vendredi 30 mai 2014

Essoré dans les urnes, le parti socialiste tremble sur sa base

Christophe Borgel responsable de la campagne de Européennes au PS




Le 30 mars, date du second tour des municipales, le parti de François Hollande a perdu environ 30 000 de ses 60 000 élus, selon des chiffres internes inédits. Essoré dans les urnes en ce printemps 2014, le PS a aussi perdu de précieux réseaux d'influence et de mobilisation. Une nouvelle débâcle aux régionales et aux cantonales, en 2015 ou en 2016, fragiliserait encore un peu plus le PS.

Avec 13,98 %, le parti socialiste au pouvoir a enregistré dimanche 25 mai le pire résultat de son histoire aux européennes. En métropole, il n'arrive en tête que dans deux départements, la Haute-Vienne et la Corrèze. Ailleurs, il est souvent distancé par le Front national et l'UMP. Cette débâcle s'ajoute à celle des municipales, il y a deux mois, qui ont vu de vieux bastions socialistes basculer, les bases électorales du PS rétrécir, le travail militant d'années, voire de décennies partir en fumée.

jeudi 29 mai 2014

Intervention au Bureau national du 26 Mai 2014

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion4

La droite était plombée par les affaires et nous avions un bon programme aux européennes, courageux, combatif, ambitieux, comme tu l’as rappelé à l’instant Jean-Christophe. Nous avions un boulevard pour remporter ces élections. Alors pourquoi une telle débâcle ? Pourquoi une telle abstention ? Cela fait deux fois que notre électorat ne se déplace pas. Aux municipales et maintenant aux Européennes. Il ne vote pas à droite, ni Front de gauche, il sanctionne notre parti en s’abstenant massivement.

J’y vois essentiellement des raisons politiques. Je laisserai aux autres les explications sociologiques.

Notre programme aux européennes se propose de lutter contre le dumping intra-européen et en France nous soutenons… la baisse le coût du travail.
Notre programme a pour engagement la défense des protections sociales… et nous soutenons l’allongement des cotisations retraites.
Notre programme s’oppose à l’austérité et nous soutenons les 50 Milliards de coupe budgétaire dans les dépenses publiques.
Notre programme propose une Europe sociale et solidaire et nous n’avons à la bouche que « compétitivité, croissance ». Notre seule ambition serait d’aller conquérir des parts de marché au détriment des salariés des pays de l’Union.
Bref, nous faisons exactement le contraire de ce que nous promettons pour l’Europe.

mardi 27 mai 2014

Sous la dette publique, l'arnaque néolibérale

PAR LAURENT MAUDUIT |  27MAI 2014 

Le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » dévoile ce mardi un rapport important. Ruinant la doxa libérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens, il établit que la dette publique aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses d'impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt exorbitants.

C’est un travail remarquable qu’a réalisé le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » : dans un rapport qu’il publie ce mardi 27 mai, il établit de manière méticuleuse que 59 % de l’endettement public français provient des cadeaux fiscaux consentis ces dernières décennies, essentiellement aux plus hauts revenus, et des taux d’intérêt excessifs, qui ont découlé des politiques monétaires en faveur du « franc fort » puis de l’« euro fort ». Et ce constat est évidemment ravageur car il suggère que la politique économique actuelle, conduite par François Hollande et Manuel Valls, est construite sur un mensonge : elle tend à faire croire aux Français que le pays vit au-dessus de ses moyens et que c’est cela qui est à l’origine du creusement des déficits et de la dette.

Au lendemain des élections européennes, qui ont tourné au désastre pour les socialistes, ce rapport ruine ce qui est le cœur de la doxa libérale, à laquelle les dirigeants socialistes se sont convertis. Et il invite à un sursaut, apportant la preuve de manière très argumentée et chiffrée que la France n’est pas condamnée à une punition perpétuelle et qu’il existe d’autres politiques économiques possibles.
Ce rapport très important, le voici :


lundi 26 mai 2014

Nouvelle sanction aux européennes… changeons de politique maintenant !

