PAR MARINE TURCHI | Médiapart
Marine Le Pen a beau assurer que son parti n'a « aucun rapport avec ces groupes, qui expriment d'ailleurs régulièrement leur désapprobation à (son) égard », son vice-président, Florian Philippot, a beau répéterque « le FN n'a rien à voir avec ces personnalités radicales » et qu'il n'est « pas d'extrême droite », les faits sont têtus. De nombreuses photos et documents mettent à jour des liens existant de longue date entre le Front national et ces groupuscules. GUD, JNR, identitaires, néofascistes, etc. : encore aujourd’hui, la barrière est loin d'être étanche (lire notre Boîte noire).
1. Les liens avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR)
Cette porosité existe d'abord avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), le mouvement – dissout en juillet – de Serge Ayoub, l'ancien leader des skinheads parisiens, dont sont issus les agresseurs de Clément Méric. En juin, Marine Le Pen (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions) avait martelé qu’elle « ne connai(ssait) pas précisément ce groupe ». Florian Philippot avait lui affirmé qu'il « ne savai(t) même pas que ça existait » et avait « appris leur existence dans la presse ». Pourtant, en juin 2008, la présidente du FN était présente au Local, le bar associatif d’Ayoub, lors de la première “100 % French Pride” organisée par le site d’extrême droite Fdesouche.com. En août 2010, elle dîne même avec « Batskin ».
Marine Le Pen au "Local" d'Ayoub, lors de la première "100 % French Pride" organisée par le site Fdesouche.com, en juin 2008. © Peggy Corlin / Rue89
En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le même Ayoub appelle dans une vidéo à « voter Marine », la seule « qui défend toujours la France et les Français ». Le 1er juin, pendant les législatives, il tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, à quelques pas de la candidate Marine Le Pen. Interrogée alors sur France 3, la présidente du FN avait affirmé n'avoir « jamais entendu parler » de ce parti solidariste et réfuté tout « lien » avec elle : « Ils sont venus défendre leur candidat » qui se présentait « dans une autre circonscription ».
Mais selon Mathias Destal, le journaliste de Marianne présent, Serge Ayoub était lui « clairement venu pour faire campagne pour Marine Le Pen, avec des tracts qui concernaient bien la 11e circonscription (celle de Le Pen – Ndlr) », tout en profitant « du cirque médiatique pour se faire connaître ».
Plus important encore : ce jour-là, aux côtés d'Ayoub, on trouve Yohan Mutte (cercle violet), impliqué dans l'attaque du bar gay à Lille en avril 2013, Olivier Vivien (cercle rouge) et un certain Serge, surnommé « Sergueï » (cercle vert). Ces deux derniers sont aussi présents… au défilé du 1er Mai du FN, respectivement en 2012 et 2013.
Serge Ayoub tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, le 1er juin 2012, à 11h30. © Mathias Destal / Marianne
Les militants de Serge Ayoub, le 1er juin 2012, sur le marché d'Hénin-Beaumont. En rouge, Olivier Vivien. En vert, Sergueï. © Mathias Destal / Marianne
Le même Sergueï au 1er-Mai du FN, en 2013. © Capture d'écran Canal Plus
Car des passerelles existent aussi au sein du service d’ordre des événements du FN. Ainsi, Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) jonglent entre leurs prestations d'agents de sécurité pour le Front national et leurs apparitions au sein des JNR :
Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er-Mai du FN, en 2012. © Reflexes
Deux semaines plus tard, le 13 mai 2012, les mêmes défilent en effet avec les JNR, à l'occasion du rassemblement traditionnel de l'extrême droite radicale, à Paris :
Olivier Vivien (cercle rouge) lui aussi avec les JNR, le 13 mai 2012. © Reflexes
Daniel Mack (cercle jaune) avec les JNR le 13 mai 2012. © Reflexes
Les passerelles sont aussi visibles à l'occasion des élections. Ainsi, l'ancienne conseillère régionale frontiste Sylvie Langlois (exclue en 2008 du FN), était candidate aux législatives de 2012 sous les couleurs du Front populaire solidariste d'Ayoub (qui réunit plusieurs groupuscules régionaux), dans la 8e circonscription du Nord :
Sylvie Langlois candidate pour les législatives de 2012 sous les couleurs du parti de Serge Ayoub, avec qui elle pose à droite. © Blog de Sylvie Langlois.
