LE MONDE | 26.04.2013 à 10h48 • Mis à jour
le 26.04.2013
Hélas, le chiffre n'aura surpris personne ! La
France a enregistré, en mars, un nombre exceptionnel de chômeurs : 3 224 600
demandeurs d'emploi de catégorie
A, ceux qui n'exercent aucune activité, même réduite. Le précédent record, si
l'on ose dire,
datait de janvier 1997. Il avait coûté cher au gouvernement Juppé de l'époque.
En un mois, ce sont plus de mille chômeurs
supplémentaires qui, chaque jour, se sont inscrits à Pôle emploi. Soit
l'équivalent de la population d'une
ville comme Auxerre. En un an, le nombre de chômeurs aura augmenté de 332 000.
Encore ne s'agit-il que des catégories A. Si l'on y ajoute les demandeurs
d'emploi en activité réduite (catégories B et C), la barre des 5 millions a été
franchie en mars, pour la France entière, outremer compris.
Quant à l'ensemble des inscrits à Pôle emploi, il dépasse les 5,7 millions.
Par quelque bout que l'on prenne les chiffres,
ils sont accablants. 550 000 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. C'est
également le sort de près de 690 000 seniors de plus de 50 ans, en hausse de 17
% en un an. 1,9 million de chômeurs le sont depuis plus d'un an, près d'un
million depuis plus de deux ans.
C'est, hélas, sans surprise. La crue du
chômage est ininterrompue depuis vingt-trois mois. Elle submerge toute l'Europe ou presque, puisque 26
millions d'Européens sont actuellement sans emploi. Soit 11 % de la population
active, avec des sommets en Grèce ou
en Espagne (27 %) et une
exception allemande (5,4 %).
Cette machine à broyer les
vies et le moral de bon nombre de familles françaises n'est pas près de
s'arrêter. Tout contribue à l'alimenter.
Bien sûr, la stagnation durable de l'économie nationale, avec son cortège de
fermetures d'entreprises,
de plans sociaux, mais aussi et surtout de réduction drastique des emplois
précaires et intérimaires, les premiers touchés. Mais il faut y ajouter une
démographie qui reste dynamique (puisque 150 000 personnes arrivent chaque
année sur le marché du travail) et l'allongement de la durée de vie au travail,
du fait de la réforme des retraites.
Depuis Pékin, le président de la République a
assuré que la lutte contre ce fléau est "la seule cause
nationale" qui vaille. Que peut-il dire d'autre,
à ce stade ? Il faudra attendre la
fin de l'année pour juger de
l'efficacité des mesures adoptées par le gouvernement.
Mais le doute est permis. Les emplois d'avenir peinent
à trouver preneurs,
les contrats de génération démarrent tout juste, et ces deux dispositifs ne
touchent pas le gros des demandeurs d'emploi. Quant aux réformes de structure –
la loi sur le marché du travail, encore en discussion au Sénat, et le crédit
d'impôt compétitivité, insuffisamment utilisé
–, elles ne sont pas directement créatrices
d'emploi.
Le chômage de masse qui gangrène la société
française signe cruellement l'échec des politiques de l'emploi menées par la
gauche comme par la droite – bien mal placée pour faire la
leçon aujourd'hui – depuis plus de trente ans. Au-delà de l'amortisseur des
emplois aidés, au-delà des rustines de toutes sortes, elles ont entretenu cette
"préférence française" pour le chômage. Au bénéfice, désormais très
relatif, de ceux qui ont un emploi stable. Au détriment, massif, de tous ceux
qui n'en ont pas, ou temporaire, ou précaire. C'est cette fatalité qu'il
faut combattre.
Sans tabous.
Éditorial du "Monde"
Je pose cette question au gouvernement : A quand le passage des 32 heures ? Après la prochaine guerre, je suppose....
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