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national de la motion 4

La France républicaine s’est réveillée avec la gueule de bois. Le FN caracole en tête des élections européennes avec 25 % des voix. L’UMP, plombé par les affaires, arrive second avec seulement 20% et le Parti socialiste, grand perdant des élections, atteint à peine les 14%. Une fois de plus notre électorat ne s’est pas déplacé. Une fois de plus, il a sanctionné sévèrement la politique du gouvernement. Pourquoi voter pour des candidats socialistes qui déclarent vouloir changer l’Europe alors que ceux qui sont au pouvoir ne respectent pas leurs engagements ? C’est une véritable crise de confiance qui s’ouvre dans notre pays, laissant la voie libre aux nationalismes. Quand la gauche démissionne sur le terrain social, ce sont les thèses identitaires qui prospèrent, le repli sur soi, la haine de l’autre. De tout temps, le chômage et la précarité ont été le lisier de l’extrême droite. Le FN en fait l’amère démonstration en remportant ces élections qui défigurent notre pays. 

Aujourd’hui, c’est tout le projet européen qui est menacé avec la probable nomination de Jean-Claude Junker à la Présidence du Parlement européen. Ce grand pape de l’ordo-libéralisme sera le fossoyeur de l’Europe sociale et c’est définitivement que nous perdrons le soutien des peuples. Nous vivons une tragédie et celle-ci est valable aussi bien pour notre pays que pour l’ensemble des européens. Les chances de voir se mettre en place les convergences progressistes dans l’Union sont compromises et un peu partout les partis xénophobes gangrènent la vie politique.

La responsabilité du Parti socialiste français dans cet échec est immense. En soutenant le gouvernement Valls nous avons tourné le dos à nos militants et au peuple de gauche. La « croissance » n’est pas un projet de civilisation, la baisse du « coût du travail » accentue le dumping intra-européen que nous avons dénoncé durant notre campagne, et la « compétitivité » ne peut déboucher que sur la surenchère concurrentielle entre les salariés de toute l’Europe. Les dernières déclarations du premier ministre sur les exonérations fiscales en direction des plus pauvres témoignent d'une politique désespérée au moment même où 50 milliards de coupe budgétaire sont prévues dans les dépenses publiques. On  n'a jamais réglé la pauvreté avec des baisses d'impôts et nous attendons toujours la révolution fiscale qui rétablira dans la justice la progressivité de l'impôt Républicain. Mais encore, aucune solution n’est apportée au chômage de masse. Le gouvernement laisse ainsi dans le désespoir des millions de français et leur famille. Nous le savons, il n’est pas envisageable de renouer avec le plein-emploi sans un nouveau partage du travail.

Nous ne pouvons continuer à regarder notre parti sombrer de défaites historiques en défaites historiques et constater impuissant l’hémorragie militante et la montée du FN. Un changement de cap s’impose. Une direction collégiale doit être mise en place et l’organisation d’un congrès extraordinaire doit être décidé au plus vite. C’est en repassant devant les militants que nous retrouverons le sens de notre engagement. C’est à eux que revient le choix de l’orientation politique de notre parti. En temps de crise profonde, il n’y a pas d’autre issue que de s’en remettre à la démocratie.


Le néolibéralisme remplit les prisons

LUC PEILLON 23 MAI - ANALYSE

Politiques économiques et taux d’incarcération sont liés. Démonstration.

