vendredi 17 juillet 2015

En France, frondeurs et gauche de la gauche sont désorientés



PAR MATHIEU MAGNAUDEIX  | 15 JUILLET 2015 |  

Avec 412 voix pour, gauche et droite confondues, 69 contre et 49 abstentions, les députés ont massivement approuvé l'accord signé lundi. Au prix d'une cacophonie à la gauche de la gauche.

Lorsqu’on est contre l’austérité, peut-on voter pour un accord qui l’aggrave ? Quand Alexis Tsipras lui-même assure « ne pas croire » à l’accord signé sous la contrainte dans la nuit de dimanche à lundi, le maintien de la Grèce dans la zone euro vaut-il un « oui » du Parlement français ? Depuis dimanche soir et la fin de la négociation au long cours sur le plan d’aide à la Grèce, les frondeurs socialistes, les écologistes et le Front de gauche, soutiens de Tsipras et partisans d’une politique européenne alternative, sont désarçonnés : le premier ministre grec, héraut de la lutte contre l’austérité en Europe, l’homme qui a osé convoquer un référendum pour faire voter son peuple, a dû rendre les armes à Bruxelles.

Première victime de l'accord de Bruxelles : Syriza

PAR AMÉLIE POINSSOT | 16 JUILLET 2015 | 

Le groupe parlementaire du premier ministre Alexis Tsipras s'est déchiré pendant les débats sur le vote de l'accord de Bruxelles, mercredi 15 juillet. Dans la nuit, 32 de ses députés se sont prononcés contre, et un remaniement gouvernemental est attendu. Après avoir connu une ascension fulgurante, le parti au pouvoir à Athènes est en train d'opérer un virage centriste.

Un Syriza déchiré et un Tsipras gagnant. C'est tout le paradoxe de la séquence politique en train de se jouer à Athènes. La « coalition de la gauche radicale » – selon la signification de l'acronyme du parti – n'est pas sortie indemne de l'accord conclu à Bruxelles par Alexis Tsipras et les créanciers de la Grèce. Depuis son arrivée au pouvoir, elle était prise au piège de la diversité de ses courants internes, et les tensions s'étaient sensiblement accrues ces dernières semaines. Cette fois-ci, la rupture au sein du parti est définitive.

mercredi 15 juillet 2015

Jeffrey Sachs : « Les Etats puissants seront rattrapés par les souffrances qu’ils infligent »


PAR CHRISTIAN LOSSON - 14 JUILLET 2015

INTERVIEW

Pour l’économiste, très critique envers l’accord sur la Grèce, l’Europe «est sur le point de s’effondrer à cause des vanités et du cynisme d’une poignée de banquiers et de politiciens».

Jeffrey Sachs est directeur du Earth Institute à l’Université de Colombia et conseiller de Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, sur les enjeux de développement. Il a notamment cosigné une lettre, avec quatre économistes de renom (dont Thomas Piketty), dans laquelle ils exhortaient Angela Merkel à «rectifier le tir» en renonçant aux politiques d’austérité et en consentant un «important» effacement de la dette grecque. Présent au sommet sur le financement du développement à Addis-Abeba, il revient, pour Libération, sur les conséquences de «l’accord» scellé lundi avec la Grèce. (Photo Ilya Savenok. Getty. AFP)

dimanche 12 juillet 2015

Adoptées, les lois Macron et Rebsamen taillent à la hache dans le droit du travail


11 JUILLET 2015 |  PAR MATHILDE GOANEC

Passage en revue des deux lois sociales du gouvernement, la loi Macron et la loi Rebsamen, qui achèvent leur (chaotique) parcours législatif. Au-delà du prix des lunettes et du permis de conduire, ces deux textes sont porteurs de changements majeurs, notamment sur le travail et l'emploi.

