Par Claire
Guélaud | 09.12.2014
Jamais en 30 ans le fossé entre riches et pauvres n’a été
aussi prononcé qu’actuellement dans les économies avancées. Aujourd’hui, dans
les 34 pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement
économiques (OCDE), le revenu des 10 % de la population les
plus riches est 9,5 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres.
Dans les années 1980, ce rapport était de 7 à 1, souligne, dans un document de
travail rendu public mardi 9 décembre, l’économiste Federico Cingano - il
travaille au sein de la direction de l’emploi de l’OCDE.
0,35 point de croissance par an perdu sur 25 ans
L’aggravation des inégalités est aussi révélée par le
coefficient de Gini, un indicateur dont la valeur s’échelonne de 0 en cas
d’égalité parfaite de revenu à 1 si tout le revenu va à un seul individu. Or,
dans les pays de l’OCDE, si la valeur de ce coefficient était de 0,29 au milieu
des années 1980, elle a augmenté de trois points pour s’établir à 0,32
en 2011-2012.
La valeur du coefficient de Gini a progressé dans 16 des 21
pays de l’OCDE pour lesquels existent de longues séries chronologiques. Sa
progression a été particulièrement forte (plus de 5 points) aux États-Unis, en Israël,
en Nouvelle-Zélande mais
aussi en Finlande et en Suède,
ce à quoi les pays nordiques ne nous avaient pas habitués.
Lire également : Les
inégalités continuent de se creuser aux États-Unis
La Belgique, les Pays-Bas et
la France restent des pays égalitaires,
tandis que la Grèce et la Turquie sont
les seules à avoir vu leurs inégalités se réduire.
L’accroissement des inégalités a, selon M. Cingano, « une
incidence négative, statistiquement significative, sur la croissance à moyen
terme ». D’après ses calculs,
3 points de Gini en plus - soit la moyenne des pays de l’OCDE pour les vingt
dernières années - feraient perdre 0,35 point de croissance par
an sur 25 ans. Soit une perte cumulée de PIB de 8,5 % à terme.
L’aggravation des inégalités aurait ainsi coûté plus de 10
points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande,
près de 9 points au Royaume-Uni, à la Finlande et à la Norvège,
de 6 à 7 points aux États-Unis, à l’Italie et à la Suède.
Des effets sur l’instruction et la formation
En outre, ce n’est pas seulement la pauvreté ou le revenu
des 10 % de la population au bas de l’échelle qui freine la croissance,
mais plus globalement le sort réservé aux quatre premiers déciles de revenu,
les 40 % les plus défavorisés, parmi lesquels on retrouve les classes
moyennes inférieures.
Pourquoi ? Parce que les inégalités de revenus
compromettent les possibilités de s’instruire ou de se former et limitent la mobilité
sociale et professionnelle.
Au passage, l’OCDE précise que les politiques de
redistribution ne nuisent pas à la croissance, à condition qu’elles soient bien
ciblées et centrées sur les outils les plus efficaces.
Les conclusions que les décideurs politiques peuvent tirer de ce document de travail
s’imposent d’elles-mêmes : le combat pour la croissance et la lutte contre
les inégalités doivent aller de pair.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos réactions nous intéressent…