Ce n’est pas jouer sur les mots que de réfuter la rhétorique belliqueuse du gouvernement. Bien sûr, il y a les explosifs et les kalachnikovs. Il y a les victimes innocentes de la barbarie de Daesh, auxquelles nous exprimons notre solidarité, ainsi qu’à leurs proches. Mais nous n’oublierons jamais que s’il y eut des morts, ce ne fut pas au combat, ce fut des civils abattus froidement par des fanatiques atteints par le délire djihadiste sanguinaire. Comme l’explique à justes titre la juge Marc Trévidic du pôle anti-terrorisme : «
Ceux qui partent faire le jihad agissent à 90 % pour des motifs personnels : pour en découdre, pour l'aventure, pour se venger, parce qu'ils ne trouvent pas leur place dans la société... Et à 10 % seulement pour des convictions religieuses : l'islam radical. La religion n'est pas le moteur de ce mouvement et c'est ce qui en fait sa force ». Les 10 % de "théologiens" fondamentalistes pervertissent une religion séculaire porteuse d’une immense culture autant du point de vue social qu’artistique. Ceux-là n’ont pas plus à voir avec l’Islam que le Ku Klux Klan avec le protestantisme. Notre devoir est de ne pas confondre le croyant et le fanatique, mais aussi de distinguer ce qui relève d’une logique de guerre ou du crime terroriste. C’est une erreur impardonnable de voir dans ces attentats odieux une quelconque
guerre de religion ou de civilisation, et une terrible injustice pour des millions de musulmans d’être assimilés à de telles atrocités. Ceux qui se prêtent au massacre sur le sol français, nous le savons, sont soit en rupture de bancs avec la société, soit des
esprits influençables sous l’emprise d’un endoctrinement psychologique. Ce ne sont pas des soldats et encore moins des guerriers. Ce sont des assassins, et c’est leur faire trop d’honneur que de leur accorder le moindre mérite militaire. En cela nous ne sommes pas en guerre. La guerre c'est en Syrie.