Moins de 50 personnes sous les verrous pour 100 000 habitants en Islande, plus de 700 aux Etats-Unis, le taux d’incarcération varie, en 2013, de 1 à 14 parmi les 34 pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Politique pénale plus ou moins répressive, particularismes régionaux, plusieurs éléments expliquent ces fortes disparités. Mais elles sont aussi dues aux différentes politiques économiques mises en œuvre. Dépenses sociales, pauvreté, inégalités : les grands critères macroéconomiques résonnent ainsi fortement avec le taux d’incarcération.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Le sociologue Loïc Wacquant (1) le résume ainsi, en 2010, dans la revue Mouvements (2) : «Le consensus de Washington sur la dérégulation économique et la réduction de la protection sociale a, de fait, été élargi pour englober le contrôle punitif de la criminalité sur un mode pornographique et managérial, la "main invisible" du marché appelant le "poing de fer" de l’Etat pénal.» Une dérive intimement liée au modèle économique néolibéral et originaire, comme le consensus de Washington, des Etats-Unis. Les élites dirigeantes des nations séduites par les «Chicago Boys» de Milton Friedman dans les années 70, explique Wacquant, étaient «vouées à s’éprendre des "New York Boys" de Rudy Giuliani [ex-maire de New York, partisan de la tolérance zéro, ndlr] dans les années 90, lorsque le temps fut venu de contenir les conséquences ramifiantes de la restructuration néolibérale et de faire face à l’instabilité sociale endémique».

samedi 24 mai 2014

Pourquoi dimanche, il faut aller voter et pourquoi il faut voter pour une liste progressiste, une liste de gauche.

Par Henri Chazelle, membre du Conseil national pour la motion 4

L'Europe est malade. Mais en sortir ou sortir de l'euro n'est pas la solution.

Nombreux sont ceux qui refusent ce qu'elle est devenue, un espace de compétition forcenée entre nations et citoyens, un espace où les forces de la finance imposent leurs règles, imposent l'austérité, où les peuples se sentent dépossédés de leur prérogatives citoyennes.

Mais ce n'est pas en écoutant les sirènes du Front national qu'on guérira le malade.
Cela ne conduirait qu'à le tuer et à nous amener à une situation pire que celle, certes insatisfaisante, mais perfectible que nous vivons.

jeudi 22 mai 2014

Les mangeurs de fromage, créateurs d’emplois


Les gens sont assez défaitistes en matière de performances économiques en l'Europe ces jours-ci, avec de bonnes raisons. Mais principalement, ce que nous observons c’est une mauvaise politique macroéconomique, résultat d’une union monétaire prématurée et de la manie de l’austérité. Une histoire très différente de l'ancienne version de l’eurotrashing qui aurait débouché sur l'eurosclérose — le faible taux d’emploi persistant prétendument causé par les excès des États-providence..

Aussi, des personnes comme John Schmitt et Dean Baker avaient depuis longtemps commencé à indiquer que cette version n’était pas crédible. Si vous regardez l'Europe en général et la France en particulier, vous voyez que, oui, la population est partie à la retraite plus tôt qu’en Amérique, et que moins de jeunes ont travaillé — en partie parce qu'ils n'ont pas pu se frayer un chemin à travers les études. Mais à la veille de la crise économiques de l'emploi parmi la classe d’âge la plus active.

Eh bien, je n'avais pas regardé ces données depuis un certain temps ; et là où nous en sommes maintenant est tout à fait stupéfiant :


Depuis la fin des années 1990, nous avons complètement échangés nos places : la classe d’âge française la plus active est maintenant beaucoup plus susceptible que son homologue américaine d’obtenir des emplois

Étrange comment parmi les critiques incessantes des performances françaises ce fait n'est jamais mentionné.


TAFTA, le point de vue de Thomas Petit

Le positionnement de la motion4 n'a pas encore fait l'objet d'un consensus et d'une consultation de ses militants sur le TAFTA. La tribune de notre camarade Thomas Petit, Conseillé national et délégué à l'Europe pour la motion 4, reste l'expression d'un point de vue personnel. Merci à lui d'alimenter le débat sur ce sujet complexe qui fait polémique. Vos réactions sont attendues.