Macron à l'économie, Rebsamen au travail, chacun sa loi symbole. Durée du voyage législatif pour la loi sur la croissance, l’activité et l’égalité économique, qui a finalement été adoptée par 49-3 vendredi 10 juillet ? Sept mois, émaillés par l’émergence des députés frondeurs, la reprise en main par Manuel Valls du gouvernement socialiste ainsi que la montée en puissance d’un ministre ex-banquier, Emmanuel Macron.

vendredi 10 juillet 2015

Le crépuscule d’une époque, par Frédéric Lordon


C’est une photo comme il y en a des milliers, certaines sympathiques, d’autres grotesques : un selfie. une légende à la photo : « Ça va Bastille ? Nous on est rive gauche ».
Deux ahuris font un selfie, regards béats et satisfaits. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils sont visiblement très contents de leur coup, « on va le mettre sur Twitter pour les faire chier ». Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer. On est jeudi 2 juillet, jour de manifestation de solidarité avec le peuple grec. Il y a
En fait, oui, ça va, pas mal même. Et vous ?
***
Une victoire électorale, fut-elle massive, n’a par soi aucun vrai pouvoir de dessillement du camp d’en face, ni d’endiguement des contre-vérités. On n’attendra donc pas des deux ahuris au selfie qu’ils renoncent à leurs scies préférées : « les contribuables européens ne veulent pas payer pour les fonctionnaires grecs » ; « et si la Grèce fait défaut, ce sont les retraités slovaques et allemands qui paieront pour eux » — soit le bon sens à front de bœuf.
Les contribuables européens ne payent pas pour les fonctionnaires grecs. Ils payent pour les épargnants européens. Car c’est une tuyauterie financière désormais entièrement circulaire qui prête aux Grecs pour qu’ils remboursent les créanciers — de ces euros-là qui circulent sous leur nez, les Grecs ne voient pas la couleur. Les contribuables européens ont d’abord payé pour la reprise publique des titres grecs détenus par les banques privées — un grand classique. Maintenant ils payent directement pour eux-mêmes — enfin certains pour d’autres. On progresse…

mardi 7 juillet 2015

Tsipras fait l'union sacrée autour de lui

PAR AMÉLIE POINSSOT | 06 JUILLET 2015 |

C'est inédit dans l'histoire politique grecque. Le premier ministre et les chefs des principaux partis du pays, opposition comprise, ont signé lundi une déclaration politique commune.

Athènes, de notre envoyée spéciale.-  Pendant que la planète Bruxelles commençait à discuter sérieusement d'un « Grexit » ce lundi 6 juillet, à Athènes, Alexis Tsipras a continué à avancer ses pions. Pendant près de sept heures, il s'est entretenu à huis clos, derrière les murs du palais Maximou, avec les chefs des principaux partis politiques. Seule Aube dorée, dont les dirigeants néonazis sont actuellement poursuivis par la justice, n'était pas convoquée à cette réunion.

Intervention au Bureau national du 6 juillet

Par Gérard Filoche

Si tu suis les conseils de Didier et Karine, Jean-Christophe et que tu appelles Martin Schultz (il faut « mettre fin à l’ère » Schultz et pas à celle de Syriza, il faut respecter la démocratie quand on se dit social démocrate) et Sigmar Gabriel (qui exige un « gouvernement de technocrates » contre le gouvernement Syriza légitimement élu) pour leur dire le désaccord du PS français sur les propos qu’ils ont tenu contre les Grecs et Syriza, prend aussi ton téléphone pour appeler Emmanuel Macron, ministre de notre gouvernement pour lui dire notre opposition à ses propos « le FN, c’est une forme de Syriza à la française, d’extrême droite ».

