonction publique » pour gagner des parts de
marché, être protégés contre des agresseurs économiques, voire pour créer de
nouveaux marchés ( 1).
Le politique devient l’art de continuer le jeu de
l’économie par d’autres moyens : A charge du politique, de bien vendre la
règlementation sur le marché politique où il rencontre, en démocratie, régulièrement les électeurs. Ce qu’il faut simplement constater à ce
niveau c’est que d’autres intérêts privés, ceux des entrepreneurs économiques
utilisent à l’instar des entrepreneurs politiques, les outils de
la contrainte publique aux fins de satisfaire leurs intérêts.
Les citoyens/salariés/consommateurs/épargnants
Le troisième groupe est peut être davantage hétérogène. Il
s’agit de tous les acheteurs de biens politiques d’une part, et de biens
économiques, d’autre part.
Porteurs de statuts multiples et pour l’essentiel :
citoyens plus ou moins engagés dans des valeurs ou croyances, salariés,
consommateurs, épargnants, (on les appellera dorénavant les
« CSCE »), ils peuvent être en compétition entre eux (groupes
d’intérêts), voire connaitre des conflits de statuts, lesquels ne sont pas
toujours réductibles à un ensemble de cercles concentriques.
La même personne étant le plus souvent appelée à
valider/supporter des rôles différents, Il peut exister des temps
historiques où les CSCE connaissent une grande dissociation : l’intérêt du
salarié est dissocié de celui du consommateur ; l’intérêt du citoyen
est dissocié de celui de l’épargnant ; la vision du citoyen est dissociée
de celle du consommateur ou de l'épargnant, etc. Mais il peut être des temps
historiques où plusieurs de ces intérêts, voire tous vont dans le même sens (2).
Bien évidemment les valeurs et croyances du citoyen, variables selon les
espaces, apportent des colorations spécifiques à l'Universel : la
représentation qu'un Allemand se fait de l'Etat est très différente de celle du
citoyen Français. Il en découle des modes de fonctionnement différents des marchés
politiques.
La conjonction présente du marché et de la démocratie
représentative fait des CSCE un groupe apparemment aussi important que les deux
premiers. Parce que clients sur le double marché politique et économique, les
entrepreneurs qui leur font face doivent en principe les satisfaire. La
réalité est toutefois infiniment plus complexe : les CSCE peuvent comme
les entrepreneurs politiques « capter » la réglementation en achetant
avec leurs voix des dispositifs avantageux comme salariés ou consommateurs, ce
que certains appelleront le « social-clientélisme ».
En ce sens, ils sont comme les autres acteurs (entrepreneurs
politiques et économiques) attirés par l’utilisation de l’universel afin de
satisfaire leurs intérêts privés. L’universel, donc le monopoleur ou l’Etat,
est ainsi un champ de bataille important entre les 3 groupes d’acteurs.
Dans un monde dit "postmoderne", faisant valoir ou
masquant des intérêts privés, ils cessent d’entrer en conflit sur la base
d’idéologies pour ne s’engager que sur des arguments issus de la raison.
D’où la très forte odeur de théorie économique
dans les discours et débats qui animent le monde. Chacun réduisant l’analyse de
l’interaction sociale à une physique sociale, les simples corrélations entre
faits — inflation, croissance, chômage, échanges extérieurs, salaires ,
productivité, etc. — devenant d’indiscutables causalités sur les tables de
négociations — avec de possibles moments « TINA » (« There Is No
Alternative »). En sorte que si, jadis, le marxisme pouvait selon Jean
Paul Sartre être « l’horizon indépassable de notre temps », la
théorie économique, dite orthodoxe, semble pouvoir aujourd’hui lui être
substituée.
Mais le jeu social se complexifie aussi en raison de
l'évolution des intérêts et rôles affectant les 3 statuts évoqués. Au
delà de l'hétérogénéïté des intérêts à l'intérieur de chaque catégorie —dissociation entre entrepreneurs de l'économie réelle et entrepreneurs de
l'économie financière par exemple — des conflits ou/et communautés d'intérêts
peuvent déboucher sur des stratégies d'alliances ou de rupture, générant
une lente dégradation de la démocratie en oligarchie.
