Marc Chevallier - Alternatives Economiques n° 326
- juillet 2013
L'électricité produite par les renouvelables est en partie
perdue. Volt Gaz Volt propose des solutions pour en finir avec cette
déperdition.
Les énergies renouvelables sont intermittentes, ce qui les
condamne à ne représenter qu'une force d'appoint dans la production énergétique
totale. Ce reproche classique adressé à l'éolien et au photovoltaïque par les
partisans du nucléaire et des énergies fossiles ne tient plus si l'on trouve le
moyen de stocker l'électricité qu'ils produisent pour l'utiliser lorsque le
vent ne souffle pas ou qu'il n'y a pas de soleil. C'est tout l'enjeu du projet
Volt Gaz Volt, présenté le 29 mai dernier au Parlement européen par
l'euro-députée Corinne Lepage et l'initiateur du procédé, le professeur Robert
I. Bell [1].
Ecologie industrielle
Le principe est simple : il consiste à utiliser le
surplus de production d'électricité, dégagé à certains moments par l'éolien et
le photovoltaïque, et aujourd'hui perdu, pour décomposer de l'eau par
électrolyse en oxygène et en hydrogène. Cet hydrogène est alors combiné avec du
CO2 recyclé (dégagé par une industrie, par exemple) pour produire du
méthane. Ce dernier, à son tour, serait stocké dans le réseau de gaz existant,
qui deviendrait ainsi une infrastructure de stockage de l'énergie renouvelable.
Le méthane pourrait par la suite être brûlé pour produire de l'électricité et
du chauffage dans des centrales de cogénération, être utilisé comme carburant
dans les véhicules fonctionnant au gaz naturel ou être converti en électricité
pour les véhicules électriques. La combustion du méthane étant fortement
émettrice de CO2, ce dernier pourrait être capté à la sortie des grosses
installations, comme les centrales de cogénération, pour être recombiné avec de
l'hydrogène issu du projet Volt Gaz Volt.
Pour être optimisé, ce système doit s'inscrire dans une
logique d'écologie industrielle : afin de limiter les coûts de transport,
les usines fabriquant le méthane devraient se trouver en priorité à proximité
des industries générant de grosses quantités de CO2 (cimenteries,
aciéries…) et si possible des sources d'énergie renouvelable, d'usines de
cogénération ou de réseaux de chaleur urbains.
Faciliter la sortie du nucléaire
L'Allemagne qui ambitionne de porter à 80 % la
contribution des énergies renouvelables dans sa production électrique d'ici à
2050, contre 23 % actuellement, prend ce projet au sérieux et compte déjà
neuf installations pilotes. En France, ce système pourrait permettre, selon ses
avocats, d'aider le nucléaire à financer sa sortie. Les centrales nucléaires
pourraient en effet être utilisées au maximum de leurs capacités (ce qui n'est
pas le cas actuellement) pour alimenter les installations Volt Gaz Volt. Grâce
à ce procédé de stockage, on pourrait ainsi fermer les centrales les plus
anciennes sans risquer la pénurie. A terme, l'idée est de réduire la production
d'électricité d'origine nucléaire à mesure que les capacités des renouvelables
se développent. Ultime avantage de cette solution : éviter d'avoir recours
au gaz de schiste tout en diminuant la dépendance énergétique.
L'élément déterminant pour l'avenir de ce projet sera bien
sûr son coût : l'électricité produite grâce à ce procédé coûte
actuellement environ 25 centimes d'euro le kilowatt/heure. L'objectif est de le
faire tomber à 8 centimes en 2018, afin de le rendre compétitif avec le gaz
importé.
Marc Chevallier
Alternatives Economiques n° 326 - juillet 2013
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