Liêm Hoang-Ngoc |
Ces choix ont fini par désarmer les électeurs de gauche, qui
ont manifesté leur profond mécontentement en s’abstenant massivement lors des
élections municipales.
Le tournant de la rigueur de 1983 devait permettre
l’avènement d’une Europe progressiste. Il a accouché d’une Europe
ordo-libérale, que la France a renoncé à réorienter en 2012 en adoptant un
traité budgétaire qui interdit toute politique progressiste et en négociant
dans la foulée un budget européen en baisse de 10% pour 2014-2020, ce qui a tué
dans l’œuf la promesse d’un pacte de croissance pour l’Europe.
Philippe Marlière |
Ceux d’entre nous qui sont membres du PS sont d’autant plus
atterrés que ce choix fondamental n’a été délibéré dans aucune instance de
notre parti, et a-fortiori dans aucun congrès. La 5e République
permet au président de la République et à son Premier ministre de l’imposer à
la représentation nationale et à tout le pays au mépris du récent message des
urnes. Nombre de militants socialistes ont d’ores et déjà déserté le terrain du
combat politique. Les autres constatent amèrement que le choix de l’exécutif
risque de mener inexorablement notre camp, défaite électorale après défaite
électorale, à un nouveau 21 avril qui menacera l’existence même de notre parti
en 2017. Ils observent que l’aile gauche du PS n'est pas parvenue à ce jour à
empêcher la mise en œuvre de cette politique. Ils regrettent que l’espace
occupé par le Front de Gauche et les écologistes soit parfois le théâtre
d’affrontement d’appareils stériles qui n'offrent pas de débouché
politique crédible.
Socialistes et sociaux-démocrates, nous sommes affligés par
l'orientation politique du gouvernement actuel. Nous l'estimons néfaste et
démobilisatrice pour les électeurs de gauche qui avaient nettement indiqué
vouloir rompre avec le Sarkozysme en 2012. Ce choix fragilise le PS et la
gauche dans son ensemble. C’est pour préserver l’identité socialiste et
transmettre le témoin aux générations futures de militants que nous décidons de
créer un club, ayant pour vocation de montrer qu’un programme socialiste est
plus que jamais crédible en France et en Europe. Il s’avèrerait en tout cas
bien plus approprié que les politiques d’austérité pour lutter contre le
chômage et les inégalités, ainsi que pour financer la transition écologique. En
France, tout comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal, ni les salaires, ni
l’État social ne sont nos ennemis. Ce qui nous menace, ce sont la finance et
l’austérité, cette dernière étant imposée en Europe par des procédures de décision
anti-démocratiques.
Ce club est ouvert à toutes et à tous, adhérents du PS ou
pas. Il doit regrouper les citoyens actifs, intellectuels, militants
associatifs, politiques et syndicaux qui veulent aider la gauche à redevenir
une force de propositions et d'action au service de la justice et de l'égalité
sociale. Nous n'avons aucun ennemi à gauche et nous entendons, dans un esprit
unitaire, mener collectivement la bataille idéologique et politique que la
gauche a perdue au cours de ces trente dernières années. Nous travaillerons
ainsi en collaboration avec des clubs et think tankseuropéens, eux aussi
engagés dans le même combat. Nous entamerons le dialogue avec toutes les forces
qui entendent œuvrer à la recomposition de la gauche. Notre objectif sera aussi
de fournir les ressources intellectuelles et humaines aux listes de gauche qui
se présenteront aux prochaines échéances électorales.
Liêm Hoang-Ngoc
Député au Parlement européen, membre du Bureau national du PS
Député au Parlement européen, membre du Bureau national du PS
Philippe Marlière
Professeur à University College London, ancien membre du PS
Professeur à University College London, ancien membre du PS
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