Les énergies renouvelables
progressent sans atteindre les objectifs fixés
Extrait de la synthèse du rapport de la Cour des
comptes sur les énergies
La France s’est engagée auprès de la Commission européenne à
atteindre 23 % de sa consommation finale brute d’énergie à partir de sources
renouvelables à l’horizon 2020. Elle se situe ainsi, derrière l’Irlande, le
Danemark et le Royaume-Uni, parmi les quatre Etats des 28 qui auront les
efforts les plus importants à accomplir. Ses objectifs ont d’ores et déjà connu
un début de réalisation, davantage marqué pour l’électricité que pour la
chaleur. En 2011, la France se situait ainsi dans la moyenne des États
européens pour la part des énergies renouvelables dans la consommation finale
brute d’énergie et respecte globalement sa trajectoire, dans chacun des
segments.
Les retombées socio-économiques des mesures engagées ne sont
pas encore à la hauteur du coût constaté. Les filières industrielles
françaises, insuffisamment structurées, n’ont pas encore acquis de position
significative sur le marché mondial. Ainsi, la filière solaire photovoltaïque,
déjà largement affaiblie par la concurrence chinoise, a été, en outre,
déstabilisée par les à-coups de la politique de soutien. La filière éolienne en
mer est très largement dépendante des perspectives du marché en mer du Nord,
pour l’instant incertaines.
En dépit d’estimations fragiles sur le plan méthodologique
(les emplois induits ne sont pas inclus, par exemple), le nombre brut d’emplois
directs est Le besoin de choix de long terme soutenables 17 Synthèse du Rapport
public thématique de la Cour des comptes passé globalement de 58 460 en 2006 à
83 260 en 2012, après un pic en 2010 à 98 580. La filière solaire
photovoltaïque a connu la baisse la plus significative, conséquence de la
baisse du soutien de la politique à partir de 2010. Ces estimations restent
cependant très en retrait des ambitions exprimées dans le plan d’action
national de la France en faveur des énergies renouvelables de 2009 qui évoquait
la création de « plusieurs centaines de milliers d’emplois ».
En outre, certains impacts de la politique n’ont pas été
anticipés, notamment la désorganisation du marché de l’énergie. La montée en
puissance des énergies renouvelables, bénéficiant d’une garantie d’achat quel
que soit l’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché, accentue la
volatilité des prix et diminue la rentabilité des centrales thermiques à gaz,
pourtant nécessaires à la gestion des pointes de consommation.
Des paramètres
insuffisamment pris en compte jusqu’à présent
Les effets de la politique en faveur du développement des
énergies renouvelables ne sauraient être mesurés à la seule échéance de 2020.
En effet, dès 2005, la France, à l’instar de l’Union européenne, a considéré
son engagement à plus long terme avec, notamment, la division par quatre de ses
émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.
En outre, l’ambition de réduire la part du nucléaire dans le
mix énergétique à l’horizon 2025, annoncée par le Président de la République à
l’issue de la conférence environnementale de septembre 2012, engage
nécessairement la France sur plusieurs décennies. La politique énergétique doit
donc rester soutenable dans cette perspective.
À cette fin, les émissions de CO2 doivent pouvoir être
valorisées à leur juste valeur, soit par des mécanismes de marché, soit par la
fiscalité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En raison de l’absence d’un
marché efficace du carbone, la valorisation du CO2 n’entre pas en compte dans
les calculs des coûts de production des différentes sources d’énergie. Ainsi,
le carbone est aujourd’hui évalué, dans le système communautaire d’échange de
quotas d’émission (SCEQE) de l’Union européenne, mis en place depuis 2005, aux
alentours de 5 € la tonne. Or ce prix ne permet pas de rentabiliser économiquement
la production d’énergies renouvelables.
Pour éviter les effets déstabilisants de la production
d’électricité renouvelable sur le marché (prix déconnectés des coûts,
bouleversement de l’ordre d’appel des centrales, chute de la rentabilité des capacités
de pointe, situation de prix négatifs), la France doit chercher à articuler ses
dispositifs de soutien avec les fluctuations des prix de marché de l’énergie.
Deux instruments, les certificats verts et les primes additionnelles au prix du
marché, déjà utilisés ailleurs en Europe, pourraient être envisagés à condition
de faire une évaluation précise de tous leurs impacts.
L’essor des énergies renouvelables passe aussi par
l’adaptation des modes de consommation afin d’inciter les consommateurs à plus de
sobriété énergétique. Un nouveau modèle de consommation doit s’esquisser. La
voie de l’autoconsommation pourrait être envisagée pour les installations
individuelles mais, faute de dispositifs de stockage performants, elle devrait
s’accompagner de systèmes d’effacement volontaire de la consommation en période
de pointe et d’arrêt ou de limitation de production en période de faible
consommation.
Enfin, compte tenu du coût de leur adaptation, estimé par
ERDF et RTE à 5,5 Md€ à l’horizon 2020, la réflexion sur l’évolution des
réseaux doit être menée en parallèle au développement des énergies
renouvelables.
Les incohérences s'empilent ! http://gascon.blog.lemonde.fr/?p=212
RépondreSupprimer