Par Frédéric Lutaud
Dans une France frappée par la crise, meurtrie par le
chômage de masse et trahie par un gouvernement qui s’était engagé à mener un
politique économique de gauche, un syndicat a décidé de repartir à l’offensive
pour le progrès social. Loin des revendications corporatistes, la CGT a décidé de faire campagne pour les 32h. Il faut rendre hommage à ce courage politique alors
que les organisations politiques ont pour la plupart déserté ce débat de fond
essentiel pour lutter contre le chômage de masse, mais aussi la précarité et l’exclusion
qui en découlent. Cette initiative, au moment même où la Suède teste la semaine de 30h avec succès, aurait dû être relayée par tous les médias. Elle
démontre une fois de plus que ce sont les travailleurs organisés qui sont le mieux à
même de défendre leurs intérêts. Car pour ceux qui
se préoccupent de la misère sociale de notre pays, la question du partage des
gains de productivité, de la durée légale du travail, rejoint celle de la
redistribution des richesses et reste un enjeu majeur du XXI siècle. Sans
partage du travail, pas de justice sociale, pas de transition écologique, pas de
sortie de crise.
La révolution technologique que nous sommes en train de vivre est la première responsable du chômage de masse.
Depuis 1950 la production de richesses a augmenté de
800 % et parallèlement le nombre d’heures travaillées a diminué de 10 %
tandis que la population active a augmenté de 23 %. La croissance n’est en aucun cas une solution au chômage de masse car les nouveaux emplois ne compensent pas
ceux qui sont détruits par les gains de productivité. Autrement dit, c’est la
diminution du temps de travail qui a permis d’intégrer un nombre croissant de
travailleurs sur le marché du travail durant toutes ces années. Mais cette diminution
reste aujourd’hui insuffisante pour permettre un accès équitable à l’emploi. Voilà
la réalité que nous dissimule le gouvernement en martelant son triptyque néolibéral « croissance, compétitivité, emplois ». Ce n’est ni le « coût » du travail, ni le code du travail, ni un manque de « flexibilité »,
ni un déficit de formation qui empêchent les entreprises d’embaucher mais une
efficacité productive qui économise du travail à l’échelle de la société tout
entière. La révolution technologique que nous sommes en train de vivre est la
première responsable du chômage de masse. Dire le contraire c’est entretenir
un mensonge qui permet de mettre la pression sur les salaires tout en captant
les gains de productivité au profit du capital.
Si notre économie a besoin de créer de l’activité socialement utile,
elle a autant besoin de la partager.
En refusant d’ouvrir le débat sur le partage du travail, non
seulement le gouvernement ferme la porte à la seule solution permettant de surmonter
le chômage de masse, mais il aggrave la situation en prenant à son compte les
réformes économiques de la droite. La CGT en relançant la bataille pour les 32 h
répond à l’urgence sociale avec un discours de vérité que nous attendons depuis
longtemps. Nous espérons que son initiative sera relayée par les autres
centrales syndicales, et sera soutenue par toutes les formations politiques progressistes.
Le passage aux 32 h doit être inscrit dans leur programme. Un gros travail
de reconquête de l’opinion nous attend, depuis le discrédit jeté sur les 35 h
jusqu’au culte productiviste mortifère voué à la croissance. Si notre économie a besoin de créer de l’activité socialement utile, elle a autant besoin de la partager. Ne
laissons pas la loi du marché détruire notre modèle social construit après-guerre
sur la cotisation sociale pour le remplacer par le chacun pour soi et la
compétitivité. Il n’y a pas d’issue à la crise sans partage du travail. La
raison doit l’emporter, elle participe d’un choix de société que seule la
gauche peut porter.
Il est certain que de dire et écrire qu'il faut réduire le temps de travail à 32 H. passe pour une pure folie. Or c'est une de meilleures solutions pour accorder une remontée significative de l'emploi. Partager un minimum le travail, c'est un acte fort et citoyen. Par contre il est évident que les médias et autres "décideurs" en place ne laisserons jamais l'opportunité de s'exprimer à ceux qui peuvent démontrer, argumenter et proposer une mise en oeuvre de cette nouvelle conception du travail. La réduction du temps de travail n'est pas la seule solution pour assurer un mieux social ds le monde des entreprises. Qu'en est il de la taxation du temps de travail des machines qui remplacent de + en + les hommes et femmes ds les entreprises ? Certes la robotisation réduit la pénibilité de certaines taches. Cette mécanisation a ds un temps libéré les ouvriers...maintenant elle les jette !
RépondreSupprimerNous pouvons être certain que le mythe du plein emploi est définitivement mort. Plutôt que de parler d'un nouveau smic et d'un report de l'âge de départ à la retraite vers 63,66,70 ans le temps est venu de réfléchir activement à la mise en place d'un "revenu minimum universel" attribué à tous. Les avantages de ce système sont démontrables... Les experts ds ce domaine devraient être plus présents pour informer nos concitoyens.