Par Jacques-Henri Vandaele (Président du Mouvement national des chômeurs et précaires)
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Le deuxième volet de la conférence sociale doit se tenir les 20 et 21 juin prochains. Symbole du "dialogue social" tant vanté par le gouvernement, ce grand rendez-vous exclut une fois de plus les principaux intéressés : les 10 millions de chômeurs et précaires et les organisations légitimes et indispensables qui les représentent.
L'agenda de cette grande conférence sociale pour l'emploi a été décidé à huis clos par le gouvernement et les dirigeants de huit organisations syndicales et patronales dites "représentatives" : emploi et formation professionnelle, filières d'avenir, conditions de vie au travail, avenir des retraites, place des services publics, dans le contexte à la fois national et européen.
Si les organisations de chômeurs avaient été légitimement consultées, d'autres thèmes cruciaux auraient été abordés. L'investissement dans la formation et le développement de l'emploi sont évidemment des priorités. Mais l'inversion de la courbe du chômage exige une politique volontariste. La réduction du temps de travail, l'adoption de la semaine de 32 heures et la création d'un droit inconditionnel à un revenu décent, sujet prioritaire et essentiel, sont pourtant totalement absentes des débats de cette conférence.
Mieux répartir la richesse
Et pourtant le travail ne manque pas dans notre société, seuls les emplois font défaut. Il est donc plus que jamais nécessaire de réduire le temps de travail par emploi, c'est-à-dire de diviser le temps du travail pour multiplier le nombre des emplois. Cette équation suppose en parallèle une nouvelle répartition de la richesse produite dans notre pays – et au-delà – pour permettre d'obtenir un niveau de salaire décent pour chaque emploi. C'est le temps de travail qu'il faut diviser, non sa rémunération ; ce sont les emplois pour tous qu'il faut multiplier, et non les profits de quelques-uns.
La lutte pour la réduction des inégalités doit être mise au coeur des négociations engageant l'avenir économique et social du pays, et ne doit pas être séparée des politiques de l'emploi. Le résultat très décevant de la conférence de lutte contre la pauvreté de décembre dernier n'a fait que démontrer cette nécessité.
Le plan quinquennal adopté par le gouvernement le 22 janvier dernier a été ressenti comme un affront par tous les chômeurs et précaires qui espéraient un réel "changement" : 10 % d'augmentation du revenu de solidarité active (RSA) en cinq ans, c'est tout à fait insuffisant pour répondre à l'urgence sociale. La gauche peut mieux faire. Elle doit mieux faire. Augmenter significativement les minima sociaux, tels le RSA ainsi que l'allocation de solidarité spécifique constitue un véritable choix de société.
L'adoption d'un plan d'urgence s'avère nécessaire. Il passe notamment par la refonte du plan stratégique 2015 de Pôle emploi, devenu obsolète face à l'augmentation massive du chômage, mais aussi par un accroissement substantiel des moyens et aussi des solutions pour les chômeurs en fin de droit et toutes les personnes privées de revenu.
C'est en 1933 qu'ont eu lieu les premières marches de chômeurs, dans un contexte de crise économique marquée par une montée de l'extrême droite. Le parallèle n'est pas fortuit. La marche des chômeurs 2013 est partie le 10 juin de Saint-Joseph, à La Réunion, où la situation du chômage est particulièrement dramatique. Elle rejoint Montpellier et Strasbourg aujourd'hui, parcourra de nombreuses villes de France et sera animée par des rencontres, débats, repas, avec des élus, des syndicalistes, des associations. Le 6 juillet, place Stalingrad, les marcheurs attendront Jean-Marc Ayrault : il n'est jamais trop tard pour entamer un vrai dialogue social !
Jacques-Henri Vandaele (Président du Mouvement national des chômeurs et précaires)
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