Traité transatlantique : pourquoi il faut voter pour le Parti Socialiste Européen

Les medias parlent beaucoup du traité transatlantique.
Les populistes, que ce soit Marine LePen ou Jean-Luc Melenchon, s'opposent frontalement à ce traité.
Vous ont-ils dit de quoi il s'agissait ? Ont-ils proposé des options différentes ? S'opposent-ils à un mauvais accord ?

mercredi 21 mai 2014

Intervention au Bureau national du 20 Mai 2014

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion4

Cher Jean-Christophe,

Je souhaiterai revenir quelques instants sur tes interventions de cette semaine dans les médias. D’abord le débat avec Marine Lepen où tu as fait preuve d’une combativité qui n’a pas démérité en défendant nos valeurs, notamment sur l’immigration. Cela n’inversera pas le cours des élections européennes mais l’exercice n’est jamais facile face la Présidente du Front National et cela méritait d’être souligné.

Ensuite, à Mediapart, tu as déclaré souhaiter la reconstruction d’un « tronc commun » de toute la gauche. Nous nous en félicitons, car c’est ce que nous demandions déjà, sans succès, sous la mandature de ton prédécesseur.

Maintenant, il nous paraît compliqué de construire un tronc commun avec nos partenaires de gauche si nous n’arrivons pas à dégager un tronc commun dans notre propre parti. Aujourd’hui la politique du gouvernement nous divise et de nombreuses orientations politiques nécessitent d’être clarifiées au sein du Parti socialiste.

Par exemple, j’ai sous les yeux le slogan de notre campagne européenne « Imposons une nouvelle croissance ! » (il est affiché en grand dans la salle du Bureau national). Celui-ci est en complet décalage avec notre époque. J’y vois une des raisons qui font que notre campagne européenne rencontre si peu d’enthousiasme auprès de nos électeurs, des intellectuelles, des scientifiques comme des couches populaires. Tu as déclaré « on ne peut pas redistribuer ce que l'on n'a pas encore produit ! ».  La formule a fait recette, surtout à droite, mais depuis 50 ans nous avons eu 1000% de croissance et une augmentation de « seulement » 23% de la population. Notre pays n’a jamais été aussi riche de toute son histoire. Nous ne ferons plus croire aux Français que la crise que nous traversons relève d’un problème de croissance. Il s'agit moins d'un problème de croissance que de redistribution à destination des besoins sociaux. Mais surtout, n’avons nous pas un autre projet de société à leur proposer ? Une ambition un peu plus noble et audacieuse que la croissance en pleine crise écologique ?

Nous attendons de toi un débat de fond responsable sur les grands enjeux économiques et sociaux. La place de la croissance dans nos sociétés, l’analyse des gains de productivité qui économise le travail, le traitement de la question monétaire… doivent faire l’objet d’une réflexion sans tabou. Ce qui implique aussi que tu acceptes d’aborder des sujets auxquels tu es réfractaire comme « le partage du travail ». Nous ne pourrons faire l’économie d’une refondation de notre pensée politique si nous voulons remobiliser notre parti.






mardi 20 mai 2014

Jean Gadrey : « S’affranchir du mythe de la croissance et reprendre la main »


Les politiques actuelles ne marchent plus. Il faut en finir avec cette idée que sans croissance rien n’est possible, affirme l’économiste Jean Gadrey, membre du comité de soutien du parti Nouvelle Donne. Nul besoin d’attendre une hypothétique croissance pour partager le travail, réduire la pauvreté et la précarité, ou taxer les transactions financières.

Il est temps d’en finir avec cette idée du candidat François Hollande en 2012, reprise sans cesse par le Président, selon laquelle « sans croissance, il n’y a pas de redressement économique, pas de création d’emploi » et même pas de progrès social possible. Cette idée nous condamne à l’impuissance politique.

