Motion de la Commission des Présidents d'Universités
"Nos universités ne peuvent pas, dans les conditions actuelles, jouer pleinement le rôle que les Français attendent d’elles et faire leurs les objectifs annoncés par le Président de la République visant à faire de la jeunesse, de l’éducation et de la société de la connaissance une grande priorité nationale !"
Motion relative aux moyens des universités
Motion relative aux moyens des universités
La crise mondiale affecte fortement la France. Chacun est
appelé à se mobiliser pour sortir de cette situation et travailler à la
construction de notre avenir collectif. Dans ce contexte, les pays qui
choisissent d’investir notamment dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche
malgré les difficultés prennent nécessairement une longueur d'avance. La loi
sur l'enseignement supérieur et la recherche qui vient d'être votée en prend
acte dans ses attendus.
Oui nous avons besoin de former plus de jeunes diplômés pour
préparer la France de demain.
Oui nous avons besoin de permettre à toute personne, à tout
âge, d’acquérir de nouvelles compétences pour s’adapter à un marché du travail
et un monde en évolution.
Oui nous avons besoin de donner des perspectives aux jeunes
chercheurs, leur donner les conditions dans lesquelles ils pourront mettre leur
inventivité au profit de nos laboratoires et donc de notre pays.
Oui nous avons besoin de traduire les résultats de nos
recherches en innovation pour soutenir l’effort de compétitivité de nos
entreprises.
Or nos universités ne
peuvent pas, dans les conditions actuelles, jouer pleinement le rôle que les
Français attendent d’elles et faire leurs les objectifs annoncés par le
Président de la République visant à faire de la jeunesse, de l’éducation et de
la société de la connaissance une grande priorité nationale ! Il est en effet bien établi que la situation financière des
universités s’aggrave inexorablement d’année en année. Elle est la conséquence
de l’absence de compensation par l’Etat de l’augmentation mécanique de la masse
salariale des fonctionnaires : la liste des charges transférées non compensées
est longue et finit par peser lourdement sur leur budget. Par ailleurs, les
nouvelles missions confiées aux universités et les nouveaux objectifs qui leur
sont fixés sont de plus en plus nombreux, alors même que certaines sources de
financement qui correspondent pourtant à ces missions leur sont difficilement
accessibles.
Ces dernières années, les universités se sont engagées dans
des politiques responsables de saine et bonne gestion afin de faire face à
cette situation : elles ont réalisé les économies qui pouvaient être faites,
ont procédé à des mutualisations de services et d’activités ; certaines d’entre
elles, de plus en plus nombreuses, ont dû effectuer des prélèvements
significatifs sur leurs fonds de roulement pour assurer leur fonctionnement
courant. Elles ont aussi conduit une forte politique partenariale avec le monde
économique et les entreprises pour être à la fois actrices du développement
économique des territoires et pour accroître leurs ressources propres.
Aujourd’hui, les
solutions utilisées et les efforts consentis atteignent leurs limites. Il est
de notre rôle et de notre responsabilité de dire que la situation à laquelle
nous sommes confrontés sera bientôt intenable pour la majorité de nos
établissements. A court terme, l’ensemble des universités françaises risque de
ne plus pouvoir assurer les missions de service public que l’Etat leur a
assignées.
Alors que nous attendions depuis longtemps les 1000 postes
qui seront attribués chaque année à l’enseignement supérieur au cours de ce
quinquennat pour converger vers les standards internationaux, nous constatons
que la masse salariale annuelle correspondant à ces postes (60 M€) compensera à
peine, en 2013, l’augmentation mécanique des coûts de la masse salariale
existante des universités, liés, principalement, à l’ancienneté des personnels,
dit Glissement Vieillesse Technicité (GVT). Des universités sont amenées à
geler ces postes pour équilibrer leurs comptes.
Attachés à préserver la nécessaire autonomie des universités
et en tant que présidents responsables, investis d’une mission de service
public, nous ne pouvons accepter que cette pression continue sur la situation
financière des universités se traduise par une dégradation des conditions
d’étude de nos étudiants, en particulier des plus fragiles d’entre eux.