1°) le vote d’hier a été massif en Grèce en dépit des peurs créées, des chantages exacerbés, des calomnies déversées, de la tentative de la BCE de créer la panique aux guichets, 61,5% un vote populaire, ouvriers et employés, 70 % autour du Pirée, jusqu’à 92 % dans certains endroits, majoritaire partout de Salonique à Kalamata, d’Athènes  à Patras, et dans les Iles… Il tend à prouver que quand la gauche se bouge, on n’entend plus l’extrême droite Aube dorée et les autres… C’est pareil pour les deux grands meetings du vendredi soir, 200 000 pour l’un autour de Syntagma, et 20 000 pour le Nai dans le stade avec toute les figures décomposées de la droite et des vieux appareils, des restes de la vieille droite Caramanlis, de Samaras, de Papandréou et de Venizelos, les deux bouts restants du Pasok scissionné, sans oublier Nikos Alliagas. Y’a pas photo, les forces vives sociales du pays comme la jeunesse étaient pour OXI. Ce sont les questions sociales et pas nationalistes qui sont déterminantes !

La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

Par Romaric Godin  |  06/02/2015  |

L'éditorialiste du Monde rejette sur les Grecs la faute de leurs maux. Et refuse tout nouveau soutien au nom du choix du peuple hellénique. Réponse au nouveau mishellénisme français.

Il fut un temps béni où les grands écrivains français faisaient de leur philhellénisme une vertu et un courage. Il fut un temps où Chateaubriand pouvait s'enorgueillir de placer dans ses Mémoires d'Outre-Tombe cette réaction des Grecs à sa sortie du Ministère : « Leurs espérances les plus fondées étant dans la générosité de la France, ils se demandent avec inquiétude ce que présage l'éloignement d'un homme dont le caractère leur promettait un appui. » Les temps ont bien changé et, désormais, l'heure est davantage au mishellénisme d'un Pierre Loti qui n'avait à la fin de sa vie pas de mots assez durs pour la « Grécaille. »

La BCE pousse la Grèce à la porte de l'euro

PAR MARTINE ORANGE | 07 JUILLET 2015 | 

La banque centrale n’a laissé aucune chance au gouvernement de Syriza après la victoire du non. Lundi, elle a adopté une mesure étouffant un peu plus le système bancaire grec, déjà totalement asphyxié. L’Europe a engagé l’expulsion de la Grèce hors de la zone euro.

La banque centrale européenne (BCE) n’a laissé aucune chance au gouvernement de Syriza après la victoire du non au référendum du dimanche 5 juillet. Pressée de laver l’affront grec, l’institution monétaire a donné la réponse européenne. En fin de soirée, lundi, elle a annoncé qu’elle durcissait les conditions pour assurer la liquidité du système bancaire grec, acceptant le risque de provoquer un effondrement complet bancaire.

lundi 6 juillet 2015

Alexis le grand

Par Frédéric Lutaud

Il y a encore des politiques qui ont rendez-vous avec l’histoire. Des hommes qui ne nous font pas désespérer de la classe politique, qui font mentir les cyniques, les opportunistes, les arrivistes, et portent leur mandat avec courage et sens de l’honneur. Alexis Tsipras fait la démonstration que nous ne sommes pas condamnés à être trahis par la médiocrité servile de nos dirigeants. La Grèce avait accouché d’un Papandréou qui, de reculades en démissions, accepta tous les diktats de la Troïka et plongea son pays dans les affres de l’austérité et de la misère. Aujourd’hui, la Grèce relève enfin la tête en la personne de son premier ministre et engage un véritable bras de fer avec les institutions européennes.

mercredi 1 juillet 2015

Stopper la montée de l’insignifiance, par Cornelius Castoriadis

Par The Dissident le 29 juin 2015

Régulièrement, Pollens vous proposera la lecture d’un extrait d’œuvre d’un philosophe, d’un intellectuel, d’un poète, d’un écrivain, d’un artiste ou d’un citoyen engagé dont la portée nous parait essentielle à (re)découvrir. Voici un texte visionnaire d’un authentique dissident, connu pour ses engagements et sa radicalité, le philosophe Cornelius Castoriadis, publié dans le Monde Diplomatique suite à un entretien dans l’émission Là-bas si j’y suis, sur France Inter, il y a plus de 15 ans.