jeudi 19 juin 2014

Intervention au Bureau national du 17 Juin 2014

Par Rémi Demersseman-Pardel, membre du Bureau national de la motion4

En préambule, je répondrais à Marie-Noelle Liennemann qui s'inquiète du niveau de production de logement sociaux dans notre pays, pour rappeler qu'il existe un dispositif simple et immédiatement applicable par l'Etat : le Fonds de réserve des retraites peut être utilisé pour financer le logement social, au lieu d'être investi sur les marchés. Une solution permettant de financer la production de logements sociaux et donc répondre à la crise du logement et également redynamiser l'emploi dans le bâtiment.

Par ailleurs, mon intervention concerne le financement des entreprises, PME et TPE qui sont le premier vivier d'emplois en France. Je suis intervenu semaine dernière à ce sujet, pour indiquer que, les banques préférant placer sur les marchés plutôt que financer l'économie réelle, les PME/TPE ne sont pas financées et ne peuvent pas créer d'emplois. J'avais évoqué l'exemple de ma propre entreprise qui ne parvient pas à créer autant d'emplois qu'elle pourrait en raison de l'absence de prêts bancaires pour investir.

Je suis rattrapé par l'actualité puisque Michel Sapin a annoncé hier le lancement d'un "Comité place de Paris 2020", chargé de faciliter l'accès des PME au financement sur les marchés.


Je tiens à indiquer ma satisfaction que Michel Sapin, ministre socialiste, se saisisse de la problématique et agisse à ce sujet. Mais la mesure proposée pose plusieurs questions qui ne sont pas anodines.

Tout d'abord, il faut savoir que la grande majorité des 3,6 millions des PME/TPE n'auront jamais recours au marché pour se financer. Trop compliqué pour elles. J'aimerais donc savoir quels sont les autres axes que le ministère envisage pour résoudre cette problématique d'absence de financement qui pose un vrai problème en matière de création d'emplois.

Par ailleurs, j'ai une interrogation plus profonde sur le recours au marché comme solution, pour un ministre socialiste. Que je sache, les marchés ne partagent pas notre volonté d'améliorer le vivre ensemble dans les entreprises ni de créer de l'emploi à long terme, mais vise au contraire à tirer une rentabilité court-terme, même si c'est au prix de l'application du très vieux principe qui veut que "tous les moyens sont bons". Je suis donc surpris qu'un ministre socialiste envisage de confier notre tissu d'emplois dans les PME et TPE à la "main invisible du marché" et ses corolaires néfastes. Jean-Christophe, tu indiquais que les États-Généraux seraient l'occasion de définir ce qu'est un socialisme moderne, je suis volontaire pour participer à cette question du lien avec l'économie réelle.

Enfin, je m'inquiète franchement lorsque je lis que Michel Sapin, je cite un article de la Tribune, ministre des Finances, "n'exclut pas la relance de la titrisation (...) pour répondre aux besoins de financement des entreprises". Quand on sait que c'est cette titrisation qui est à l'origine de la crise financière de 2008, je pense que nous devons nous tous inquiéter.

Ce sont là des questions que nous devons poser à notre camarade ministre, socialiste.


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