Désintox sur la directive travailleurs détachés

Par Thomas Petit, membre du Conseil national et délégué Europe de la motion 4

La communication faite sur les travailleurs détachés, relayée par les medias, est largement populiste et mensongère. Que l'on ne soit pas d'accord est une chose, que l'on mente pour s'en justifier en est une autre. D'ailleurs, le vote de Marine LePen, farouchement opposée sur les plateaux de télé mais s'abstenant au Parlement Européen, montre qu'elle n'est pas claire avec ce sujet.

dimanche 18 mai 2014

Climat : « L’industrie intimide les chercheurs »


Les industries du pétrole, du gaz et du charbon mettent les scientifiques du climat sous pression, à coups de poursuites judiciaires et de saisies de données personnelles, s’inquiète l’historienne américaine Naomi Oreskes. Elle publie ces jours-ci un livre de fiction historique sur l’effondrement de la civilisation occidentale.

2093, la civilisation occidentale a disparu, submergée par les flots, les pollutions et les guerres climatiques. Des historiens tentent de comprendre ce qui s’est passé depuis la seule nation de l’ancien monde à avoir survécu : la Chine.

Le nouveau livre d’Erik Conway et Naomi Oreskes, L'Effondrement de la civilisation occidentale, est un texte bref, provocateur, d’histoire-fiction. Après le succès international de leur précédent ouvrage, Marchands de doute, une remarquable histoire des réseaux climatosceptiques et de la fabrication de l’ignorance sur le dérèglement climatique (voir ici),les deux chercheurs ont pris le détour de la science-fiction pour décrire les affres contemporaines face à la crise climatique. Mais leur récit imaginaire est nourri de faits bien réels, observés et compilés par les deux auteurs. Parmi ceux-ci, ils notent les pressions exercées par les industries du pétrole et de l’énergie sur les scientifiques. Une véritable guerre juridique et économique, Naomi Oreskes de raconte en plus amples détails, alors que des climatologues dénoncent les intimidations subies par les auteurs du dernier rapport du Giec.

Genèses du néolibéralisme

Contribution à une analyse sociologique du cas français
Par Frédéric Lebaron

- Extraits -

Un texte inédit du sociologue Frédéric Lebaron, proche de Pierre Bourdieu, qui décrypte de manière éclairante l’histoire du succès des idées néolibérales parmi les élites en France, à droite et surtout à gauche…


La contre-« révolution keynésienne » […] Le développement du marché des idées (du marché)[…] Crises et interventions des « money doctors » […] La disqualification du socialisme (communisme, marxisme, totalitarisme) […] Le cas français : une illustration exemplaire ?

Ce modèle résume brièvement quatre séries de conditions sociales de la révolution néolibérale comme restauration intellectuelle. Pour comprendre l’articulation chaque fois spécifique entre ces séries causales indépendantes, il est nécessaire de le confronter à des cas historiques nationaux. On peut ainsi trouver une illustration particulièrement nette de ce modèle dans le cas français, au début des années 1980, lors du changement de politique économique du gouvernement d’union de la gauche. Cette illustration fait apparaître le rôle des médias comme l’un des lieux décisifs dans l’articulation et la synchronisation des enjeux : ce n’est pas dans un « coup d’État » ni même dans une rupture politique que s’accomplit véritablement la révolution néolibérale mais dans la mise en scène dramatisée Après une politique de relance « keynésienne » qui butte sur une dégradation du déficit commercial et des finances publiques, François Mitterrand et le gouvernement Mauroy, refusant une nouvelle dévaluation et la sortie du système monétaire européen prônée par une partie des responsables politiques de l’époque (Beaud, 1983 ; Lipietz, 1984 ; Attali, 1993), s’orientent vers une politique dite « de rigueur » dans le domaine salarial, monétaire et budgétaire, puis entreprennent une série de réformes de « modernisation » conduisant l’État à se désengager d’un certain nombre de secteurs industriels jugés irrémédiablement dépassés, au nom des nécessités de la compétition internationale (Smith, 1995). Ce changement a été décrit par certains de ses acteurs et de ses commentateurs comme une conversion  collective à la « réalité économique » marquant la naissance d’un nouveau « consensus » social. Pourtant, il ne se réduit pas à une série de mesures pratiques dictées par une prétendue « nécessité », qui se seraient imposées en quelque sorte naturellement. C’est précisément le changement des croyances économiques dominantes - dans lequel la dévaluation du capital symbolique associé aux pratiques et aux institutions « keynésiennes » a joué un rôle crucial– qui a modifié la définition de la « nécessité économique » et des pratiques légitimes en ce domaine.

