Par Rémi Demersseman-Pardel, membre du Bureau national de la
motion4
En préambule, je répondrais à Marie-Noelle Liennemann qui
s'inquiète du niveau de production de logement sociaux dans notre pays, pour
rappeler qu'il existe un dispositif simple et immédiatement applicable par
l'Etat : le Fonds de réserve des retraites peut être utilisé pour financer le
logement social, au lieu d'être investi sur les marchés. Une solution
permettant de financer la production de logements sociaux et donc répondre à la
crise du logement et également redynamiser l'emploi dans le bâtiment.
Par ailleurs, mon intervention concerne le financement des
entreprises, PME et TPE qui sont le premier vivier d'emplois en France. Je suis
intervenu semaine dernière à ce sujet, pour indiquer que, les banques préférant
placer sur les marchés plutôt que financer l'économie réelle, les PME/TPE ne
sont pas financées et ne peuvent pas créer d'emplois. J'avais évoqué l'exemple
de ma propre entreprise qui ne parvient pas à créer autant d'emplois qu'elle
pourrait en raison de l'absence de prêts bancaires pour investir.
Je suis rattrapé par l'actualité puisque Michel Sapin a annoncé hier le lancement d'un "Comité place de Paris 2020", chargé de faciliter l'accès des PME au financement sur les marchés.
Je tiens à indiquer ma satisfaction que Michel Sapin,
ministre socialiste, se saisisse de la problématique et agisse à ce sujet. Mais
la mesure proposée pose plusieurs questions qui ne sont pas anodines.
Tout d'abord, il faut savoir que la grande majorité des 3,6
millions des PME/TPE n'auront jamais recours au marché pour se financer. Trop
compliqué pour elles. J'aimerais donc savoir quels sont les autres axes que le
ministère envisage pour résoudre cette problématique d'absence de financement
qui pose un vrai problème en matière de création d'emplois.
Par ailleurs, j'ai une interrogation plus profonde sur le
recours au marché comme solution, pour un ministre socialiste. Que je sache,
les marchés ne partagent pas notre volonté d'améliorer le vivre ensemble dans
les entreprises ni de créer de l'emploi à long terme, mais vise au contraire à
tirer une rentabilité court-terme, même si c'est au prix de l'application du
très vieux principe qui veut que "tous les moyens sont bons". Je suis
donc surpris qu'un ministre socialiste envisage de confier notre tissu
d'emplois dans les PME et TPE à la "main invisible du marché" et ses
corolaires néfastes. Jean-Christophe, tu indiquais que les États-Généraux
seraient l'occasion de définir ce qu'est un socialisme moderne, je suis
volontaire pour participer à cette question du lien avec l'économie réelle.
Enfin, je m'inquiète franchement lorsque je lis que Michel
Sapin, je cite un article de la Tribune, ministre des Finances, "n'exclut
pas la relance de la titrisation (...) pour répondre aux besoins de financement
des entreprises". Quand on sait que c'est cette titrisation qui est à
l'origine de la crise financière de 2008, je pense que nous devons nous tous
inquiéter.
Ce sont là des questions que nous devons poser à notre
camarade ministre, socialiste.
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