Chômage en hausse, économie en berne, faut-il une nouvelle
fois mettre des points sur les « i » ? La
nouvelle augmentation du nombre des chômeurs – la huitième hausse mensuelle
consécutive, +0,3%, record battu avec 3 millions 660.000 inscrits à pôle emploi
– ne va malheureusement rien changer à la stratégie, s’il en est, de lutte
contre ce fléau déstructurant pour la société.
Du « on a tout essayé
contre le chômage » de François
Mitterrand au « la courbe va
s’inverser » toujours démenti de
François Hollande, on reste les bras ballants. On s’en remet aux emplois aidés,
aux entreprises, à la croissance, ou à je ne sais quelle bonne fée pour faire
refluer le nombre des chômeurs.
Il y aurait bien la solution allemande ou celle des
Etats-Unis. Dans les deux cas l’artifice consiste à créer des sous-emplois
sous-payés. Moins de chômeurs et davantage de travailleurs pauvres dont le sort
n’est guère plus enviable si ce n’est un peu plus de socialisation…
Une idée simple…
Et si l’on revenait à l’idée simple du « partage du travail ». Sortons, s’il vous plaît, de la bagarre
idéologique qui conduit par exemple François Fillon à liquider purement et
simplement ce qui reste des 35 heures du gouvernement Jospin. Sortons même des
bénéfices bien réels de ces 35 heures en termes de créations d’emplois car,
instituées de façon trop rigide, notamment dans la fonction publique, elles
n’ont pas porté tous les fruits escomptés.
Quelques jalons :
Réduire la durée du travail significativement, par exemple
passer d’un coup à 30 heures hebdomadaires, créerait immédiatement un appel
d’air de créations d’emplois, sous réserve de négociations branche par branche
et de pénalisation des heures supplémentaires.
Cela induirait sans doute, des dépenses budgétaires
supplémentaires pour l’Etat afin d’aider les entreprises à amortir le choc.
Mais ces dépenses seraient compensées et au-delà par la diminution des dépenses
de l’assurance-chômage et par l’augmentation des cotisants aux caisses de
sécurité sociale et donc des ressources de celles-ci.
La réduction de la durée hebdomadaire conduirait, comme avec
les 35 heures, à une amélioration de la productivité horaire du travail. Bon
nombre d’entreprises l’ont bien perçu qui ne se sont pas plaintes, bien au
contraire, des 35 heures. Travailler moins c’est souvent travailler mieux.
La contrepartie de la réduction du temps de travail serait
probablement pour ceux qui ont un emploi aujourd’hui une moindre progression à venir
de leur pouvoir d’achat. Ce serait, d’une certaine façon leur geste de
solidarité vis-à-vis des chômeurs. On veut espérer qu’ils en soient capables
sachant que la resocialisation d’un actif sur dix, aujourd’hui chômeur, vaut
bien quelques sacrifices des autres. Le redémarrage de l’économie, dans un
deuxième temps, est sans doute à ce prix.
Partager le travail n’aurait pas que des avantages
économiques et sociaux. Cette orientation pourrait – conditionnel – permettre
une inflexion de notre mode de consommation, voire de notre mode de vie, en
libérant du temps libre – souvenez-vous du «
ministère du temps libre »
inventé dans la foulée de mai 1981 ! Et
donner, derrière cette inflexion bien sûr un autre contenu, plus qualitatif, à
cette fameuse croissance dont on attend tant. Il faut revenir, à cet égard, aux
travaux de la sociologue Dominique Méda
(dernier ouvrage « La Mystique de
la Croissance », Flammarion, 2013).
Qu’on en discute…
Bref, l’argumentaire peut être développé. Il vaut d’être
pris en compte par les décideurs et d’être au moins discuté sur le devant de la
scène. Car aujourd’hui, le débat apparent n’est plus qu’entre défenseurs d’une
rigueur/austérité salvatrice acidulée de «
réformes » et productivistes
pseudo-keynésiens amoureux de taux de croissance et de pouvoir d’achat. Chacun
se reconnaîtra. Et il est grand temps d’en sortir.
Il paraît que François Hollande envisage désormais que la
croissance attendue ne soit pas au rendez-vous fixé cette année. Combien de
mois de hausses consécutives du chômage lui faudra-t-il encore attendre avant
d’en venir à cette idée simple : que
chacun travaille moins longtemps pour que tous trouvent un emploi ?
Sylvain Gouz a raison de relancer l'idée de la RTT,alors que depuis des années toute la vulgate néo-libérale, télé-dirigée par le Medef et la droite UMP se déchaîne contre les 35H. Même Valls ,a déclaré récemment, qu'il faut abolir les 35H !!.
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