La sévère défaite des municipales
2014 est un désaveu cinglant pour le gouvernement et la direction du Parti
Socialiste qui l’a soutenu sans réserve. Faisant d’un scrutin local un moyen
national d’expression, l’électorat de gauche a condamné la politique économique
en place depuis 2 ans, dans laquelle il ne retrouve pas le souffle du discours
du Bourget ni l’ambition des 60 propositions.
Des choix économiques contestés
Les Français n’ont pas voté en
2012 pour la politique économique de « l’offre », ni pour la baisse du « coût
du travail » qui n’est que l’autre nom du dumping social. Ils n’ont pas voté
non plus pour continuer une politique d’austérité qui préconise 50 milliards de
coupe budgétaire. La revalorisation négligeable des minimas sociaux ne concourt
pas à les rassurer, pas plus que l’allongement des cotisations retraite.
D’ailleurs, la consommation des ménages recule maintenant pour le 4eme mois
consécutif. Avec l’apparition de 900.000 nouveaux pauvres, la crise s’étend un peu plus tous les jours.
Le plus grave reste l’échec de la politique de l’emploi qui
n’apporte aucune solution crédible au chômage de masse. Nous sommes convaincus
que les 30 milliards d’exonérations fiscales accordées aux entreprises ne
permettront pas l’embauche massive suffisante pour renouer avec le plein
emploi. Cette politique, face à la préoccupation n°1 des Français, est
suicidaire. Elle ne peut que pousser toujours plus dans les bras du Front
national une population livrée à la désespérance.
Un dialogue
rompu
L’ampleur de la défaite de notre
parti est révélatrice de l’incompréhension entre les citoyens, les élus locaux,
les responsables du PS et les dirigeants de notre pays. François Hollande a
lui-même admis n’avoir pas pris la pleine mesure de la crise économique, du
chômage et de la précarité frappant huit millions de français qui ne voient
aucune perspective de redressement. Notre
parti s’est aussi coupé de sa base populaire.
Les membres du Bureau National de
la motion 4 n’ont pourtant cessé d’alerter la direction du Parti Socialiste et
d’interpeller les membres du gouvernement, leur soumettant analyses, constats
et propositions. C’est donc sans surprise que nous constatons la débâcle
électorale des municipales et intercommunalités, qui entraînera probablement la
perte des départements, des régions et du Sénat.
Faire renaître
l’espoir
Cette débâcle se reproduira lors
des toutes prochaines élections Européennes. Pour l’éviter, les socialistes
doivent porter un projet qui mette un terme au déficit démocratique dans une
Europe hors-sol déterminant seule le niveau d’austérité de notre politique
budgétaire. L’espoir ne pourra renaitre
qu’avec un renforcement des pouvoirs du parlement européen et des politiques
communes sur la zone euro.
Si des éléments positifs sont à
retenir dans la politique menée par
notre gouvernement dans les domaines de l’éducation, de la justice, du soutien
des jeunes, de l'industrie et dans le domaine sociétal, il est urgent et nécessaire que la politique
économique et sociale soit complètement revue.
C’est en menant une politique
réaliste et ambitieuse que nous apporterons une solution à cette profonde crise
systémique. Notre modèle de développement n’est pas seulement à bout de
souffle, il entre en contradiction avec les enjeux de l’époque. Le chômage de
masse ne pourra pas être vaincu sans partage du travail, la crise écologique ne
trouvera pas d’issue sans un engagement résolu dans la transition énergétique
et la mise en œuvre d’une économie circulaire. Les inégalités ne pourront être
réduites sans une nouvelle répartition des richesses. Enfin, les
investissements d’avenir ne pourront pas avoir lieu sans que soient «
arraisonnées » la Finance et ses dérives comme l’avait promis François
Hollande.
Le remaniement ne doit pas
consister seulement à changer les hommes et continuer comme avant. Une
politique de gauche courageuse doit être mise en œuvre maintenant.
Pour nous, les marges de manœuvre financières venant
accroitre les recettes budgétaires et augmenter les possibilités d’investissements
sont cruciales, pour une véritable politique de gauche (évasions fiscales, légales et illégales, taxe sur les
transactions financières au niveau européen, séparation des banques de dépôt et
des banques d’affaires, révolution fiscale). Elles contribueront, d’une part, à
cette régulation morale si indispensable de la finance et, d’autre part,
permettront, à hauteur de plusieurs milliards d’euros, de lancer les
investissements long terme qui créeront de l’activité économique et de
l’emploi.
S’il doit y avoir
une priorité absolue : C’est celle-là. C’est elle qui permettra une
redistribution plus juste et plus solidaire des ressources et des
richesses.
Nous demandons donc que soient débattues d’urgence les solutions à la
crise et que le Parti socialiste y prenne toute sa place en redevenant force de
proposition.
Les premières signatures.
Membres du Bureau
National du PS :
Patrick Ardoin, Marie Bidaud, Frédéric Lutaud
Membres et membres suppléants du
Conseil National du PS :
Libia Acero-Borbon,
Georges
Ben Samoun, Henri Chazelle, Rémi
Demersseman, Laure Durand, Hervé Guillaumot, Bertrand Laforge,
Romain Nouar, Seti Reyes, Thomas Petit (+délégué Europe
motion 4)
Militants engagés dans les structures du PS :
Christian Bouchard, Vincent
Coppolani, Christophe Delgery, Marcel Ferreol, Sébastien Picaud, Pierre-Yves Schanen, Jérôme Verger, Aurélie Albot
Soutien de militants engagés en dehors du PS,
sympathisants de gauche :
Abdoulaye Mbengue, Sandrine Higuié
Vous pouvez vous
associer à cette déclaration en nous écrivant à contact@oplpv.fr
Tout à fait d'accord avec cette tribune, qui devrait d'ailleurs faire l'objet d'une pétition à faire circuler au sein du PS.
RépondreSupprimerEt tant que les dividendes ne seront pas taxés de manière particulièrement forte, la courbe des investissements ne se modifiera pas.
Qu'attendent donc nos dirigeants pour "redresser la barre" ? Toutes les analyses montrent à quel point nous avons un déficit d'investissement dans les entreprises : ça rapporte plus de placer son argent que de l'investir !!!