Par Henri Chazelle
Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre. Alors n’oublions pas les élections allemandes de 1933. Hitler était arrivé en tête avec seulement 44 % des voix. Son alliance avec le Parti national du peuple allemand (8 %) lui avait permis de recourir à "l’Acte générateur" et d’obtenir les pleins pouvoirs. Ce furent les dernières élections libres avant la Seconde Guerre mondiale.
- Qui peut souhaiter que Madame Le Pen ait la mainmise sur le Ministère de l’intérieur ?
- Qui peut souhaiter qu’elle utilise l’article 16 de la constitution actuelle ?
- Qui peut souhaiter la guerre civile à laquelle nous conduirait sa politique discriminatoire contre les minorités d’origines étrangères ?
- Qui peut croire que ses mesures contre les travailleurs immigrés seraient bénéfiques à notre économie alors qu’ils contribuent davantage au financement de la protection sociale qu’ils ne coûtent en prestations ?
- Qui peut croire qu’elle est la candidate des plus démunis ? Elle qui promet au patronat de nouvelles baisses de cotisations, elle qui veut permettre de faire des donations exonérées de droits de succession de 100 000 euros tous les 5 ans, elle qui prévoit la suppression du compte pénibilité, elle qui veut affaiblir la représentation des salariés en favorisant les "syndicats maison"…
Une autre raison rend l’élection de Madame Le Pen également dangereuse pour la démocratie : elle entraînerait la constitution d’une opposition parlementaire hétéroclite génératrice d’une grande confusion chez les citoyens entre les idées de droite, néolibérales et socialistes.
Madame Le Pen doit donc être éliminée au second tour
Et une simple abstention ou un vote blanc pourrait ne pas suffire. En effet, elle peut bénéficier du renfort d’une partie de la droite dure qui la préfère à Emmanuel Macron (voir les déclarations de Christine Boutin). Elle peut bénéficier de retour d’un électorat protestataire refusant les majorités au pouvoir depuis des décennies et qui avait été au premier tour séduit par Jean-Luc Mélenchon. Elle peut bénéficier du soutien de ceux qui, pour changer le système, misent sur le chaos que son élection entraînerait. Nous ne devons prendre aucun risque.
Nous devons non seulement éliminer Madame Le Pen mais aussi faire en sorte que son résultat soit le plus faible possible. Car plus tard, elle s'en prévaudra pour asseoir sa légitimité.
Nous ne devons pas laisser à la droite le soin de combattre l'extrême droite par le vote. Nous devons prendre nos responsabilités et glisser un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne le 7 mai.
En 2002, pour éliminer Le Pen Père, nombre d’entre nous qui n’étions pas de droite avions bien voté Jacques Chirac.
En 2012, pour éliminer Nicolas Sarkozy, nous de gauche avons bien voté François Hollande même s’il n’avait pas eu notre préférence au premier tour.
En 2017, pour éliminer Le Pen Fille, nous pouvons bien voter pour Emmanuel Macron, nouvelle version de Hollande, certes ouvertement libérale au sens économique du terme.
Il ne s’agira pas d’un vote d’adhésion à Emmanuel Macron
et à ses idées mais d’une mesure de défense contre le pire
Nous savons que l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 ne réglera aucun des problèmes sociaux, économiques et environnementaux actuels. Certains en déduisent que cela amènera une victoire triomphale du FN en 2022 et qu’il vaut mieux sa victoire moins nette en 2017, les législatives permettant d’imposer une cohabitation. C’est un mauvais calcul : une catastrophe hypothétique en 2022 est préférable à une catastrophe bien réelle en 2017. D’ici 2022 de l’eau aura coulé sous les ponts et les forces de gauche et authentiquement républicaines auront eu, espérons-le, le temps de se recomposer.
D’autres pensent que la victoire de Madame Le Pen créerait un choc salutaire permettant de mettre fin une fois pour toutes avec le régime monarchique de la Ve République. Point n’est besoin de cela. Compte tenu de la répartition des voix au premier tour, Emmanuel Macron devra gouverner en s’appuyant sur une majorité composite qu’il aura du mal à construire. La Ve République est de facto déjà bien malade.
Éradiquer durablement le Front national
Après avoir écarté temporairement le danger d’extrême droite, nous aurons les législatives pour freiner, sinon stopper les ardeurs néolibérales d’Emmanuel Macron. Cela signifiera alors ne passer aucun accord avec lui et avec la droite à laquelle il risque de s’allier.
Il faudra réussir ce qui n’a pas été possible pour les présidentielles : construire un rassemblement Rose, Rouge, Vert autour d'une plate-forme commune tournant résolument le dos aux politiques qui ont échoué jusqu'ici. Gageons que l’aveuglement de nos "chefs à plume", pardon nos candidats, dû à leurs ego, leur soif de pouvoir, leurs rancœurs et calculs personnels, s’effacera puisqu’ils ne seront plus en première ligne. Gageons que l’on pourra alors faire converger les programmes de gauche.
En 2012, pour éliminer Nicolas Sarkozy, nous de gauche avons bien voté François Hollande même s’il n’avait pas eu notre préférence au premier tour.