Cette porosité s’étend à d’autres figures du Rassemblement bleu Marine (RBM). Le 29 septembre 2011, Serge Ayoub accueille au Local Christian Bouchet, candidat frontiste aux cantonales de 2011 et aux législatives de 2012 en Loire-Atlantique, pour une conférence sur la Syrie.
L'affiche annonçant la venue de Christian Bouchet au Local en 2011 et son affiche de candidat FN aux législatives de 2012.
Bouchet ne lui est pas inconnu, il fut secrétaire général de Troisième Voie et signe dans son journal, Salut public, comme en témoigne cette Une :
La une de Salut Public, journal de Serge d'Ayoub, en novembre 2012.
Christian Bouchet a également animé le site VoxNR, nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-iranien. Mais ces liens ne semblent pas déranger Marine Le Pen, qui l'a à nouveau investi pour les municipales de 2014, à Nantes.
M. Le Pen et C. Bouchet (à droite) lors de la présentation des têtes de liste des Pays-de-la-Loire, le 26 septembre 2009. © Reflexes
Pas plus qu’elle n’est gênée par son fils, Gauthier Bouchet, qui pose devant un portrait de Bachar el-Assad, lors d’un voyage en Syrie avec son père, à l’été 2011. Ce responsable du Front national de la jeunesse (FNJ) figure sur la liste FN pour les municipales à Saint-Nazaire et est membre de la délégation “communication numérique” du parti.
Gauthier Bouchet posant devant un portrait de Bachar El-Assad, à l'été 2011, en Syrie. © dr
Gauthier Bouchet posant avec Marine Le Pen. © dr
Plus récemment, le 15 mai, Serge Ayoub a reçu au Local le médiatique Robert Ménard, candidat soutenu par le FN pour les municipales à Béziers.
Sur le compte Facebook de Serge Ayoub.
C'est d'ailleurs sur Serge Ayoub – accompagné de Rodolphe Crevelle, militant anarcho-royaliste à la tête du groupuscule le Lys noir –, que l'ancien président de Reporters sans frontières comptait s'appuyer pour sa campagne.
2. Les liens avec le GUD
C'est avec le GUD (Groupe union défense), organisation étudiante d'extrême droite, que les liens sont plus difficiles à masquer pour le FN. Dans l’entourage de la présidente du FN, plusieurs anciens gudards jouent les conseillers officieux. C'est le cas de l’avocat Philippe Péninque – qui a ouvert le compte suisse de Jérôme Cahuzac en 1992. Cette année, Mediapart l'a aperçu dans la foule du 1er Mai du FN, où il écoutait le discours de la présidente du FN en compagnie de Jean-Claude Nataf, homme de réseaux et de la Ligue de défense juive (LDJ), organisation d'extrême droite sioniste :
Philippe Péninque (cheveux blancs) lors du défilé du 1er-Mai du FN, en 2013, avec Jean-Claude Nataf (avec le bonnet). © Marine Turchi / Mediapart
Philippe Péninque écoutant le discours de Marine Le Pen, le 1er Mai 2013, place de l'Opéra, à Paris. © Mediapart
La plupart du temps invisible, il gravite depuis de longues années dans l'entourage des Le Pen. Il était à leurs côtés lors du fameux discours du fondateur du FN à Valmy, le 20 septembre 2006 :
Philippe Péninque avec Marine et Jean-Marie Le Pen, le 20 septembre 2006, à Valmy. © Reflexes
En avril 2007, c'est lui qui organise la visite de Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois (voir la vidéo) :
Philippe Péninque accompagne Marine Le Pen à Aulnay-sous-bois (93), en avril 2007. © Canal Plus
Aujourd'hui, l'avocat ne renie rien de ses années GUD : « Bien sûr », il voit encore ses anciens membres, « on se connaît tous », expliquait-il il y a quelques mois à des journalistes de Canal Plus. Mieux, il s’« honore d’avoir été au Groupe union défense » et estime que « nous serons considérés, quand l’Histoire va nous rendre raison, rapidement, comme des héros et des résistants ».
