Le temps travaillé augmente constamment
La Tribune - Giulietta Gamberini | 29/07/2013
Les 35 heures sont habituellement dépassées en France, tant
sur la semaine ordinaire que sur l'année effective, selon la Dares. Depuis
2003, les salariés français travaillent de plus en plus et, dans leur ensemble,
ont des semaines normalement plus chargées que la moyenne de leurs collègues
européens.
Dans le pays des 35 heures, les salariés travaillent
habituellement… 39,5 heures par semaine. C’est du moins ce qui ressort d’une analyse relative
à l’année 2011 et publiée vendredi par la Dares, la Direction de
l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation
professionnelle et du Dialogue social.
Pour les salariés à temps complet, la durée moyenne d’une
semaine «normale», sans événement«exceptionnel» (jour férié, congé
etc.), est donc non seulement supérieure à la durée légale hebdomadaire
du travail telle qu’elle est fixée pour l’ensemble des salariés depuis 2002.
Elle dépasse aussi de 3,7 heures la durée
collective hebdomadaire qui atteignait, grâce au recours à des heures
supplémentaires «structurelles», 35,8 heures en 2011.
Les années comme les semaines sont plus chargées que prévu
par la loi
Certes, explique la Dares, la durée habituelle hebdomadaire,
qui traduit l’intensité d’une semaine normale, n’exprime pas pour autant le
temps effectivement travaillé au cours d’une année. Elle ne prend pas en compte
les jours de réduction du
temps de travail (RTT) qui, considérés comme des congés
supplémentaires, limitent la durée collective hebdomadaire sans réduire la
charge de la semaine normale. Cette dernière est aussi fortement influencée par
le régime du forfait annuel en jours, qui ne fixe pas de durée hebdomadaire,
faisant ainsi grossir les semaines des nombreux cadres qui en relèvent.
Toujours est-il que les Français travaillent plus que la loi
ne l’impose aussi sur l’année. Alors que la durée légale annuelle est de 1607
heures, en 2011 les salariés à temps complet ont déclaré avoir effectivement
travaillé 1683 heures, en dehors des congés (dont les RTT) et des absences. Un
surplus dû partiellement aux heures supplémentaires «conjoncturelles», effectuées
occasionnellement pour répondre à un pic d’activité: 35 heures par an en
moyenne, dont 15 rémunérées. La même année, le nombre moyen de jours travaillés
était de 213.
L'ensemble des Français travaille plus que la moyenne des
Européens
Pendant leur semaine habituelle, les salariés français à
temps plein travaillent moins que la grande partie des 27 pays de l’Union
européenne (UE), où la moyenne est de 40,4 heures: la France ne figure en effet
qu'en 21e place dans le classement. Les semaines les plus intenses sont celles
des britanniques, qui atteignent les 42,2 heures.
Toutefois, le bilan change si l’on agglomère l’ensemble des
salariés, à temps complet comme à temps partiel, pour qui en France la semaine
habituelle est de 36,6 heures: plus longue que dans la moyenne (35,6) de l’UE à
15, mais aussi qu’en Autriche, qu’au Royaume-Uni, qu’en Suède et qu'en
Allemagne.
Cela s’explique, car dans l’Hexagone le nombre d’heures
normalement travaillées par les salariés à temps partiel (23,3) est supérieur à
la moyenne (20,1) des membres de l’UE à 15, alors que leur proportion (18,6 %)
sur le nombre total des salariés est inférieure à la moyenne européenne (23,1%
dans l’UE à 15). À l’inverse certains pays, comme l’Allemagne et le
Royaume-Uni, cumulent des taux de temps partiel élevés et des durées
habituelles hebdomadaires des salariés à temps partiel très faibles.
Le temps travaillé augmente constamment
Non seulement en France on travaille donc plus qu’on ne le
croit, mais le nombre d’heures ne cesse de croître. Entre 2003 et 2011, tant la
durée de la semaine normale que le temps effectivement travaillé sur l’année
ont augmenté pour les salariés à temps complet, de 1,7 %, et 3,8 %
respectivement.
Un phénomène fortement porté par les cadres, puisque la
moitié de la hausse annuelle s’explique par l’augmentation de plus de 120
heures du temps travaillé par les salariés au forfait, dont la part moyenne est
passée de 5,0 % en 2001 à 12,0 % en 2011. Le développement depuis 2003 de
mesures visant à favoriser l’allongement du temps de travail a aussi contribué
à ces hausses selon la Dares, qui cite le recours facilité aux heures
supplémentaires, l’encouragement au rachat de jours de congés, la journée de
solidarité en 2005…
Seule exception, remarquable : l’année 2009, lorsque la
crise a fait baisser de 1,9% le temps effectivement travaillé sur l’année, par
le biais d'une diminution des heures supplémentaires, de l’augmentation des
jours de congés et d’une croissance du recours au chômage partiel.
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