Toutes choses qui méritent davantage d’explications.
Mouvement des intérêts et bouleversement des compromis
L’articulation des trois groupes précédemment définis est
nécessairement instable en raison du caractère toujours éphémère des compromis
passés.
Le groupe des entrepreneurs économiques est probablement le
plus éclaté en raison de cette guerre de tous contre tous qu’est la concurrence
économique. Par nature, il est plus ouvert, car les marchés se sentent
parfois à l’étroit à l’intérieur d’une structure qui s’est souvent constituée
comme Etat-nation hérissé de frontières. Les entrepreneurs économiques sont ainsi
amenés à discuter de ces barrières à l’entrée/ sortie que sont les
frontières. Certains - trop faibles- veulent être protégés, d’autres
-notamment la finance- souhaitent le grand large. Les négociations qui
s’ensuivent avec les entrepreneurs politiques ne peuvent laisser de côté la
question monétaire que le sous-groupe des entrepreneurs de la
finance ont historiquement toujours disputé aux entrepreneurs politiques : faut-il
privatiser le bien public monétaire ?
Historiquement, le groupe des entrepreneurs économiques
souhaitant l’ouverture et la fin de l’Etat-Nation, l'a emporté. Dans un vieil
Etat-Nation comme la France, il affronte durement les entrepreneurs
politiques et leurs collaborateurs de la « haute fonction publique »
et exige une modification globale des règles du jeu : diminution des
droits de douane, adoption des standards internationaux en tous domaines, libre
convertibilité monétaire et libre circulation du capital, abandon des pouvoirs
monétaires détenus par l’Etat, indépendance de la banque centrale, etc.
Autant d’exigences qui ne peuvent être satisfaites si les
entrepreneurs politiques en paient le prix sur les marchés politiques : la
non reconduction au pouvoir… Sauf s’il y a bien dissociation des intérêts chez
les CSCE d’une part, et passage aisé du statut d’entrepreneur politique à celui
d’entrepreneur économique, d’autre part. Passage devenant communauté
d'intérêt qu’il nous faut brièvement étudier.
La forme démocratique de l’Etat charrie encore les vestiges
de sa forme antérieure, où la figure du divin ou du héros est devenue
« patrie » encore suffisamment sacralisée, pour engluer le
citoyen dans une infinité de devoirs, dont parfois celle du sacrifice suprême.
Le passage du politique à la simple « bonne
gouvernance » fera muter le citoyen supportant des devoirs au profit
de l’individu cherchant à « capturer » la règlementation à son
avantage. Devenu "individu désirant", Il copie ainsi les
entrepreneurs économiques, même si le « capital social » dont il
dispose en fait un lobbyiste moins performant.(3)
Parce que moins citoyen, la réalité lui apparait plus
émiettée. Et parce que moins citoyen d’un « bloc Etat-Nation » dont
il conteste la légitimité, il ne se représente plus le système économique
comme le ferait un keynésien, c'est-à-dire un circuit. Même dépourvu de culture
économique, pour lui l’économie est moins un circuit qu’un ensemble de marchés.Changer
de statut et passer du citoyen à l’individu c’est aussi changer la vision que
l’on a sur le monde.(4)
Le citoyen devenu individu, peut lui aussi vouloir
l’ouverture sur le monde, il apprécie les marchandises étrangères moins
coûteuses, une épargne assortie d’un taux de l’intérêt positif, etc. Et s’il
existe une contradiction entre l’intérêt du salarié et celui du consommateur, il
peut capter une réglementation compensatrice de celle qui sera accordée aux
entrepreneurs économiques mondialistes.(4)
Dans un monde qui génère des gains de productivité tout en
restant fermé dans l’Etat- Nation, la dissociation entre le statut de salarié
et celle de consommateur n’est guère envisageable durablement. Historiquement,
la crise de 1929 est celle d’une dissociation que les entrepreneurs politiques
ont dû réduire en édifiant la sociale-démocratie.
