mercredi 15 octobre 2014

Intervention au Bureau national du 14 Octobre 2014

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4

L’Europe aujourd’hui c’est 26 millions de chômeurs, dont 5 millions en France — officiellement ! —. Car en fait, c’est 10 millions de personnes qui sont à la recherche d’un emploi si l’on prend en compte les emplois subits, les emplois précaires, les RSA, les découragés… bref, je ne vous apprends rien. Maintenant, si l’on rapporte cela à l’échelle de l’Europe on prend la mesure de l’étendue du désastre économique et social. Ce sont des millions de personnes exclus du monde du travail ou dans la précarité, sans pouvoir d’achat. Cela représente un déficit de demande intérieure considérable pour le marché européen. Nos entreprises n’arrivent plus à écouler leur production. Par conséquent les prix baissent et la déflation frappe à nos portes. C’est ce qu’on appelle une crise de surproduction. Et la seule chose que nous propose le gouvernement, c’est une « politique de l’offre ». Autrement dit financer la « compétitivité » de nos entreprises avec le budget de l’État (et la baisse du coût du travail) au moment même où les carnets de commande sont en berne, au moment même où la demande fait défaut. Je ne m’étendrais pas sur l’inanité d’une telle politique.

Maintenant, on nous parle d’un plan d’investissement européen de 300 Mds€ sur trois ans. Comme le dit Pervenche Berès (dans la salle), c’est toujours bon à prendre. Mais je rappellerais que nous avons mis 1000 Mds€ pour sauver les banques et nous mettons 300 Mds€ pour sauver l’Europe. Monsieur Juncker s’est donc engagé à nous accorder l’aumône pour obtenir la confiance du Parlement européen. J’ose espérer que nous ne trouverons pas de socialistes pour s’en satisfaire.

De quelle nature sera ce plan d'investissement ? Il serait question de « relance par la croissance » en pleine crise écologique, par « l’investissement productif »…, dans le numérique, la recherche et la transition écologique que nous appelons tous de nos vœux. Faudrait-il encore que le gouvernement accepte de ne pas démissionner devant la pression des lobbies que représentent EDF, Areva et Total, tout comme devant la pression exercée par le lobby bancaire. Mais ce n’est pas non plus l’objet de mon propos.

Voici la question que je pose à notre premier secrétaire, mais aussi à nos députés européens Pervenche Berès et Henri Weber : où sont les prévisions chiffrées en matière de création d’emplois ? Je suis toujours étonné de voir qu’aucun engagement concret ne soit même évoqué. Car c’est bien la première chose qui nous intéresse dans ces plans de relance : leur efficacité pratique. En période de chômage de masse, la politique économique doit se traduire en volume d’emplois et non se réduire à des déclarations de bonnes intentions.
Parce que pour l’instant l’Unedic annonce 100 000 chômeurs de plus en France pour 2015. Alors, on me rétorquera que ces chiffres concernent uniquement la France. Certes, — et c’est bien le problème — mais l’Allemagne, la première puissance industrielle d’Europe, ne s’en sort pas mieux que nous socialement. Son taux de chômage est dissimulé par une précarité record qui lui vaut un taux de pauvreté supérieure à celui de la France et une classe populaire qui a perdu deux ans d’espérance de vie. Rien vraiment de très rassurant.

Alors, où sont les solutions concrètes — chiffrage à l’appui — qui permettront à des millions de personnes de retrouver un emploi de qualité, autrement dit un revenu décent qui leur permettra de vivre dignement, et de ne pas se jeter par désespoir dans les bras de l’extrême droite ?

Note de l’auteur :
Aucune réponse ne m’a été communiquée. La raison en est simple : personne dans la salle n’avait pris connaissance des chiffes en matière de création d’emploi. Cela est déjà en soit révélateur. Mais si l’on prend la peine de s’y pencher au lieu de déclamer des phrases toutes faites sur « la relance par la croissance » et la « réindustrialisation de la France », on s’aperçoit que le compte n’y est pas. Nous ne sortirions pas de la crise sans partage du travail.

1 commentaire:

  1. Déficit de la demande intérieure ?Faut pas s'étonner le pouvoir d'achat ne cesse de baisser et puis pourquoi consommer ? Pour produire toujours plus ! Nos entreprises n'arrivent plus a écouler leur production ? Quelle production ? Que produisons nous encore en France ou en Europe ? Tout vient de Chine ,de Roumanie ,de Corée du Sud etc. Ça ne peut plus durer non ? Exemple un magasin de chaussures ou de vêtements je vous mets au défi de trouver une production Française ou Européenne Idem pour le bricolage (je suis de ceux-là !) Vous avez bien la marque Bosch mais ça vient de Chine
    et tout est comme ça .Il faut que ça cesse ,ça ne peut plus durer . Pour l'électroménager
    Ordinateurs ,télévision ,appareil photos c'est la même chose RIEN ABOLUMENT RIEN PORTE LE "MADE IN FRANCE " La déflation est a nos portes et personne ne peut nous dire comment l'éviter et ce n'est pas en continuant de faire travailler -et dans quelles conditions - les ouvriers Chinois que l'on y arrivera

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