Comme nous l’avons affirmé aux Assises de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche, la situation de notre pays et de nos universités
exige une loi cadre de programmation comprenant notamment un plan ambitieux et
pluriannuel de promotion de l’emploi scientifique.
Aujourd’hui il y a
urgence à agir et notre appel est donc très simple :
1. Nous demandons à l’Etat de tenir ses engagements,
c’est-à-dire l’application de la règle du « décideur-payeur ». Les universités
assument déjà les conséquences financières de leurs propres décisions. L’Etat
doit faire de même et, notamment, sécuriser les masses salariales des établissements.
Il doit compenser les transferts de charges : GVT, extension du CAS pension du titre
3, mesures catégorielles et sociales ainsi que la compensation des droits
d’inscription des étudiants boursiers à l’euro près. En l’absence d’une telle
mesure, ce sont les universités qui accueillent le plus de boursiers qui sont
les plus appauvries.
2. Nous demandons que les objectifs et les missions
nouvelles soient financés intégralement. En particulier l’objectif, que nous
partageons, de faire passer 50% d’une classe d’âge au niveau Licence,
correspond à une augmentation de 20% de nos effectifs en licence. Cela ne
pourra pas se faire à budget constant. Il en va de même de notre investissement
dans la formation professionnelle, en particulier pour que le nombre
d’apprentis dans le supérieur soit doublé.
Cet objectif ne pourra pas être atteint si les mécanismes de
collecte de la taxe d’apprentissage ne sont pas profondément revus afin que
nous ayons un lien direct avec les entreprises. Enfin, nos ambitions en matière
de numérique et de transition écologique se mesureront à la hauteur des
investissements qui leur seront consacrés.
3. Les ambitions affichées en matière de recherche et d’innovation
dont notre pays a besoin pour soutenir sa compétitivité à long terme
nécessitent, pour produire de nouvelles connaissances et de l’innovation, que
soit porté à 3 % du PIB l’effort de la Nation pour la recherche. De plus, une
part importante du financement de la recherche provient de contrats qui ne prévoient
pas réellement les coûts d'infrastructures. En résumé, plus on a de contrats
plus cela coûte à l'université qui doit assurer l'hébergement, l'équipement, et
de nombreuses charges pour que le contrat puisse être honoré. Il est urgent de
mettre en place un préciput [1] (contribution aux frais de gestion et aux frais
d'environnement) à un niveau correct (25%) permettant aux universités d'assumer
les coûts réels de structure.
4. L’accompagnement des processus de fusion et de
regroupements territoriaux doit s’appuyer sur des moyens nouveaux, autres que
la création des 1000 emplois annuels, et ne pas conduire au redéploiement de
ceux prévus pour la convergence entre établissements.
5. Les futurs appels à projet du Programme d’Investissements
d’Avenir (PIA2) doivent marquer une évolution par rapport à la logique des
PIA1, afin qu'ils permettent de tirer chaque site vers le haut. Ils doivent
donc prendre en compte, au-delà de la qualité scientifique des projets, le nécessaire
soutien aux politiques de sites sur les territoires en pleine restructuration suite
aux dispositions de la loi du 22 juillet 2013.
6. Nous demandons que soient définies dès maintenant les
étapes permettant le financement de l’ESR par la mise en œuvre d’un plan
pluriannuel de l’emploi scientifique, dans les universités et les organismes,
intégré dans une loi de programmation budgétaire.
[1] Le préciput est une part
forfaitaire d’un contrat (ou d’une subvention) de recherche permettant à l’établissement
bénéficiaire de payer les surcoûts (locaux, fluides, fonctionnement…) liés à ce
surcroît d’activité. Le préciput varie de 0% à 20% en fonction des contrats et
des « donneurs d’ordre ».
Je confirme la pauvrete de nos universités comparees aux universités américaines! Non pas du pointvde vue intellectuel mais des ressources
RépondreSupprimerje peux en attester, je suis en ce moment a Stanford et ca n a rien de comparable, les conditions de travail sont ideales ici !