Par Frédéric Lutaud
Décidément, Cambadélis ne sait plus
quoi inventer pour exister politiquement, signe d’une profonde détresse à la
direction du Parti socialiste. Son premier secrétaire a décidé de proposer -
dans un excès d’autorité dont il est coutumier - un référendum sur l’union de
la gauche. Sans la moindre concertation avec les partis concernés, il demande au
« peuple de gauche » de se prononcer sur un repas dont chacun ignore le
menu. Ou plutôt, nous en connaissons que trop bien les ingrédients. Cambadélis
fait semblant de croire que végétariens et carnassiers pourront s’asseoir à la
même table et festoyer durant les élections régionales.
Hypocrisie ou comble du
cynisme ? Qui peut imaginer que la gauche de transformation sociale, éco-socialiste,
altermondialiste et démocratique pourrait s’accommoder de la politique de « l’offre »,
de la baisse du « coût du travail » et autres inepties libérales du
gouvernement soutenu par la direction du PS. Comment « l’autre »
gauche pourrait-elle travailler avec un Parti socialiste qui fait la
démonstration d’un déni de démocratie constant vis-à-vis de ses électeurs comme
de ses militants ?
L’appellation « de gauche » suffit apparemment
à Cambadélis pour justifier un référendum dont personne n’est dupe. Si l’opinion
est favorable au rassemblement de la gauche, il n’en reste pas moins que LA
gauche, elle, n’est pas prête au rassemblement sans condition. Tordre le bras à la clarification sur la ligne politique ne comblera pas le fossé idéologique entre
les programmes. Bref, la démarche est consternante et révélatrice du mépris
dans lequel sont tenus les militants mais aussi ceux qu’il désigne comme « partenaires »
légitimes. Pour en arriver là, il faut avoir touché le fond de la stratégie politicienne
qui dégoûte tant les français.
Alors à quoi bon finalement ce
référendum ? Ceux qui se déplaceront seront bien sûr majoritairement des
partisans du « oui » et si cela ne suffit pas on enverra la cohorte
des cadres et petites mains à la solde du parti. Quant au dépouillement, il est
organisé par le PS lui-même. Autrement dit l’affaire est jouée d’avance.
Je suppose que le résultat
favorable qui en découlera sera un argument supplémentaire pour décrier l’absence
d’unité à gauche après la débâcle des régionales. C’était déjà le cas aux dernières
élections, où Cambadélis fustigeait la division provoquée par la gauche « radicale »,
considérée comme principale responsable de son échec. Peut-être compte-t-il,
après coup, se poser en rassembleur auprès de l’opinion afin de soutenir la
candidature de François Hollande comme dernier rempart contre la montée de l’extrême
droite ? Où peut-être assistons-nous, tout simplement, à une énième manœuvre
de diversion pour écarter les questions qui fâchent sur les déclarations de
Macron et l’échec de la politique gouvernementale en matière de chômage et de
cohérence politique.
Quoi qu’il en soit, la médiocrité
des desseins de Cambadélis ne pourra pas enrayer le déclin du PS. Avec de telles
pratiques, on voit mal comment lui éviter le destin funeste du Pasok grec. En
attendant, c’est la gauche justement qui pâtit de ces méthodes déplorables, sans
dialogue ni morale politique.
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