En 2017, pour éliminer Le Pen Fille, nous pouvons bien voter pour Emmanuel Macron, nouvelle version de Hollande, certes ouvertement libérale au sens économique du terme.
Il ne s’agira pas d’un vote d’adhésion à Emmanuel Macron
et à ses idées mais d’une mesure de défense contre le pire
Nous savons que l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 ne réglera aucun des problèmes sociaux, économiques et environnementaux actuels. Certains en déduisent que cela amènera une victoire triomphale du FN en 2022 et qu’il vaut mieux sa victoire moins nette en 2017, les législatives permettant d’imposer une cohabitation. C’est un mauvais calcul : une catastrophe hypothétique en 2022 est préférable à une catastrophe bien réelle en 2017. D’ici 2022 de l’eau aura coulé sous les ponts et les forces de gauche et authentiquement républicaines auront eu, espérons-le, le temps de se recomposer.
D’autres pensent que la victoire de Madame Le Pen créerait un choc salutaire permettant de mettre fin une fois pour toutes avec le régime monarchique de la Ve République. Point n’est besoin de cela. Compte tenu de la répartition des voix au premier tour, Emmanuel Macron devra gouverner en s’appuyant sur une majorité composite qu’il aura du mal à construire. La Ve République est de facto déjà bien malade.
Éradiquer durablement le Front national
Après avoir écarté temporairement le danger d’extrême droite, nous aurons les législatives pour freiner, sinon stopper les ardeurs néolibérales d’Emmanuel Macron. Cela signifiera alors ne passer aucun accord avec lui et avec la droite à laquelle il risque de s’allier.
Il faudra réussir ce qui n’a pas été possible pour les présidentielles : construire un rassemblement Rose, Rouge, Vert autour d'une plate-forme commune tournant résolument le dos aux politiques qui ont échoué jusqu'ici. Gageons que l’aveuglement de nos "chefs à plume", pardon nos candidats, dû à leurs ego, leur soif de pouvoir, leurs rancœurs et calculs personnels, s’effacera puisqu’ils ne seront plus en première ligne. Gageons que l’on pourra alors faire converger les programmes de gauche.
Cette tâche devra se poursuivre après les législatives. Elle doit conduire la gauche à renouveler ses idées, stratégie et tactique pour qu’elles répondent aux défis présents, ceci sans trahir ses idéaux. C’est en réussissant cela que l’on pourra affaiblir réellement et durablement le Front National et faire en sorte qu’il ne soit plus un danger en 2022.
Ce doit être possible. Pour vous en convaincre regardez le débat organisé par Politis entre Jacques Généreux et Thomas Piketty, respectivement conseillers économiques de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon. Ils étaient d’accord à peu près sur tout, même sur la stratégie à adopter pour faire évoluer l’Europe, sujet qui soi-disant les divisait.
En conclusion
Pour être sûr de barrer la route à Madame Le Pen, à l’extrême droite, à la haine, aux peurs et aux rejets de l’autre qu’elle propage. Pour défendre les idéaux inscrits dans notre belle devise "Liberté, Égalité, Fraternité". Une seule solution : voter Emmanuel Macron sans états d’âme et sans illusions.
C’est ce que, pour ma part, je ferai dimanche 7 mai.
Ce doit être possible. Pour vous en convaincre regardez le débat organisé par Politis entre Jacques Généreux et Thomas Piketty, respectivement conseillers économiques de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon. Ils étaient d’accord à peu près sur tout, même sur la stratégie à adopter pour faire évoluer l’Europe, sujet qui soi-disant les divisait.
En conclusion
Pour être sûr de barrer la route à Madame Le Pen, à l’extrême droite, à la haine, aux peurs et aux rejets de l’autre qu’elle propage. Pour défendre les idéaux inscrits dans notre belle devise "Liberté, Égalité, Fraternité". Une seule solution : voter Emmanuel Macron sans états d’âme et sans illusions.
C’est ce que, pour ma part, je ferai dimanche 7 mai.
Deux précisions suite aux observations que l'on m'a faites.
RépondreSupprimer1 - Pourquoi Madame Le Pen doit non seulement être battue mais aussi obtenir un résultat soit le plus faible possible :
Du fait de la non-comptabilisation des blancs dans les suffrages exprimés, la somme des suffrages des deux candidats exprimés en pourcentage doit être de 100 %.
Donc par un jeu de vases communicants, toute baisse de Macron en % se traduit mécaniquement par une hausse équivalente de Le Pen également en %.
Or plus tard, c'est ce pourcentage que l'on retiendra, et Madame Le Pen s'en prévaudra pour asseoir sa légitimité.
2 - Pour stopper les ardeurs néolibérales d’Emmanuel Macron :
La vraie opposition à Macron devra commencer avec les législatives.
Là, chacun pourra voter selon ses idées, pas pour éviter une catastrophe. Et l'on pourrait imposer une cohabitation.
De plus, n'oublions pas que pour gouverner par ordonnances, il faut y être autorisé par le parlement.