Il est probable que le citoyen devenu individu désirant"
ait une grande conscience de la dissociation majeure qui existe entre le statut
de salarié et celle de consommateur en recherche de toujours plus de "low
cost". Peut-être fait-il aussi un lien, entre l’emploi qu’il trouve trop
rare ou trop mal rémunéré et une finance gigantesque, qui élargit
l’éventail des rémunérations et développe l’approfondissement des situations
rentières. Mais ces prises de conscience ne l’inviteront pas à acheter aux
entrepreneurs politiques un dispositif réglementaire rétablissant davantage de
cohérence. Et ce, d’autant qu’il est lui-même bénéficiaire d’une rente –
le social-clientélisme – qui se nourrit lui aussi de la rente :
la dette publique. La théorie/théologie économique orthodoxe est là pour lui
confirmer, si nécessaire, l'effacement de la cohérence du circuit au
profit de l'infini éparpillement des marchés auto-régulés. Le moment
"TINA" s'épanouit dans le logiciel intellectuel de "l'individu
désirant".
Les entrepreneurs politiques et leurs collaborateurs de la haute fonction publique, restent des personnages fondamentaux malgré la contestation des autres groupes qui, eux-mêmes, sont en conflit entre eux. « L’universel » se trouve sans doute de plus en plus décentré et souffre de déficit de cohérence, ce que certains appelleront la crise de l’Etat, il reste pour autant le lieu d’affrontement qu’il a toujours été et le demeurera. L’ Etat et ses entrepreneurs sont toujours présents et ce, même si dans le monde des apparences leur retrait semble constaté. Ainsi, parce que le citoyen est progressivement devenu individu dissocié, les entrepreneurs politiques -même idéologiquement démonétisés- ne paient pas nécessairement le prix électoral des nouvelles réglementations achetées par les entrepreneurs économiques.
Bouleversement des compromis et émergence d’une forme
oligarchique d’Etat
Un autre argument peut intervenir : la grande
porosité qui va se créer entre les 2 groupes d’entrepreneurs, et grande
porosité qui va dégrader la démocratie au profit de l’oligarchie. Si la capture
de la règlementation, par exemple celle qui autorisera la mondialisation, se
fait souvent par le harcèlement du régulé sur le régulateur, par exemple celui
des 15000 lobbyistes de Bruxelles sur les instances de décision
correspondantes, elle peut aussi s’opérer de façon plus radicale : la
fusion du régulateur et du régulé.
Ici, le producteur/détenteur de l’universel, c'est-à-dire
l’entrepreneur politique, « part avec la caisse » et devient
entrepreneur économique. La France constitue un modèle de cette fusion. Mais le
même résultat peut être obtenu en parcourant le chemin inverse : le régulé
devient le régulateur et ainsi « ouvre la caisse » au profit de
toute une profession. Les USA constituent un modèle de ce second type de fusion.
C’est bien évidemment dans ce qui a toujours constitué
le point d’intersection entre intérêts politiques et intérêts économiques que
ces fusions sont les plus emblématiques et les plus fondamentales : le
système monétaire et financier. Ainsi, grandes banques et Banque centrale
sont en France dirigées par de hauts fonctionnaires. Ainsi aux USA, le Trésor
lui-même et la Banque centrale sont généralement dirigés par un banquier. Le
résultat de cette fusion est bien évidemment l'ascension vertigineuse de la
finance dans le total des PIB avec des entreprises financières dont le total du
bilan dépasse couramment le PIB du pays- hôte.