Autre homme clé autour de Marine Le Pen, son vieil ami de fac, Frédéric Chatillon. Cet ancien chef du GUD et ex-directeur de la librairie révisionniste Ogmios était prestataire du FN pendant la campagne présidentielle de 2012. On a pu l’apercevoir lors de meetings et déplacements de la candidate, comme la tournée qu'il a organisée en Italie en octobre 2011.
Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011. © Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.
Il est aussi présent au point presse de Marine Le Pen au Salon des maires, en novembre 2011 :
F. Chatillon avec Steeve Briois (secrétaire général du FN) et Nicolas Bay (secrétaire général adjoint du FN), en novembre 2011. © Capture d'écran LCP.
La mère de ses six enfants, Marie d’Herbais, amie d’enfance de Marine Le Pen et militante historique du FN, est employée au service de communication du Front national et présente chaque semaine le Journal de bord vidéo de Jean-Marie Le Pen. Elle fut même candidate dans la Sarthe aux législatives de 2012.
Marie d'Herbais est salariée du FN et présente chaque semaine le « Journal de bord » de Jean-Marie Le Pen. © dr
L'un des deux comptes Facebook de Marie d'Herbais, qui fut longtemps la femme de Frédéric Chatillon. © Facebook / Marie d'Herbais
Chatillon est resté très proche de la mouvance néo-fasciste européenne, mais aussi des Syriens du parti Baas (lire notre enquête sur ses affaires avec la Syrie). À l'été 2006 puis en mars 2008, il accompagne Dieudonné – « un pote », expliquait-il à Mediapart – dans sa tournée à Damas, où ils apparaissent aux côtés de certains dignitaires syriens comme Manaf Tlass, le fils du général et ancien ministre de la défense, ami d’enfance de Bachar el-Assad (qui a fait défection en juillet 2012).
F.Chatillon (polo rouge) en Syrie à l'été 2006 avec Ahmed Moualek (Labanlieuesexprime), Dieudonné, Thierry Meyssan, Alain Soral. © dr
Frédéric Chatillon avec Manaf Tlass et Dieudonné et Thierry Messan (tout à droite), en 2008, en Syrie. © Reflexes
Frédéric Chatillon avec Dieudonné et le négationniste Robert Faurisson, en 2009, au théâtre de la Main d'or, à Paris. © Reflexes
En 2011, Chatillon parraine la création du site pro-régime Infosyrie.fr (fermé en janvier 2013). À Mediapart, il ne cache pas ses opinions : « Le régime se défend comme il peut, il a raison. Ce n'est pas le monstre que décrivent les médias. Aujourd'hui on cherche un prétexte pour le bombarder. Mais les vrais barbares sont du côté des rebelles. » Il est aperçu à une manifestation de soutien au régime syrien le 30 octobre 2011, dans une période de répression accrue (comme en attestent aussi ces images d'un documentaire de Canal Plus).
Frédéric Chatillon (cercle violet) et Olivier Duguet (cercle vert) lors du rassemblement pro-Bachar el-Assad le 30 octobre 2011. © Reflexes
Ce jour-là, d'autres anciens du GUD liés au FN sont présents, comme Olivier Duguet, trésorier jusqu'en mars 2012 de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen (lire notre Boîte noire) :
Olivier Duguet (à gauche) et Frédéric Chatillon (à droite) lors du même rassemblement. © Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.
À la tête de Jeanne, Marine Le Pen a placé Florence Lagarde, amie de fac et compagne de l'ex-gudard Jildaz Mahé O'Chinal, bras droit de Chatillon. Autre personnage-clé de ce cercle des anciens gudards: Axel Loustau. Président de la société privée Vendôme Sécurité, prestataire de service du Front national, Loustau a été candidat FN lors des législatives de 1997, dans les Hauts-de-Seine. En 2012, il a assuré une partie de la sécurité du FN, au défilé du 1er Mai et lors de meetings de Marine Le Pen (lire notre article).
