Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national de la motion 4
La France républicaine s’est réveillée avec la gueule de
bois. Le FN caracole en tête des élections européennes avec 25 % des voix.
L’UMP, plombé par les affaires, arrive second avec seulement 20% et le Parti
socialiste, grand perdant des élections, atteint à peine les 14%. Une fois de
plus notre électorat ne s’est pas déplacé. Une fois de plus, il a sanctionné
sévèrement la politique du gouvernement. Pourquoi voter pour des candidats
socialistes qui déclarent vouloir changer l’Europe alors que ceux qui sont au
pouvoir ne respectent pas leurs engagements ? C’est une véritable crise de
confiance qui s’ouvre dans notre pays, laissant la voie libre aux
nationalismes. Quand la gauche démissionne sur le terrain social, ce sont les
thèses identitaires qui prospèrent, le repli sur soi, la haine de l’autre. De
tout temps, le chômage et la précarité ont été le lisier de l’extrême droite. Le
FN en fait l’amère démonstration en remportant ces élections qui défigurent
notre pays.
Aujourd’hui, c’est tout le projet européen qui est menacé avec
la probable nomination de Jean-Claude Junker à la Présidence du Parlement européen.
Ce grand pape de l’ordo-libéralisme sera le fossoyeur de l’Europe sociale et
c’est définitivement que nous perdrons le soutien des peuples. Nous vivons une
tragédie et celle-ci est valable aussi bien pour notre pays que pour l’ensemble
des européens. Les chances de voir se mettre en place les convergences progressistes
dans l’Union sont compromises et un peu partout les partis xénophobes
gangrènent la vie politique.
La responsabilité du Parti socialiste français dans cet
échec est immense. En soutenant le gouvernement Valls nous avons tourné le dos
à nos militants et au peuple de gauche. La « croissance » n’est pas
un projet de civilisation, la baisse du « coût du travail » accentue le
dumping intra-européen que nous avons dénoncé durant notre campagne, et la « compétitivité »
ne peut déboucher que sur la surenchère concurrentielle entre les salariés de
toute l’Europe. Les dernières déclarations du premier ministre sur les exonérations fiscales en direction des plus pauvres témoignent d'une politique désespérée au moment même où 50 milliards de coupe budgétaire sont prévues dans les dépenses
publiques. On n'a jamais réglé la pauvreté avec des baisses d'impôts et nous attendons toujours la révolution fiscale qui rétablira dans la justice la progressivité de l'impôt Républicain. Mais encore, aucune solution n’est apportée au
chômage de masse. Le gouvernement laisse ainsi dans le désespoir des millions de
français et leur famille. Nous le savons, il n’est pas envisageable de renouer
avec le plein-emploi sans un nouveau partage du travail.
Nous ne pouvons continuer à regarder notre parti sombrer de
défaites historiques en défaites historiques et constater impuissant
l’hémorragie militante et la montée du FN. Un changement de cap s’impose. Une
direction collégiale doit être mise en place et l’organisation d’un congrès
extraordinaire doit être décidé au plus vite. C’est en repassant devant les
militants que nous retrouverons le sens de notre engagement. C’est à eux que
revient le choix de l’orientation politique de notre parti. En temps de crise
profonde, il n’y a pas d’autre issue que de s’en remettre à la démocratie.
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