Porosité par harcèlement, ou mieux par fusion, permet aux
deux groupes d’entrepreneurs de se dégager partiellement et progressivement des
contraintes de l’âge démocratique de l’aventure étatique. C’est que le coût
politique de la capture de la réglementation, déjà diminué en raison de la
dissociation du groupe des CSCE, diminue encore si les entrepreneurs politiques
peuvent connaitre un prolongement de carrière dans l’aventure économique :
la perte des commandes de l’universel, une perte qui n'en est pas une puisque
simplement confiée à des collègues, peut être point de départ d’une
activité autrement rémunératrice. D’où la naissance d’un groupe social en
apesanteur, groupe aidé dans ce nouveau statut par le développement du
mondialisme, avec, en conséquence, le passage du stade démocratique vers
un stade plus proche de l'oligarchie. Ce que certains évoquent en
utilisant l’expression de « surclasse ».
Bien évidemment, le fonctionnement des marchés politiques
s’en trouve transformé. Souvent duopoles avec barrières à l’entrée très
élevées, la quête de l’électeur médian avait déjà rétréci la distance entre les
programmes des deux grandes entreprises que l’on trouvait souvent dans l’âge
démocratique des Etats.
La porosité puis la fusion ne peuvent que renforcer
l’étroitesse de l’éventail de l’offre politique, avec une difficulté de plus en
plus grande à distinguer une droite d’une gauche, et au final le sentiment
de grande confusion… avec toutefois alignement général sur les impératifs de
l’économie. Alignement qui n’est que la conséquence logique du processus de
fusion en cours : entrepreneurs politiques et entrepreneurs économiques
qui étaient en même temps citoyens ne sont plus que des « individus
désirants » pataugeant dans mille conflits d’intérêts ou délits d’initiés
. Et aussi, alignement qui développe des effets pervers : les CSCE
les plus éloignés d’une possible intégration dans le groupe des oligarques
s’organisent en dehors du duopole classique -les partis ayant vocation à
gouverner- et deviennent clients d’entreprises politiques nouvelles, étiquetées
sous le label de partis contestataires, ou « populistes ».
En mondialisation, les Etats et leurs entrepreneurs ne
disparaissent pas, Il y a simple transformation de leur rôle. (6)
Cette altération passe par une certaine fin de l’âge démocratique au profit de l’émergence d’un stade oligarchique avec une utilisation de la contrainte publique à des fins privées davantage réservé à un petit groupe d’individus.
Cette altération passe par une certaine fin de l’âge démocratique au profit de l’émergence d’un stade oligarchique avec une utilisation de la contrainte publique à des fins privées davantage réservé à un petit groupe d’individus.
Pour l’immense majorité, les droits de l’homme semblent se
rétrécir à leur définition libérale : vie, liberté, propriété, en
abandonnant doucement des droits sociaux que l’âge démocratique avait permis
d’engendrer.
Le présent texte se veut simple grille de lecture du
réel ou contribution à la connaissance d’un monde qui ne cesse de se
transformer : non, monsieur Fukuyama, l’histoire n’est pas terminée.
(1) Ce que certains appellent le capitalisme de connivence.
(2) Par exemple il est clair que le consommateur d'un pays
développé aimera les marchandises en "low-cost" issues de pays
émergents...marchandises venant contester son salaire et son emploi. Il est
tout aussi clair que l'épargnant préférera l'euro qui le protège contre des
dévaluations dangereuses, alors même que son statut de salarié lui indique des
intérêts autres. etc.
(3) c'est probablement de cette façon qu'il faut comprendre
la dislocation de certains vieux Etats-Nation se heurtant à la
modialisation. Par exemple les Ecossais deviennent étrangers à la
"Britannité" et contestent l'entrepreneuriat politique
britannique. Chez les Catalans il n'y a pas de patrie espagnole,
etc.
(4) Par exemple les français veulent l'euro et refusent les
réformes structurelles qui lui sont obligatoirement attachées. On exige sa
dimension "drogue" et on refuse sa dimension "poison".
(5) D'où l'ambiguïté d'un socialisme fasciné par les
marchés.
(6) Il est pourtant des cas de figure où historiquement
l'Etat étant jeune, mal constitué, voire imposé de l'extérieur, le passage à la
mondialisation peut devenir dramatique. C'est le cas de tous les "failed
states". C'est aussi parfois le passage aux formes pré-étatiques de
la prédation ( Etat Islamique?).
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