Axel Loustau (cercle bleu) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er-Mai du FN, en 2012. © Reflexes
Muni d'une oreillette, Axel Loustau (cercle bleu) se situe devant les Le Pen, tout comme Daniel Mack (cercle jaune). © Reflexes
Deux semaines plus tard, il était au traditionnel rendez-vous de l'extrême droite radicale, place de la Concorde, à Paris, devant le cortège du GUD, où il donne l'accolade à Edouard Klein (qui fut le chef du GUD entre 2010 et juin 2012):
Axel Loustau (cercle bleu) avec le GUD, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris. © Reflexes
Axel Loustau (cercle bleu) donne l'accolade à Edouard Klein, qui a relancé le GUD entre 2010 et 2012. © Reflexes
Le même Edouard Klein était lui aussi présent au rassemblement pro-Bachar el-Assad, en 2011:
Edouard Klein à la manifestation de soutien à Bachar El-Assad, à Paris, le 30 octobre 2011. © Independenza webtv
Klein, un autre élément gênant pour Marine Le Pen. Cet ancien chef du GUD a intégré le FNJ au printemps 2012. Cette année-là, il est d'ailleurs présent à la convention présidentielle de Le Pen, à Lille, les 18-19 février, avec son compère du GUD Baptiste Coquelle, adepte des saluts nazis (voir photos ci-dessous). L'Union de défense de la jeunesse (UDJ), avatar du GUD pour se présenter aux élections universitaires à Paris II-Assas, annonce même leur venue sur son site:
La présence d'Edouard Klein et Baptiste Coquelle à la convention du FN est annoncée sur le site de l'UDJ. © Capture d'écran du site de l'UDJ sur le blog du Monde "Droites extrêmes".
Baptiste Coquelle faisant le salut nazi, devant un drapeau représentant la croix celtique, emblème du GUD. © Reflexes
Trois mois plus tard, Klein est au 1er-Mai du FN, vêtu d’un t-shirt “les jeunes avec Marine”, à nouveau avec Coquelle:
Edouard Klein et Baptiste Coquelle au défilé du 1er-Mai du FN, en 2012. © Reflexes
En décembre 2012, on le voit participer à un tractage du FNJ à Angers, où est implanté un autre ancien chef du GUD (des années 1990): Gaëtan Dirand, secrétaire départemental du Maine-et-Loire et tête de liste à Angers pour les prochaines municipales.
Edouard Klein tractant avec le FNJ à Angers, en décembre 2012. © Photo publiée sur le site du Front national de la Jeunesse (FNJ).
Plus gênant: Klein et Coquelle apparaissent sur les photos du gala des 40 ans du FN, le 8 décembre 2012, à la Mutualité, à Paris. À leurs côtés, Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche), le président du FNJ, Julien Rochedy (au centre avec un noeud papillon), son adjoint Paul-Alexandre Martin (à sa gauche) et d'autres membres du bureau national du FNJ et candidats frontistes, comme Anne-Sophie Levêque (Nord – 1ère en partant de la gauche), Julien Leonardelli (Pyrénées-Orientales – 2e en partant de la gauche), Adrien Grosjean (Alpes-Maritimes, 1er en partant de la droite), Julie Abraham (Alsace – 2e en partant de la droite):
Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche) pose avec des jeunes du parti au gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2011, à Paris. © Reflexes
Edouard Klein, tout à droite, debout cette fois. © Reflexes
Edouard Klein (à droite) lors du gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2012. © Reflexes
La petite équipe s'est retrouvée à plusieurs reprises. Comme ici, en 2012:
Edouard Klein et Baptiste Coquelle avec Julien Rochedy, Paul-Alexandre Martin. © Reflexes
Ou le 13 janvier 2013, lors de la manifestation contre le mariage pour tous organisée par la Manif pour tous :
Edouard Klein (à gauche) avec Paul-Alexandre Martin (à droite), le n°2 du FNJ, lors de la manifestation du 13 janvier 2013. © Reflexes
Edouard Klein (au milieu) lors d'une manifestation contre le mariage pour tous, cet hiver. © Reflexes
La députée du Front national collectionne les amitiés sulfureuses : lors d’un défilé du 1erMai du FN, elle pose avec le rappeur d’extrême droite Fasc, également batteur dans le groupe Franc Tireur Patriote, proche du groupuscule nationaliste et antisémite Renouveau français :
Marion Maréchal-Le Pen lors d'un défilé du 1er-Mai du FN, rue de Rivoli, à Paris, avec le rappeur d'extrême droite Fasc. © Reflexes
En mars 2011, un événement met en lumière ces doubles appartenances : une photo montrant Alexandre Gabriac faisant un salut nazi suscite un tollé. Marine Le Pen est contrainte de réagir. Elle annonce à grands renforts de médias l'exclusion de Gabriac et dénonce « l’entrisme » de l'Œuvre française. Une grande partie des cadres frontistes membres de l'OF sont exclus, tel Thierry Maillard, militant de longue date dans le groupuscule et responsable du Front national à Reims.
