Le 27 décembre 2012, François Hollande affirmait que 2013
devait être l’année de la « grande bataille de l’emploi ». Il avait
réaffirmé sa volonté lors de ses vœux aux Français en rappelant que « toutes
nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage
d’ici un an, coûte que coûte ». Lors d’un récent déplacement à Dijon, il
répétait que « la lutte contre le chômage était la mère de toutes les batailles
».
Nous
ne pouvons que saluer cet engagement pour répondre à une des préoccupations
majeures des français. Les derniers
chiffres publiés par le Ministère du Travail[1] donnent la mesure de
l’ampleur du fléau qu’est le chômage de masse. Ainsi, le nombre de
demandeurs d’emploi de catégories A, B, C s’établit à 4 706 700 en France
métropolitaine (4 997 600 en France y compris DOM). Sur un an, il augmente
de 9,8 %. Le taux de chômage au sens du BIT qui s’établit à 10,6% de la population
active française approche de son triste record de 1994 et 1997 (10,8%).
Dans ce contexte d’urgence, nous ne pouvons pas attendre le
retour de la croissance pour espérer trouver une solution. Rappelons
que la croissance a été nulle en 2012. Le consensus autour de la prévision de
croissance en 2013 s’établit désormais aux alentours de 0,3%. La spirale de l’austérité
qui s’est enclenchée chez nos voisins européens, et qui nous gagne peu à peu,
ne peut qu’inciter au pessimisme en la matière. De toute façon, même avant la
crise que nous connaissons, la croissance était orientée à la baisse depuis des
décennies dans tous les pays développés…
Les réformes engagées par le gouvernement, conformément au
programme de François Hollande (Emplois d’avenir, Contrats de
génération, Pacte de compétitivité, Banque publique d’investissement, nouvelle
politique industrielle…), vont dans le bon sens mais ne permettront pas à
elles seules de résoudre la question du chômage de masse.
Le projet de loi de sécurisation
de l’emploi, qui doit retranscrire l’Accord National Interprofessionnel du 11
janvier, sera-t-il un outil plus efficace ? Sans rentrer dans le débat
parfois vif, y compris au sein du PS, autour de ce texte et des reculs en
matière de droit du travail qu’il impliquerait, nous pouvons dire qu’il n’impactera
qu’à la marge la situation de l’emploi. Si
le volet « sécurisation des salariés » est largement tributaire de
négociations ou de concertations futures, l’accord du 11 janvier est
beaucoup plus précis et concret sur le volet « flexibilité ». Et contrairement à ce que disent ses promoteurs, la
flexibilité ne favorise pas l’emploi. Une entreprise n’embauchera pas plus facilement si elle sait qu’elle
peut licencier facilement. Une entreprise n’embauche-t-elle pas avant tout
parce qu’elle a un carnet de commandes rempli, une vision de l’avenir ? Si
les entreprises peuvent se séparer instantanément de leurs salariés en période
de crise, cela ne peut qu’entretenir une spirale récessive. Les salariés
devenus chômeurs seront moins enclins à consommer, ce qui déprimera encore plus
la demande adressée aux entreprises qui se sépareront d’autres salariés. La
flexibilité est pro-cyclique, comme disent les « experts ».
La cause profonde du chômage de masse, ce
n’est pas la rigidité du marché du travail, c’est avant tout une mauvaise
gestion des progrès techniques, qui ont conduit à toujours produire plus avec
moins de travail humain. Un actif
d’aujourd’hui produit 5 fois plus de richesses par heure qu’un actif de
1960 ! Entre 1970 et 2008, le PIB de la France, a plus que doublé alors
que le nombre total d’heures nécessaires à la production a baissé de 7%.
Nous ne ferons pas l’économie de
remettre la question du temps de travail au cœur du projet socialiste. Le partage du travail existe et c’est aujourd’hui un
non-sens…
- D’un côté, toutes
celles et ceux qui font 0 heure par semaine car ils sont au chômage.
- De l’autre, tous
ceux qui travaillent plein pot (et parfois trop) : la durée réelle d’un
plein-temps est supérieure à 38 heures d’après l’INSEE.
- Au milieu, toutes
celles et tous ceux qui galèrent avec des petits boulots à temps partiel,
sur la semaine ou sur l’année.
Il faut en finir avec les faux débats :
le débat n’est plus « pour ou contre la réduction du temps de travail ? », mais
plutôt « quelle réduction du temps de travail? » :
- une réduction du
temps de travail organisée par le marché (précarité, stress et concurrence
permanente)
- une réduction du
temps de travail organisée par le débat, le référendum et la négociation
Aujourd’hui,
les dépenses en faveur de l'emploi représentent en France près de 91 milliards
d’euros (indemnisation du chômage, allégements de cotisations…)[2]. Ne
serait-il pas préférable d’utiliser une partie de ce montant pour financer une vraie
réduction du temps de travail créatrice d’emplois (semaine de 4 jours, par
exemple), sans surcoût pour l’Etat, à
masse salariale constante pour les entreprises et sans pour autant toucher aux
salaires ? En Allemagne des voix s’élèvent pour réclamer le passage à
30 heures…[3]
De
nombreuses autres solutions peuvent accompagner le partage du temps de travail. Pour que le Parti Socialiste engage toutes
ses forces dans cette bataille, nous demandons que soient organisés au plus tôt
des Etats généraux de l’Innovation et de l’Emploi.
L’objectif
est double :
- Faire mieux connaître les réformes déjà engagées
par le gouvernement au service de l’emploi : Il faut que tous ces outils nouveaux
soient très vite connus du plus grand nombre et utilisés pleinement, comme
l'a dit Jean-Marc Ayrault au Bureau National du 29 janvier.
- Préparer la 2e phase de l’action du gouvernement
en débattant de solutions nouvelles. Pour lutter contre le chômage et la précarité, il faut
« tout mettre sur la table » affirmait le Président de la
République le jour de son investiture : donnons la parole à des chômeurs,
des salariés, des syndicalistes et des entrepreneurs qui ont imaginé de
nouvelles organisations du travail pour créer des emplois et lutter contre
la précarité.
François Hollande a raison, il faut que
toutes les forces s’unissent pour parvenir à faire reculer le chômage. Voilà
pourquoi nous demandons qu’une Convention consacrée à la lutte contre le
chômage et la précarité soit organisée par le PS au plus tôt.
Cette
Convention s’achèvera par un vote des militant-es sur des propositions
concrètes mais ce ne peut pas être une convention classique. Elle doit être la
plus ouverte possible à toutes celles et ceux qui, sur tous nos territoires,
veulent s’engager avec nous dans la lutte contre le chômage.
bjr,
RépondreSupprimerjuste une question, par rapport au titre:
il y est question du conseil fédéral, si oui, quelle fédé, sinon, préciser Conseil National
cdlt
C'est fait. Merci de ta remarque.
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