vendredi 16 mai 2014

Votons Europe mais agissons Europe

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4

Quand le Parti socialiste choisit comme slogan pour sa campagne Européenne « Imposons une nouvelle croissance ! », on est en droit de s’interroger sur la pertinence d’un tel message. Où sont passer nos communicants ? Serait-ce cette croissance que Sarkozy se proposait d’aller chercher « avec les dents » ? Ou bien cet indicateur de richesse condamné par la commission Stiglitz, considérant que « ceux qui s’efforcent de guider nos économies et nos sociétés sont dans la même situation que celle de pilotes qui chercheraient à maintenir le cap sans avoir de boussole fiable ». Quelle pertinence y a t’il à placer notre campagne européenne sous le signe de la croissance en pleine crise écologique ? Une « nouvelle » croissance du PIB, dite « durable », épargnera-t-elle l’épuisement des ressources naturelles ? Cette illusion est dénoncée par toutes les études scientifiques. Finalement, nous avons moins besoin de communicants que d’une direction du Parti socialiste avec une vision claire et ambitieuse du projet Européen. Quand Christophe Borgel, directeur de la campagne, déclare au Bureau national du Parti socialiste qu’il ne faut pas « un message trop compliqué pour les français », nous ne pensons que c'est ainsi que nous pourrons convaincre nos concitoyens. Et le choix d’une « nouvelle croissance » incarne un manque de vision. Comment mobiliser les français avec un slogan usé jusqu’à la corde, qui plus est, en complète contradiction avec les enjeux de notre époque ? Pourquoi courir après une « nouvelle croissance » quand la solution se trouve dans une meilleure répartition de la richesse produite et dans l’exploitation sobre et responsable des matières premières ? Notre slogan de campagne devrait plutôt porter, haut et fort, un modèle de développement européen qui prend ses distances avec la croissance.

Appel à voter le 25 mai

Par Thomas Petit, membre du Conseil national et délégué Europe de la motion4

Le 25 mai aura lieu une élection majeure. Pour la première fois, les socialistes et démocrates peuvent avoir le plus grand groupe au Parlement et la présidence à la commission européenne.

La motion 4 n'a malheureusement pas pu prendre sa place dans le dispositif du fait d'un mépris de la direction du PS vis-à-vis de cette motion militante.

jeudi 15 mai 2014

Cambadélis appelle les forces de gauche à «reconstruire un tronc commun»


Grosse surprise sur le plateau d'« En direct de Mediapart », mercredi. Lors de ce débat entre Cambadélis (PS), Cosse (EELV) et Mélenchon (Front de gauche), le premier secrétaire socialiste a pris acte d'« une défaite majeure » et appelé toutes les forces de gauche à se retrouver pour « reconstruire le tronc commun de la gauche et des écologistes ». Simple habileté tactique ?

Cette démarche nouvelle, au moment où partis et clubs nouveaux se créent à gauche (Nouvelle Donne, par exemple), se fonde sur un constat largement partagé par les trois dirigeants et qui ne concerne pas seulement le brutal « désamour » (Cambadélis), le« discrédit » (Mélenchon) provoqué par la présidence Hollande. La crise est plus profonde encore, elle ne concerne pas que le PS mais l'ensemble des forces de gauche.