3. Les liens avec l'Œuvre française
L'histoire d'un autre groupuscule est étroitement liée à celle du FN : l'Œuvre française (OF), fondée en 1968 sur les ruines de l’OAS et dissoute par le gouvernement en juillet. Ce mouvement pétainiste et antisémite a pratiqué l'entrisme au FN pendant des années, plusieurs cadres frontistes conservant la double appartenance. Et à écouter son fondateur, Pierre Sidos, « de nombreux militants de l'Œuvre française appartiennent encore au FN » aujourd'hui (lire notre enquête).
Jean-Marie Le Pen et Pierre Sidos, en 1994. © dr
En 2011, lors de l'élection interne du FN, plusieurs têtes pensantes de l'OF font la campagne de Bruno Gollnisch : Yvan Benedetti, conseiller municipal FN de Vénissieux, bras droit et directeur de campagne de Gollnisch ; Alexandre Gabriac, conseiller régional FN Rhône-Alpes, devenu chef des Jeunesses nationalistes, la branche “jeunes” de l'OF ; Jérôme Guigue (photo ci-dessous), entré au FN en 2006, responsable du DPS (le service d’ordre du FN) Rhône-Alpes ; Christophe Georgy, responsable du DPS Grand Est, candidat FN à plusieurs élections et animateur d’un site à la gloire de Léon Degrelle, ancien Waffen SS et leader du mouvement collaborationniste belge Rex.
P. Sidos, Y. Benedetti et C. Georgy lors de la première rencontre militante de l’Oeuvre Française à Dijon, le 8 janvier 2009. © Reflexes
Présentation officielle de Jérôme Guigue pour sa candidature au Comité Central du FN, lors du Congrès de Tours en 2011. © Reflexes
En 2008, encore membres du Front national, Gabriac et Benedetti participaient avec l'Œuvre française à un rassemblement néofasciste en Espagne :
Alexandre Gabriac participant avec l'Oeuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne en 2008. © Infonacional.com
Yvan Benedetti Alexandre Gabriac participant avec l'Oeuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne en 2008. © Infonacional.com
On les retrouve en avril 2012 (après leur exclusion du FN) à un rassemblement en hommage à Mussolini, en Italie :
Alexandre Gabriac et François-xavier Gicquel, l'ex responsable du FNJ85, à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012 © Fafwatch
Alexandre Gabriac à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012. © Fafwatch
Christophe Georgy en 2012. © Fafwatch
En juillet dernier, Gabriac se recueille sur la tombe de Mussolini pour l'anniversaire de sa naissance :
Alexandre Gabriac se recueille pour l'anniversaire de la mort de Mussolini, le 29 juillet 2012. © Facebook / Alexandre Gabriac
En mars 2011, un événement met en lumière ces doubles appartenances : une photo montrant Alexandre Gabriac faisant un salut nazi suscite un tollé. Marine Le Pen est contrainte de réagir. Elle annonce à grands renforts de médias l'exclusion de Gabriac et dénonce « l’entrisme » de l'Œuvre française. Une grande partie des cadres frontistes membres de l'OF sont exclus, tel Thierry Maillard, militant de longue date dans le groupuscule et responsable du Front national à Reims.
Les affiches du candidat FN Thierry Maillard lors des cantonales de mars 2011 et des législatives partielles de décembre 2008. © dr
D’autres seront écartés bien plus tardivement, comme Laura Lussaud, exclue en janvier 2012. Fille et petite-fille de militants frontistes, elle affiche un long CV dans le parti : entrée au FNJ dès ses 13 ans, ancienne secrétaire régionale du FNJ, réélue au comité central du FN en 2011 (après l’élection de Marine Le Pen), candidate FN à Pornic la même année. Elle a rejoint les JN de Gabriac en 2012 et préside le groupuscule « le Clan » à Lyon. Dans une cinglante lettre ouverte à Jean-Marie Le Pen, elle a dénoncé une « purge » et invoqué son militantisme au FN « depuis toute petite ».
Laura Lussaud (au premier plan), avec les Jeunesses Nationalistes, le 14 janvier 2012, à Lyon © Reflexes
Laura Lussaud sur l'estrade du congrès du FN en 2007 à Bordeaux, avec Louis Aliot, Bruno Gollnisch, Marine et Jean-Marie Le Pen © dr
Laura Lussaud posant avec David Rachline, secrétaire national du FN (à sa gauche) et Jean-Marie Le Pen (à sa droite). © Reflexes
La grand-mère de Laura Lussaud, membre du comité central du FN. © Site du Front national.
Sa grand-mère, elle, est encore membre du comité national du FN, d'après le site du Front national. En 2011, elle était responsable… du comité de soutien de Marine Le Pen en Loire-Atlantique.
Aujourd’hui, le flou demeure concernant certains cadres frontistes. Comme Amaury Navarranne. Responsable de l’Œuvre française à Toulon, cet ancien chef du FNJ dans le Var demeure membre du bureau du FN varois, mais aussi du comité central du parti :
La fiche d'Amaury Navaranne, membre du comité central du FN. © Site du Front national.
En avril 2012, les Anonymous ont piraté les sites liés aux mouvements d’extrême droite lyonnais et les boîtes mail d’Yvan Benedetti. On y apprend qu’Amaury Navarranne est désormais l’un des bras droits de Benedetti pour l’organisation des camps d’été de Jeune nation. Ce que l'intéressé a démenti à Mediapart.
Parmi les documents piratés par les Anonymous, on trouve des demandes d’adhésion émanant de cadres du FN (lire l’article de Lyon Capitale), mais aussi la liste des membres. Parmi eux, Jean-Marie Cojannot, candidat FN aux législatives de 2012 et aux cantonales de 2011 dans le Vaucluse.
4. Les liens avec les identitaires
Fin 2011, un cadre du FN détaillait à Mediapart les « contacts individuels mais prolongés » de dirigeants du FN issus du MNR (Steeve Briois, Nicolas Bay, Bruno Bilde) avec ceux du Bloc identitaire (BI), groupuscule anti-islam et xénophobe (lire notre article). La même année, lors des universités d'été du FN à Nice, plusieurs responsables du BI, dont Philippe Vardon, étaient présents lors du discours de Marine Le Pen.
Entre les deux formations, les liens ont une dimension plus électorale. Aux cantonales de 2011 à Nice, le FN a soutenu Jacques Peyrat, proche des identitaires. En 2012, le Bloc identitaire a réclamé des alliances avec le FN, ce que Marine Le Pen a pour l'instant refusé étant donné leurs divergences idéologiques sur l'Europe notamment. Mais à Nice, Nissa Rebela, la branche locale du Bloc, représenterait un potentiel électoral non négligeable pour le FN.
Le 19 septembre, ces liens prendront une tournure plus officielle, puisque Bruno Gollnisch – membre du bureau politique du FN, député européen, conseiller régional – se rendra à la Traboule, le local des identitaires à Lyon, pour une conférence.
Le 26 février, les identitaires lyonnais avaient déjà reçu Robert Ménard :
Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013. © Génération identitaire Lyon
L'ancien président de RSF était aussi annoncé le 11 juin chez Jeune Bretagne (né de la scission du Bloc identitaire en 2012) :
L'affiche annonçant la venue de Robert Ménard chez Jeune Bretagne, le 11 juin 2013.
5. Les sulfureux secrétaires départementaux toujours en place
Les dirigeants du Front national se félicitent régulièrement d’avoir « fait le ménage » dans leur parti. Mais ce grand « ménage » est loin d’être effectif. Y compris parmi les responsables locaux du parti.
Épinglé par StreetPress puis par le livre Bienvenue au Front, Rémi Carillon, secrétaire départemental des Hauts-de-Seine, est toujours en place. Ce candidat FN aux législatives de 2012 s'est illustré par le post sur le site du FN 92, d'une vidéo antisémite de David Duke, ancien du Ku Klux Klan, dont il juge les théories « intéressantes », mais aussi par sa version satirique de La cigale et la fourmi (où il question d’un « gang de cafards immigrés » qui « squattent » « la maison de la fourmi devenue logement social ») ou encore par sa tribune sur le site Les 4 vérités prônant la « méthode forte » « contre l'islamisation ».
Rémi Carillon avec Marie-Christine Arnautu (vice-présidente chargé des affaires sociale) et Marine Le Pen, le 19 septembre 2010. © nationspresse.info
Autre secrétaire départemental maintenu malgré son CV, Vincent Gérard, patron du FN de la Haute-Vienne, candidat frontiste régulier et ex-guitariste du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads.
La pochette (recto) du disque du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads, où figure Vincent Gérard comme guitariste. © Reflexes
La pochette (verso) du disque, où figure Vincent Gérard comme guitariste. © Reflexes
En avril 2012 à Limoges, il agresse le patron d’un bar. Marine Le Pen promet qu’il sera démis de ses fonctions s’il est condamné. Mais malgré sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour « violences avec ou sous la menace d'une arme » (il a fait appel de cette décision), il figurait cette année au 1er Mai du FN, sur l’estrade officielle, comme secrétaire départemental :
Vincent Gérard présent comme secrétaire départemental sur l'estrade officielle du FN lors du défilé du 1er-Mai, en 2013. © Reflexes
Jean-Marie Le Pen lui a même renouvelé sa confiance lors d'un déplacement en mai dernier (voir les images). Et sur le site du parti, il est toujours en poste :
Sur le site du FN, Vincent Gérard apparaît toujours comme secrétaire départemental de la Haute-Vienne. © Site du Front national.
La famille Le Pen était aussi liée avec l'ancien député européen d'extrême droite Franz Schönhuber (décédé en 2005), auteur en 1982 d'un livre dans lequel il défendait son engagement dans les Waffen-SS :
6. Les liens sans frontière avec les négationnistes, néofascistes et néonazis
Le Front national flirte aussi avec des personnalités négationnistes.
Ainsi, en 2011, le FN investit l'ex-MPF Jacques Kotoujansky, pour les cantonales dans l’Yonne. On le retrouve aux universités d'été du FN, en septembre 2011, à Nice, puis à la tribune du colloque santé organisé par le think tank du parti, à Paris, le 10 novembre 2011. Membre du comité d’action programmatique du FN sur la santé, c'est lui qui a rédigé les propositions de Marine Le Pen sur la Sécurité sociale pour la présidentielle de 2012.
Mais Kotoujansky est aussi un médecin révisionniste, comme l'a révélé la journaliste Claire Checcaglini dans son livre Bienvenue au Front (Jacob Duvernet, 2012). Adepte des thèses de Thierry Meyssan, il a donné des conférences sur le 11-Septembre et a créé sa propre association conspirationniste, Vérité & Liberté, visible sur le site kotou.fr dédié à la théorie du complot.
Le site "Vérité & Liberté". Depuis la mention du FN a été retirée et Kotoujansky a adopté un pseudonyme. © conspiracywatch.info
Autre exemple, Mathieu Spieser, membre du DPS et du FN dans les Hauts-de-Seine. Ce jeune homme, qui assure régulièrement la sécurité des Le Pen (photos ci-dessous), dialogue avec des négationnistes et antisémites notoires, tels que Robert Faurisson, Hervé Ryssen, Vincent Reynouard, comme en attestent plusieurs mails publiés par le site Fafwatch (à voir ici, là, ou encore là), où il apparaît sous l'identifiant « msierra88 ». Il figurait aussi sur la liste des invités du Forum de la nation de l’Œuvre française, le 15 octobre 2011.
Mathieu Spieser (debout à droite) lors dumeeting de Marine Le Pen à Toulouse, le 5 février 2012. © Fafwatch
Mathieu Spieser assurant la sécurité de Marine Le Pen, muni d'une oreillette. © Fafwatch
Mathieu Spieser assurant la sécurité de M. Maréchal-Le Pen, lors de la manifestation contre le mariage pour tous du 26 mai 1013. © Fafwatch
Le 13 janvier 2013, c'est un autre élu connu pour ses déclarations racistes, négationnistes et antisémites (notamment dans les années 1980-1990), qui défile avec le Front national lors de la manifestation contre le mariage pour tous : Nick Griffin, chef du British National Party, parti d'extrême droite britannique. Le député européen a assisté à des meetings du Ku Klux Klan (lire ici et là), nié l’Holocauste en le comparant au « canular du XXe siècle », expliqué qu'il rêvait « d'une société entièrement blanche », et prôné la « suprématie blanche ». En 1998, il a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale (lire notre article).
Nick Griffin (à gauche) à côté de Marion Maréchal-Le Pen (à droite), dans le cortège du FN. © Twitter / Nick Griffin
Derrière eux on retrouve… Mathieu Spieser:
Mathieu Spieser derrière Nick Griffin dans le cortège du FN, lors de la manif anti-mariage pour tous du 13 janvier 2013. © Capture d'écran du Journal de France 2 / Fafwatch
À l'étranger aussi Marine Le Pen conserve des contacts avec des personnages sulfureux (lire notre article sur son front européen). En 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge», elle pose avec Manuel Andrino, le leader de la Phalange. Cette organisation fasciste espagnole est alors invitée officiellement à la rencontre annuelle du Front national. D'autres responsables du FN (Jean-Marie Le Pen, David Rachline) prennent aussi la pause avec les Phalangistes (voir les photos ici)
Marine Le Pen en 2006 avec des membres de la Falange, dont son dirigeant, Manuel Andrino (à gauche). © la-flamme.fr
Manuel Andrino, le leader de la Falange, organisation fasciste espagnole. © dr
En janvier 2012, la présidente du FN se rend aussi au très controversé bal de la Fédération des corporations pangermanistes, à l’invitation du FPÖ, le parti autrichien d'extrême droite. Ce rassemblement annuel de toute l'extrême droite européenne reçoit régulièrement des figures du négationnisme (comme John Gudenus, ex-FPÖ), des responsables internationaux d'extrême droite (le Vlaams Belang belge, le parti national-démocrate allemand – NPD –, le sulfureux Alexander Dugin du parti eurasiste de Russie).
Marine Le Pen y rencontre Martin Graf, député du FPÖ, membre d'Olympia, une corporation secrète interdite aux juifs et aux femmes dont les membres sont chargés de véhiculer, par des biais détournés, des idées néonazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes (lire notre article).
Marine Le Pen au bal des ligues étudiantes pangermanistes, à Vienne, le 27 janvier 2012. © blaisegauquelin.com
En 2012, une photo circule, sur laquelle la présidente du FN pose avec Anthony et Grégoire, deux figures du milieu néonazi lyonnais – vraisemblablement en 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge », qui était la rencontre annuelle du FN. Anthony (à droite), batteur du groupe néo-nazi lyonnais Match Retour, a notamment participé à la tentative de rassemblement « contre les casseurs », le 22 octobre 2010 à Lyon (voir les images), à l'issue de laquelle quelque 150 personnes ont été arrêtées.
Sur leurs tee-shirts, ils affichent des symboles nazis : une croix gammée arrondie avec une tête de mort (emblème des SS gardiens de camps) ; un détournement de la marque Londsdale en « LoNSDAPe », renvoyant au parti NSDAP d'Hitler. La présidente du FN assure alors n'avoir pas vu la croix gammée et minimise : « Depuis trois ou quatre ans, j’ai dû me faire photographier 10 000 fois, et encore. »
Marine Le Pen posant avec deux néonazis lyonnais, Grégoire (à gauche) et Anthony (à droite). © dr
La famille Le Pen était aussi liée avec l'ancien député européen d'extrême droite Franz Schönhuber (décédé en 2005), auteur en 1982 d'un livre dans lequel il défendait son engagement dans les Waffen-SS :
Marine Le Pen avec le waffen SS Franz Schonhuber. © dr
Jean-Marie Le Pen et Franz Schonhuber, auteur de « Der Rebel », une biographie de Le Pen. © dr
Franz Schönhuber est l'auteur d'une biographie de Jean-Marie Le Pen intitulée « Le rebel ».. © dr
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